Cyclisme : ce qui attend Pinot, Bardet et Alaphilippe cette saison

Les trois têtes d’affiche du cyclisme tricolore démarrent ou s’apprêtent à reprendre la compétition. Avec des objectifs majeurs différents : le Tour de France, le Tour des Flandres ou le Tour d’Italie.

 Thibaut Pinot, Romain Bardet et Julian Alaphilippe pendant la présentation du 107e Tour de France, le 15 octobre dernier.
Thibaut Pinot, Romain Bardet et Julian Alaphilippe pendant la présentation du 107e Tour de France, le 15 octobre dernier. Icon Sport/Johnny Fidelin

    C'est déjà la rentrée pour le peloton international. À l'autre bout du globe, Romain Bardet ouvre le bal en Australie en s'alignant pour la première fois de sa carrière sur le Tour Down Under. Cette saison, il ne croisera pas Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot sur les routes du Tour de France qui s'élancera de Nice (27 juin-19 juillet).

    En 2020, les trois têtes d'affiche du cyclisme français ont changé leur calendrier. Bardet et Pinot ont opté pour le bouleversement et Alaphilippe pour l'ajustement. Thomas Voeckler, le sélectionneur de l'équipe de France, analyse leurs programmes.

    Thibaut Pinot : vive la France !

    « J’ai redécouvert le plaisir de courir en France », souligne Thibaut Pinot./Icon Sport/Johnny Fidelin
    « J’ai redécouvert le plaisir de courir en France », souligne Thibaut Pinot./Icon Sport/Johnny Fidelin Icon Sport/Johnny Fidelin

    Avant le Tour 2019, Pinot n'avait couru qu'une seule fois en France, lors du Critérium du Dauphiné. En 2020, le vainqueur d'étape au Tourmalet inverse tout et se contentera, au contraire, d'une seule incursion au Tour du Pays basque début avril.

    « J'ai redécouvert le plaisir de courir en France, souligne le Vosgien. Je me suis rendu compte qu'il y avait de très belles courses. Avant, je trouvais que les parcours étaient plus intéressants à l'étranger mais, depuis deux-trois ans, j'avais envie de revenir. Je prends un risque d'être au départ de Paris-Nice pour la première fois parce que ce n'est pas spécialement mon terrain mais, à 30 ans, c'est le bon moment de découvrir ces courses-là. »

    Quand commence-t-il ? Au Tour de la Provence, le 13 février.

    Son programme jusqu'à l'été. Tour de la Provence, Tour du Haut Var, Paris-Nice, Tour du Pays basque, Critérium du Dauphiné.

    L'AVIS DE VOECKLER : « Tout a changé dans sa tête. Avant, Thibaut était surtout à la recherche du plaisir. Là, il a compris qu'il pouvait gagner le Tour. Aujourd'hui, il ne pense qu'à cela. S'il va sur Paris-Nice, c'est pour préparer l'étape où il y aura des bordures. L'an dernier, cela lui avait coûté cher ( NDLR : 1'40" perdues sur la 10e étape du Tour Saint-Flour - Albi). Maintenant, Thibaut est un vainqueur potentiel du Tour. La différence est là. »

    Romain Bardet : le grand chambardement

    Romain Bardet casse ses habitudes pour 2020./Icon Sport/Johnny Fidelin
    Romain Bardet casse ses habitudes pour 2020./Icon Sport/Johnny Fidelin Icon Sport/Johnny Fidelin

    Le meilleur grimpeur du Tour 2019 ne sera pas au départ en 2020. Cette saison, Bardet a décidé de casser ses habitudes et de reprendre le vélo beaucoup plus tôt en débutant dès janvier en Australie où il s'entraîne depuis trois semaines. Avant le Giro, l'Auvergnat va courir deux fois en Italie, et surtout, disputer la seule classique qu'il estime à sa portée : Liège-Bastogne-Liège où il avait fini 3e en 2018.

    « Je n'ai pas participé à une course officielle depuis le 28 juillet et l'arrivée sur les Champs-Élysées, constate-t-il. Je suis impatient. Cela fait suite à plusieurs mois de préparation où j'ai varié les plaisirs, pratiqué la piste et le cyclo-cross. Cela m'a sorti de mes schémas hivernaux traditionnels. »

    Quand commence-t-il ? Au Tour Down Under (Australie) le 21 janvier.

    Son programme jusqu'à l'été. Tour Down Under, Tour du Haut Var, Boucles Drôme Ardèche, Strade Bianche, Tirreno Adriatico, Tour des Alpes, Liège-Bastogne-Liège, Tour d'Italie.

    L'AVIS DE VOECKLER : « Il était temps qu'il change ! C'était une envie profonde chez lui depuis longtemps. Ce qui est bien chez Romain, c'est que son nouveau programme est aussi rationnel que le précédent. Et sa chance, c'est qu'on a moins parlé de lui lors du dernier Tour alors qu'il a fini meilleur grimpeur. Donc, il a pu convaincre son équipe de le laisser faire l'impasse sur le Tour. »

    Julian Alaphilippe : moins d'Italie, plus de Flandres

    Julian Alaphilippe refuse de se présenter en vainqueur potentiel de la Grande Boucle./Icon Sport/Johnny Fidelin
    Julian Alaphilippe refuse de se présenter en vainqueur potentiel de la Grande Boucle./Icon Sport/Johnny Fidelin Icon Sport/Johnny Fidelin

    Comme en 2019, le héros du dernier Tour de France va débuter sa saison en Amérique du Sud. Le vainqueur de deux étapes et porteur quatorze jours du Maillot jaune ne défendra pas ses titres « italiens » aux Strade Bianche et Milan-San Remo afin de se préparer au mieux pour le Tour des Flandres (5 avril), une des classiques qui le fait rêver. Car Alaphilippe refuse de se présenter le 27 juin à Nice en vainqueur potentiel de la Grande Boucle.

    Chez Deceunink-Quick Step, son équipe belge, le maillot jaune n'est pas une obsession. La quête des grandes Classiques si. À 27 ans, Alaphilippe veut continuer à marquer l'histoire de son sport. Remporter un 2e des cinq grands monuments du cyclisme (NDLR : Milan-San Remo, Paris-Roubaix, Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie) est l'objectif majeur de son printemps.

    Quand commence-t-il ? Tour de San Juan (Argentine), le 26 janvier.

    Son programme jusqu'à l'été. Tour de San Juan, Tour de Colombie, Paris-Nice, À Travers les Flandres, Tour des Flandres, Amstel Gold Race, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Critérium du Dauphiné.

    L'AVIS DE VOECKLER : « S'il y a quelqu'un dont on ne peut douter de la gestion du calendrier, c'est bien lui. Julian est dans l'équipe possédant la meilleure structure au monde pour atteindre ses objectifs. Tout est pensé depuis longtemps. Je comprends son envie de miser sur le Tour des Flandres. Sans faire injure à Arnaud Demare, si un Français peut la remporter, c'est lui. Alors qu'il ne l'a jamais disputée. »