Jeux paralympiques : l’incroyable médaille d’or de Peter Genyn, victime d’un sabotage de son fauteuil juste avant la finale

Les pneus de son fauteuil ont été crevés, sa chaise fracassée quelques minutes avant la course. Mais il en fallait plus pour empêcher le Belge Peter Genyn de remporter la médaille d’or du 100m.

Le fauteuil du Belge Peter Genyn a été saboté avant l'épreuve du 100m, ce qui ne l'a pas empêché de remporter la médaille d'or  (Reuters/Thomas Peter)
Le fauteuil du Belge Peter Genyn a été saboté avant l'épreuve du 100m, ce qui ne l'a pas empêché de remporter la médaille d'or (Reuters/Thomas Peter)

    On ignore encore qui, à cette heure, est l’auteur des faits. A Tokyo, l’enquête est en cours. Mais le ou les coupables en sont pour leurs frais : malgré leurs efforts, le Belge Peter Genyn est champion paralympique du 100m en catégorie T51. Cette catégorie correspond à une atteinte totale des membres inférieurs, supérieurs et du tronc. En 1990, alors qu’il avait 14 ans, il avait sauté dans un étang peu profond en se brisant la nuque, provoquant une tétraplégie.

    Avant ce sacre, l’affaire pour lui était pourtant mal engagée. Deux heures avant la finale, le Belge a découvert son fauteuil totalement ravagé : « 45 minutes avant mon échauffement, j’ai eu trois crevaisons et mon cadre était fracturé. Du pur sabotage. Quelqu’un doit avoir eu une peur incroyable, un lâche ! » a raconté le champion belge au micro de la radio belge Sporza. Il a poursuivi son témoignage dans les colonnes du quotidien belge « Le Soir ».

    « Heureusement que tout le monde est resté calme autour de moi car je me suis effondré quand j’ai vu ma chaise. Quelques Néerlandais et des membres du service technique du stade sont venus m’aider. » Tout le monde s’est alors attelé à un bricolage de fortune pour mettre le fauteuil en état : « Nous avons récupéré quelques pièces d’autres chaises, confie le champion paralympique. On a assemblé des éléments avec du ruban adhésif La chaise n’était pas parfaite, mais c’était suffisant. Je n’ai jamais vécu de chose pareille et je n’ai jamais entendu de truc pareil, pas même chez les valides. C’est du jamais-vu. Je suis tellement fier et content d’avoir pu compter sur tout le monde, même sur d’autres délégations. Au final, la chaise était réparée avec du scotch… C’était très émouvant de pouvoir gagner compte tenu des circonstances. Je ne l’avais jamais vécu auparavant. Je pense que c’est parce que l’un de mes adversaires déteste perdre. Je n’ai aucune idée de qui ça pourrait être. »

    Un autre Belge victime aussi de sabotage

    Le plus curieux dans cette histoire est qu’un autre Belge, lui aussi qualifié pour la finale – il a terminé troisième — a retrouvé son fauteuil dans le même état avant la course. Roger Habsch raconte : « Quand je suis allé rechercher ma chaise après un entraînement et on s’est rendu compte que ma chaise avait été sabotée. Les roues n’étaient plus alignées, donc c’était impossible de pousser comme ça. Donc c’est une pression en plus parce que c’est se dire qu’on ne peut faire confiance à personne. C’est malheureux d’en arriver là juste pour du sport. On pourrait se soutenir mais non, certains voient ça différemment. C’est vraiment triste. Si j’ai des soupçons ? Je ne vais pas citer de noms mais on a des idées. »

    Au micro de la RTBF, Pascale Henkinbrant, la coach de Habsch a rajouté tout son écœurement : « C’est dingue, on n’avait jamais connu ça. Le premier soir, on a retrouvé sa chaise avec un pneu crevé, on s’est dit que ça pouvait arriver, que c’était peut-être juste accidentel. On l’a réparée mais le lendemain, on a retrouvé la chaise complètement désaxée. La roue n’avait absolument rien mais le cadre était complètement déréglé.

    Là, on s’est dit que c’était clairement du sabotage. Quand j’ai vu sa chaise, je me suis dit, merde, c’est mort, il ne pourra jamais faire sa course. Heureusement, on l’a découvert jeudi et donc on a eu le temps pour tout rafistoler. On n’a pas voulu trop en parler parce que c’est arrivé le même soir que le malaise de Joachim Gérard. On s’est dit qu’une vie était quand même plus importante qu’une chaise désaxée. Mais maintenant qu’on a entendu que la chaise de Peter Genyn a aussi été sabotée, on s’est dit qu’il fallait en parler. »