J0 2024 : comment Paris a raflé la mise

C'est ce mercredi soir que la capitale française sera officiellement désignée ville hôte des JO 2024. 

Perron de l’Elysée (Paris, VIIIe), le 16 mai. A peine élu, Emmanuel Macron reçoit la commission d’évaluation du CIO. A la sortie, Tony Estanguet en profite pour faire un selfie.
Perron de l’Elysée (Paris, VIIIe), le 16 mai. A peine élu, Emmanuel Macron reçoit la commission d’évaluation du CIO. A la sortie, Tony Estanguet en profite pour faire un selfie. DR

    Du premier au dernier jour, le dossier Paris 2024 a été émaillé de moments savoureux. Les petites histoires d'une grande victoire...

    Rester dans le rang... ou presque

    L'esprit rugby. «Le rugby, c'est mon sport, j'ai commencé à 7 ans, j'ai encore une photo avec mon papa, alors joueur, raconte Bernard Lapasset. Le rugby, c'est ma vie.» Une référence aussi pour le projet Paris 2024. Tout au long de la campagne, le coprésident du comité d'organisation a insufflé les valeurs de son sport, qu'il a réussi a faire entrer au programme des JO en 2009. «J'ai copié l'esprit du rugby, je voulais une chaleur, que l'on parle d'autre chose que de médailles et d'argent.»

    Les tambours de Tony. Chargé de mettre en scène la présentation du projet à la Philharmonie de Paris le 17 février 2016, Thierry Reboul, spécialiste de l'événementiel, a l'idée d'accompagner le discours de Tony Estanguet par des tambours. «Je sentais que tout le monde n'était pas convaincu car la prise de risque était importante. J'avais envie de tenter l'aventure, de casser les codes.» Sa prestation restera un temps fort de la campagne.

    Un pin's pour Bach. Le 11 août 2016, pendant les JO de Rio, Thomas Bach est de passage au Club France. Les Français rêvaient d'une visite cadrée, mais au milieu des micros et des caméras, c'est la bousculade. Patrick Karam, vice-président du conseil régional d'Ile-de-France chargé des sports, en profite pour accrocher le pin's Paris 2024 à la boutonnière du président du CIO, qui se doit de rester neutre.

    Thomas fait du vélo. En octobre 2016, Thomas Bach est en visite à Paris. On a l'idée de lui faire faire du Vélib'. «Et s'il tombe, et s'il pleut...on s'est posé beaucoup de questions, souligne un proche de la candidature. On a scruté la météo et roulé avec prudence pour éviter la chute du Président.» Quelques heures plus tard, François Hollande lui offrira le drapeau qui flottait sur la capitale en 1924.

    Un serveur maladroit. C'est un dîner «comme à la maison» qu'offre Paris 2024 à la commission d'évaluation mi-mai 2017. Le Petit Palais est transformé en appartement. Le département relations internationales a fouillé dans le passé des membres de la délégation afin de dénicher leurs photos de classe et leurs souvenirs de sportifs. Patrick Baumann redécouvre le maillot de basket de son adolescence. Le Président de la commission est ravi, même si un serveur lui renverse un soda sur son costume, déclenchant un fou rire général.

    Un duel musclé face aux Américains

    Paris 2024 fait sa pub. Le 4 avril 2017, Paris se paie la Une de l'édition du New-York Times vendue à Aarhus (Danemark), où bon nombre de membres du CIO assistent à la convention SportAccord. Les Américains sont fous de rage, se plaignent auprès du CIO du culot tricolore. La tension est palpable. Lors de la présentation, LA 2024 appuie sur l'aspect sécuritaire de son dossier, en opposition aux attentats qui menacent toujours Paris. Une allusion qui déclenche la colère d'Anne Hidalgo.

    «Tu ne gagneras pas». A Aarhus, toujours, le CIO ouvre la voie à une double attribution des Jeux 2024 et 2028. Eric Garcetti, maire de L.A., et Anne Hidalgo s'entretiennent. «Je ne lâcherai pas 2024, tu n'as ni la Chine, ni l'Afrique, ni l'Amérique du Sud, tu ne gagneras pas», lui dit en substance l'édile parisienne. Au décompte des voix, Paris estime être devant et ne craint pas d'aller au vote. Trois mois plus tard, en arrivant à Lausanne pour l'ultime présentation, le maire de Los Angeles annonce à son homologue de Paris qu'il se tourne vers 2028. Il réclame juste un peu de temps pour expliquer sa décision aux Américains.

    Tous derrière Paris 2024 !

    «Vous n'y pensez pas !». Fin 2014, Bernard Lapasset rencontre Anne Hidalgo pour évoquer, pour la première fois, la candidature. «Monsieur le président (NDLR : Lapasset est alors patron de la Fédération internationale de rugby), vous n'y pensez pas ! J'ai connu 2012, cinq minutes après l'annonce de la victoire de Londres, je me suis retrouvée toute seule, jamais plus !» Quelques semaines plus tard, ils se sont appelés. «Bonjour Bernard, comment allez vous m'a-t-elle demandé, raconte Lapasset. Ce n'était plus président mais Bernard, j'ai senti que j'avais marqué des points.»

    Un selfie à l'Elysée. Tout au long de la campagne, Tony Estanguet a multiplié les selfies. Le 16 mai 2017, Emmanuel Macron reçoit la commission d'évaluation du CIO à l'Elysée. A la sortie, l'ancien champion et patron de la candidature rêve d'immortaliser le moment «J'avais envie mais je me disais que ça ne se faisait pas, confie Estanguet. Mais le Président était tellement à l'aise, que je me suis dit allez !»

    Robert Marchand, le poinçonneur. En visite à l'ancien stade olympique de Colombes, les membres de la commission en mai dernier reçoivent les billets des JO de 1924 qui ont été réimprimés pour l'occasion. C'est Robert Marchand qui joue les poinçonneurs. Le cycliste centenaire, qui avait 13 ans en 1924, évoque ses souvenirs. Non sans une certaine émotion.

    Des défis à foison. En février 2017, un groupe de jeunes plantent le drapeau de Paris 2024 en haut du Kilimandjaro. Paris reçoit de nombreux messages de soutien. Parfois décalés. Un agriculteur de Kinshasa enregistre ainsi une chanson sur la candidature. Olivia, une adolescente de 12 ans, annonce vouloir parcourir près de 730 km en poney et assurer la promotion de Paris 2024.