Trop d'accidents sur le trajet domicile-travail

Trop d'accidents sur le trajet domicile-travail

    «La voiture roulait devant moi, sur la voie de droite, et m'a coupé la route. Il était 8 h 30 du matin, sur les quais en face du musée d'Orsay, à Paris. Je connais le chemin par coeur, mais j'étais trop absorbée par mes dossiers et par les rendez-vous programmés dans la journée pour réagir à temps. » Au guidon de son scooter, Sophie, Parisienne de 36 ans, a frôlé l'accident grave en allant à son bureau. Vingt et un millions de salariés utilisent leur voiture ou leur deux-roues pour se rendre au travail et très peu, à l'image de Sophie, connaissent les dangers encourus sur leur trajet quotidien. Une étude, présentée ce matin par PRSE, une association de sensibilisation sur les risques routiers en entreprise, révèle pour la première fois que 90 % des conducteurs sous-estiment la dangerosité des parcours domicile-travail et plus des deux tiers prennent même des libertés avec le Code de la route.

    « Huit pour cent des 4 275 morts sur la route en 2008, soit 342 personnes, ont été tués alors qu'ils se rendaient à leur travail, déplore Jean-Claude Robert, président de l'association. Ce chiffre est à peu près stable depuis trois ans pour les automobilistes, mais en augmentation d'environ 10 % pour les usagers de deux-roues. » En cause, une trop grande assurance au volant ou au guidon « parce que l'on connaît par cÅ?ur le trajet et que l'on veut y passer le moins de temps possible pour arriver à l'heure au bureau. »

    « Cela ne sert à rien de faire la course contre le temps »

    Selon l'enquête publiée ce matin, 32 % des salariés interrogés avouent passer les feux à l'orange et 46 % emprunter des raccourcis en agglomération pour « gagner quelques minutes ». « Cette dernière technique peut sembler anodine, continue Jean-Claude Robert, mais est une source importante de risque d'accident. Un raccourci en ville incite en effet à rouler dans des rues étroites et résidentielles, là où l'on croise des enfants allant à pied à l'écoleâ?¦ »

    Pour faire baisser les statistiques et faire évoluer les comportements, l'association PSRE milite pour de nouvelles campagnes d'information à destination des salariés en entreprise. « Pas besoin de messages télévisés avec des images chocs qui ont plutôt tendance à détourner plutôt l'attention du public, estime Jean-Claude Robert. Il faut plutôt informer les conducteurs pour les inciter à changer leurs habitudes. Leur faire comprendre par exemple qu'un trajet quotidien ne se calcule pas en temps selon le jour de la semaine. Cela ne sert à rien de faire la course contre le temps en se disant que, quoi qu'il arrive et malgré le stress, on mettra vingt minutes porte à porte pour se rendre au travailâ?¦ »

    Seule une entreprise sur six a mis en place un programme de prévention pour les déplacements de ses salariés. Un salarié accidenté sur la route, sur son trajet vers ou depuis son domicile, n'est pas considéré comme accidenté du travail, mais est indemnisé de la même manière par son entreprise.

    Etude PRSE-Ifop réalisée les 22 et 23 octobre auprès d'un échantillon de 466 salariés représentatifs de la population française et auprès d'un échantillon de 400 dirigeants d'entreprise du 26 au 31 octobre.