JO 2024 : Hidalgo ne veut pas de Total comme sponsor

Dans un courrier adressé à Tony Estanguet, la maire de Paris estime que les futurs sponsors de Paris 2024 doivent répondre à des critères écologiques et éthiques. Selon nos informations, le groupe pétrolier serait visé.

 Malgré les 1,2 milliards d’euros manquant dans le budget de Paris 2024, Anne Hidalgo considère que le Cojo doit choisir des « entreprises reconnues pour leur engagement environnemental ».
Malgré les 1,2 milliards d’euros manquant dans le budget de Paris 2024, Anne Hidalgo considère que le Cojo doit choisir des « entreprises reconnues pour leur engagement environnemental ». LP/Frédéric Dugit

    À la recherche d'un portefeuille sponsors de 1, 2 milliards d'euros (Mds€) pour boucler son budget (3,8 Mds€), Paris 2024 peut-il accepter n'importe quel partenaire? Non, estime Anne Hidalgo. Silencieuse lors de la signature d'un premier contrat sponsoring avec la BPCE, la maire de Paris vient d'adresser un courrier à Tony Estanguet, président du comité d'organisation (Cojo).

    Si aucun nom de sponsor potentiel n'est mentionné, les discussions très avancées avec le groupe Total irritent la maire. Dans sa lettre, que nous nous sommes procurée, Anne Hidalgo rappelle ainsi « les préalables » à l'engagement de la capitale dans la course aux JO, et notamment « que ce projet soit exemplaire sur le plan environnementa l. Nous avons ainsi imaginé et porté ensemble le projet de Jeux neutres en carbone », poursuit-elle avant de « sensibiliser » Tony Estanguet « sur la nécessité d'appliquer nos ambitions communes à la sélection en cours par le Cojo des sponsors privés. Il me semble essentiel que le processus que vous conduisez intègre parmi ses critères le recours à des entreprises elles aussi reconnues pour leur engagement environnemental », appuie-t-elle avant d'estimer qu'il « serait très difficilement compréhensible pour nos concitoyens que soient retenues des entreprises dont l'activité aurait un lourd impact sur l'environnement en se fondant notamment sur le recours massif à des énergies carbonées. »

    Total n'est pas nommé, mais le groupe a, il y a quelques mois, été menacé de poursuites par des grandes villes françaises et des ONG qui dénonçaient les émissions de gaz à effet de serre du groupe.

    Le débat pourrait être agité

    Un haut dirigeant de Total ayant évoqué le futur partenariat olympique devant plusieurs centaines de salariés en début d'année, il est fort probable que les discussions entre le groupe et le Cojo aboutissent. La maire de Paris, soucieuse de rappeler son engagement écologique au moment où s'annonce la bataille des municipales sera-t-elle vraiment en mesure de s'y opposer ? A priori, l'arrivée d'un sponsor n'est pas soumise au vote du conseil d'administration.

    Le débat est toutefois possible et pourrait être agité, même si Tony Estanguet, qui s'est entretenu à plusieurs reprises sur le sujet avec Anne Hidalgo, préfère tempérer. « Notre volonté est de proposer un nouveau modèle d'organisation des Jeux en phase avec les grands enjeux de notre société, nous rappelle-t-il. Le choix des partenaires ne viendra jamais remettre en cause cette ambition et les engagements que nous avons pris. »

    Il est toutefois peu probable que Paris 2024 se passe des centaines de milliers d'euros promis par Total. « Le budget du comité d'organisation est financé à 97 % par des recettes privées dont une contribution très importante, de près d'un tiers, des partenaires domestiques », rappelle Tony Estanguet.

    L'idée du Cojo serait donc d'impliquer ses partenaires, dont Total, dans la « réalisation d'actions concrètes ». « Par leur expertise, leur capacité à innover, à proposer des solutions nouvelles, nos partenaires participeront directement à la réalisation de nos ambitions, insiste Estanguet. Toutes les entreprises partenaires qui s'engageront à nos côtés partageront l'ambition de Jeux uniques, responsables et qui engagent les Français. » Alors Total ou pas Total ? Réponse dans les mois à venir.