Psycho : faut-il punir ses enfants ?

LE PARISIEN WEEK-END. Priver sa progéniture de sortie ou de jeux vidéo est tentant pour les parents à bout de patience. Utilisées à bon escient et dans de justes proportions, les sanctions peuvent se révéler utiles.

Psycho : faut-il punir ses enfants ?

    Les opinions des parents sont souvent tranchées sur le bien-fondé des punitions. « Bien sûr ! Sinon, vous en ferez des êtres insupportables, une future nuisance pour eux-mêmes et pour la société », pensent les uns. « Pas du tout ! La punition est un échec, elle déclenche du ressentiment et fait baisser l'estime de soi. Vous allez en faire un enfant "dressé" ou un rebelle agressif ! » rétorquent les autres.

    Après des excès dans les deux sens, un consensus raisonnable s'est établi chez les psys et les éducateurs. D'abord, un grand principe : la punition est inefficace pour enseigner un nouveau comportement. Punir un enfant parce qu'il fait des fautes d'orthographe, des erreurs de calcul ou qu'il ne s'habille pas assez vite est la manière la moins efficace de le faire progresser.

    Au même titre que le « bonnet d'âne » et autres humiliations publiques du dernier de la classe, heureusement en voie de disparition.

    La punition peut être utile, en revanche, pour décourager un comportement volontaire, surtout s'il est risqué pour soi ou pour les autres, comme jouer avec des allumettes, sortir trop tard sans autorisation ou taper son petit frère. Mais elle sera d'autant plus efficace qu'elle aura été précédée d'avertissements et d'explications. L'enfant sera sanctionné, mais pas surpris.

    Bien sûr, jamais de punitions corporelles, qui résultent plus de l'état de nerfs des parents et de leurs propres mauvais souvenirs que des besoins de l'enfant.

    Elles risquent par ailleurs de lui laisser croire que la violence est une solution. Voici quelques conseils avant de punir votre enfant.

    Calmez-vous. Prenez au moins le temps d'une profonde respiration. Les punitions décidées sous le coup de la colère risquent d'être disproportionnées ou mal ciblées.

    Soyez clair. Expliquez à votre enfant pourquoi il va être puni. Puisez dans une liste de punitions définies à l'avance. Privation de télé, de jeux vidéo, de glace ou de sortie. Toute punition doit être en accord avec son âge, son tempérament et, bien sûr, proportionnelle à la faute. Ça lui apprendra que ses actes ont des conséquences.

    Bannissez les remarques dévalorisantes ou les menaces angoissantes comme « je ne t'aime plus », « tu es très mauvais(e) » ou « on ne t'emmènera plus en vacances ».

    Prenez le temps d'analyser la conduite de l'enfant. Au fond, tout « mauvais comportement » correspond à un besoin. Pourquoi votre enfant a-t-il enfreint un interdit que vous aviez posé ? Qu'est-ce qui pourrait lui manquer ? A quoi n'avez-vous pas prêté attention ?

    Privilégiez plutôt la récompense et les encouragements. Comme en couple ou au bureau, encourager les comportements qu'on attend est le meilleur moyen de faire disparaître ceux dont on ne veut pas. Félicitez votre enfant quand il est gentil avec son petit frère vous évitera souvent de le punir quand il ne l'est pas !