« Il faut qu’on réinvente le football » : réélu président de la LFP, Vincent Labrune promet des économies et des idées

Les clubs ont très largement manifesté leur confiance à Vincent Labrune, en le reconduisant à la présidence avec 85% des voix. Ce dernier promet des économies et des idées novatrices pour rompre avec la dynamique mortifère dans laquelle se trouve le football professionnel.

Elu dans un fauteuil, Vincent Labrune, 53 ans, a obtenu 2e mandat à la tête de la Ligue de football professionnel. AFP/Franck Fife
Elu dans un fauteuil, Vincent Labrune, 53 ans, a obtenu 2e mandat à la tête de la Ligue de football professionnel. AFP/Franck Fife

    Il n’y a pas eu match. Vincent Labrune était annoncé gagnant et c’est dans un fauteuil que le président de la LFP a été réélu pour quatre ans ce mardi, avec plus de 85% des suffrages, soit 14 voix sur 17 du conseil d’administration, vote validé par l’assemblée générale dans l’après-midi. Cyril Linette, son challenger de la dernière heure, n’a rassemblé que deux voix sur son nom, la 17e consistant en une abstention.

    « Mes premiers mots sont pour les membres de l’assemblée générale qui m’ont fait confiance à plus de 85%, un score bien supérieur à celui d’il y a quatre ans, le foot français s’est réunifié », a déclaré Labrune à l’issue de sa réélection, d’une voix modérée suggérant le triomphe modeste. « Je me félicite de la qualité démocratique du débat que j’ai largement encouragée en validant le principe du repêchage de Cyril Linette, qui a fait une bonne campagne sur un terrain qui n’était pas le même que le mien. Il a privilégié la communication très grand public, là où de notre côté nous avons privilégié la mise en avant de notre projet auprès de nos électeurs. »

    À l’en croire, Labrune n’a jamais tremblé quant à l’issue du scrutin : « Il y a eu un décalage entre la perception médiatique de cette élection et la réalité. Les médias ont voulu en faire une élection présidentielle. Or, ce n’est pas une élection au suffrage universel, mais davantage une assemblée d’actionnaires. »



    « Je suis forcément déçu, un peu sonné, je m’attendais à un meilleur résultat », a déclaré de son côté Cyril Linette. L’ancien patron du PMU et de L’Equipe, qui « continue de penser que le football français a besoin d’un profil de « manager » à sa tête, a remis à plus tard la question de sa démission du conseil d’administration, comme il s’y était pourtant engagé en cas de défaite. « La gouvernance du football français est satisfaite de sa stratégie et visiblement de ses résultats et de son management et l’a démontré de manière très claire », a-t-il ajouté.

    Le plébiscite de Labrune ne peut en effet occulter les résultats médiocres et les perspectives moroses du foot des clubs français. Alors que Labrune leur avait fait miroiter un milliard, ils doivent se contenter de 500 M€ annuels de droits télé apportées par DAZN et BeIN pour la période 2024-2029, soit largement moins que les 624 M€ distribués sur la période 2020-2024. Quant au milliard et demi, levé auprès du fonds d’investissement CVC Capital Partners, il a déjà été englouti. Et il en coûtera 13% des revenus de LFP Media sans limitation de durée…

    « Accélérer la lutte contre le piratage »

    Il faut que parmi les présidents, les soutiens de Labrune croient dur comme fer dans la vision de leur cheval pour préférer le statu quo à toute autre option. « La Ligue, les familles et les clubs ont décidé que Vincent Labrune reste président, souligne le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi. C’est le meilleur président qu’on a. On va continuer à travailler ensemble pour changer les choses. » « Depuis le départ, je dis que c’est l’homme de la situation, il l’a encore prouvé aujourd’hui, juge Jean-Pierre Caillot, le président de Reims. Il y a ce qu’il se passe en interne et ce qui est relayé en externe. Nous sommes au cœur du réacteur, on sait le travail réalisé.» À moins que lesdits présidents aient leur propre plan de sauvetage en tête, et fassent finalement assez peu de cas de l’homme aux manettes de la LFP.

    Pour toutes perspectives, Labrune propose une « réinvention » assez nébuleuse du produit football et des économies à tous les étages, à commencer par lui-même. « Le président de la LFP devra montrer l’exemple en faisant des gestes importants avec une baisse de rémunération », dit-il, lui dont les émoluments ont triplé dernièrement, passant 400000 à 1,2M€ annuel.

    « Il va y avoir un plan d’économies de charges, pour augmenter l’assiette de distribution des droits aux clubs», ajoute-t-il.

    Pour ce qui est de la relance, il est prévu dès mercredi la réunion du collège L1 et des dirigeants de DAZN « pour voir comment accélérer leur succès et appuyer fort dans la lutte contre le piratage ». « Le foot est un pur divertissement, il faut que le foot ne vive pas seulement pendant les matchs mais toute la semaine, avance le président de la LFP. (…) Il faut qu’on se réinvente, qu’on réinvente le football…» Vincent Labrune n’aura pas trop de quatre ans pour boucler son projet.