L’amertume olympique des karatékas s’exprime à Coubertin

Discipline olympique à Tokyo pour la première fois en juillet, cet art martial n’a pas été retenu pour les JO à Paris en 2024. Ce qui provoque la colère des champions français en compétition ce week-end à l’Open de Paris.

 L astar du karaté français Steven Da Costa, vainqueur à Coubertin en 667 kg, fulmine : « On est dégoûtés d’être jetés des JO ! »
L astar du karaté français Steven Da Costa, vainqueur à Coubertin en 667 kg, fulmine : « On est dégoûtés d’être jetés des JO ! » Baptiste Fernandez/LP/Icon Sport

    Un petit tour et puis s'en va. Le karaté fera, en effet, son entrée dans la famille olympique en août prochain lors des JO de Tokyo avant d'en être écarté à Paris quatre ans plus tard... Le coup a été très dur à encaisser pour cette discipline qui appris la mauvaise nouvelle l'année dernière. Le bureau exécutif du Comité international olympique (CIO) a validé la décision du Comité d'organisation (Cojo) d'intégrer l'escalade, le surf, le skateboard et le breakdance en 2024 plutôt que le karaté. Un choix traumatisant pour les combattants tricolores qui participaient ce week-end à l'Open de Paris à Coubertin afin de glaner de précieux points en vue d'une qualification directe pour les Jeux de Tokyo.

    «On est dégoûtés d'être jetés des JO !, fulmine Steven Da Costa, facile vainqueur du tournoi en -67 kg et prétendant au titre olympique à Tokyo. On fait partie des sports les plus pratiqués (257 000 licenciés). Il n'y a aucune excuse valable dans cette décision. On nous remplace par des sports, que je respecte, mais qui n'ont pas encore de fédération officielle.»

    C'est un véritable traumatisme pour les athlètes », affirme Francis Didier, président de la fédération française

    «Il y a 2 ans, au moment de mon arrivée chez les seniors, on m'a dit : Gwendoline, on te fait entrer dans le pôle olympique mais c'est en vue de la préparation pour 2024 », se rappelle la licenciée à Cormeilles-en-Parisis, 20 ans, médaillée de bronze samedi en -61 kg et bien partie pour valider son billet pour le Japon. Heureusement que j'ai été immédiatement performante sinon je n'aurais aucun espoir à participer aux JO dans ma carrière. C'est dommage pour ceux de ma génération qui visaient Paris en 2024. Je suis persuadé qu'ils auraient tout défoncé.» L'étudiante en licence d'économie poursuit : «C'est comme si tu donnais un carré de chocolat à un enfant et que tu lui dis maintenant tu n'en manges plus de ta vie. C'est chiant car quand tu as goûté à l'Olympisme, tu ne peux plus t'en passer !»

    Le président de la fédération française de karaté est, lui aussi, interloqué par cette décision. «Sur la forme, ce n'est pas très bien car le CIO et le Cojo de Paris 2024 auraient pu attendre la fin des JO de Tokyo pour faire cette annonce, cela aurait été plus gentleman, confie Francis Didier. C'est un véritable traumatisme pour les athlètes. On est un gros pourvoyeur de médailles puisqu'on occupe la 2e place mondiale (derrière le Japon) sur 120 nations. Cela veut donc dire que les médailles ne sont pas une priorité pour le Cojo. Je n'y comprends plus rien !»

    Avant son prochain départ des JO, le karaté va faire une entrée remarquée au Japon puisque cet art martial va y délivrer 8 titres olympiques : trois en combat homme (-67 kg, -75 kg et + 75 kg), trois en combat femme (-55 kg, -61 kg et + 61 kg) et deux en individuel kata (homme et femme). «Je n'aurais pas deux occasions d'être champion olympique, il ne faut pas que je me rate, annonce Steven Da Costa. Les JO, c'est l'objectif d'une vie !» «Je suis triste pour mon sport qui gagne à être connu, déclare Anne-Laure Florentin, licenciée à Evry et médaillée de bronze en +68 kg ce dimanche. On est tombé de très haut car le plus dur était pourtant d'entrer dans l'univers olympique. Mais, le karaté n'est pas mort. On va se battre pour revenir en 2028 à Los Angeles.»