Pour le dernier hommage à Poulidor, une foule immense à Saint-Léonard-de-Noblat
Des centaines de personnes se sont rassemblées à Saint-Léonard-de-Noblat pour les obsèques du cycliste le plus populaire disparu à 83 ans, ainsi que de nombreux anciens champions.
Une grande photo recouvre le tympan de l'abbatiale Saint-Léonard. Sur laquelle Raymond Poulidor, en tenue de ville, se promène sur un vélo de ville et adresse un salut amical. Un grand sourire barre son visage. Une image radieuse du cycliste aux 189 victoires et qui résume tout ce que le champion était devenu après sa carrière de sportif : un homme respecté par tous et à la « poupoularité » inégalée.
Dès 8h30, ce sont des centaines d'anonymes qui ont pris place silencieusement derrière des barrières attendant que toutes les personnalités du cyclisme entrent dans l'abbatiale classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Christian Prudhomme, patron du Tour de France, et Bernard Hinault, cinq fois vainqueur de la Grande Boucle, lunettes noires, sont les premiers à pénétrer des 9 heures et se glissent à l'intérieur de l'édifice.
Sur un air d'accordéon
Puis c'est au tour de Marc Madiot, le manageur de l'équipe Groupama-FDJ, qui qualifie le monument disparu à 83 ans de « champion du monde des autographes ». Lucien Aimar, vainqueur du Tour 1966, s'interroge sur qui pourra remplacer Raymond Poulidor dans le cœur des gens.
Quant à Jean-Marie Leblanc, ancien directeur du Tour de France, il pose lui aussi une question : « Quel champion va susciter autant d'engouement ? »
«Toi si fier d'être mon grand-père, moi d'être ton petit-fils»
Il est 10 heures et la cérémonie va commencer sur un air d'accordéon. Sur l'autel se succèdent le maire de Saint-Léonard, qui perd son plus illustre administré, et l'ancien champion du monde sur route en 1994, Luc Leblanc. Ce dernier dans un discours poignant s'est surtout adressé à ses petits fils Mathieu et David : « Quand tu gagneras Mathieu, il sera toujours un peu à tes côtés. »
Le jeune cycliste, déjà double champion du monde de cyclo-cross (2018 et 2019) à seulement 24 ans, marche assurément dans les traces de son grand-père et vient malgré le deuil familial de remporter dimanche dernier une victoire sur le circuit de Coupe du monde à Tabor en République tchèque. Ce mardi, il a confié un mot à sa maman Corinne qui s'est avancée au micro pour le lire avant de fondre en larmes. « Toi toujours si fier d'être mon grand-père, moi encore plus fier d'être ton petit-fils. Tu es mon plus grand champion. »
PODCAST. Tour 1964 : Poulidor perd et gagne les coeurs
Au pied de l'autel, la famille Poulidor fait corps, rassemblée devant une montagne de couronnes. Après « l'hymne à l'amour » d'Édith Piaf joué délicatement au piano, les accordéons ont donné un air de Tour de France à la sortie du cercueil de Poulidor.
Bernard Thévenet et Bernard Hinault le portent devant des personnes venues une rose à la main ou avec une simple photo. « Raymond Poulidor a nagé dans le cyclisme et dans le bonheur jusqu'au bout », glisse Bernard Thévenet, deux fois vainqueur du Tour. « C'était le papa de tous les cyclistes en France », glisse une dame venue ce matin très tôt de Périgueux (Dordogne).