Violences gynécologiques : un rapport choc pour faire bouger les lignes

Pour la première fois, un rapport institutionnel, remis ce vendredi à Marlène Schiappa, appuie la parole des femmes dénonçant les violences gynécologiques. Il montre qu’il s’agit d’un vrai problème de société.

 Une femme consulte en gynécologie près de cinquante fois entre 15 et 45 ans. D’où l’importance de faire évoluer pratiques et comportements.
Une femme consulte en gynécologie près de cinquante fois entre 15 et 45 ans. D’où l’importance de faire évoluer pratiques et comportements. LP/Lylia Berthonneau

    Faites le test. Demandez à une femme son ressenti sur son suivi gynécologique ou obstétrique. Chacune - ou presque - aura (au choix) une situation gênante, un propos humiliant, un geste déplacé à raconter. Pour la première fois, un rapport institutionnel légitime s'il le fallait la parole des femmes, montrant qu'il ne s'agit pas de cas, ici ou là, mais d'un problème collectif. Un problème de société.

    Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) aura mis neuf mois pour accoucher de ce rapport choc sur les actes sexistes, primordial quand on sait qu'une femme consulte près de cinquante fois entre 15 et 45 ans. Remis ce vendredi à la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, il entend faire évoluer consciences et pratiques.

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    Toujours trop d'épisiotomies

    Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle se préconise pour 10 % des patientes. Mais en France, 20 % des femmes ont une épisiotomie - une incision du périnée pour faciliter l'expulsion du bébé - lors de leur accouchement. Plus inquiétant, le HCE montre des écarts phénoménaux selon les régions : 8,8 % en Bourgogne contre 28,2 % à Paris. Parmi ses 26 recommandations, le Haut conseil demande ainsi une réduction de cet acte, souvent plus commode pour les soignants, et une meilleure information des femmes, lorsqu'il est pratiqué à des fins médicales.

    Position(s) à revoir

    « La gynécologie n'est pas une consultation comme une autre : souvent pratiquée nue, avec des gestes particulièrement intimes », note Margaux Collet, coauteure du rapport. Atypique, le HCE lance le débat sur la position gynécologique. En France, la patiente est en « décubitus dorsal », ses pieds dans des étriers et le périnée au bord de la table d'examen. Au Québec, la position corps allongé à l'horizontal est de plus en plus pratiquée. Moins douloureux ou gênant pour la majorité de celles qui y ont eu recours : 87 % la jugent « plus respectueuse ».

    Mieux former, la clé

    « Trop » centrée sur la technique, le HCE veut donner ses lettres de noblesse à la relation humaine et au consentement lors de la formation initiale des soignants (sage-femme, gynéco…) « Ce n'est pas un rapport anti-gynéco, avertit Margaux Collet. Nous voulons travailler de manière collective et constructive. » Et éviter ainsi qu'un prochain #PayeTonUtérus n'ait lieu. Lancé sur Twitter en novembre 2014, ce hashtag avait recueilli 7000 témoignages en 24 heures!

    CINQ PHRASES ENTENDUES PAR LES FEMMES

    1. Le gynéco, en prenant la tension de sa patiente : « Hé ben, je vous excite pas des masses quand même. » Nina Faure, dans son documentaire « Paye (pas) ton gynéco ».

    2. « Vous savez où est votre point G ? Je peux vous aider à le trouver. » Béatrice, sur Twitter #PayeTonUterus.

    3. « Mon gynéco ne me prescrit pas la pilule, car je suis en surpoids, mais ne me propose rien d'autre qu'un régime. » Une patiente, sur Twitter.

    4. « Vous avez mal pendant les rapports ? Mettez-y un peu du vôtre. » Une patiente, citée dans le rapport du Haut conseil à l'égalité.

    5. Demande de test VIH à un médecin : « Pourquoi ? Vous avez plusieurs partenaires ? » Pauline, sur Twitter.