Hippisme : quand les experts-comptables s’en mêlent

Cela fait deux ans que ces six copains dans la vie et collaborateurs dans le monde professionnel vivent une belle aventure depuis la création de leur écurie Mill Reef. Une première très bonne acquisition leur a permis de voir leur rêve de devenir propriétaires de chevaux de course se consolider.

 Vichy, le 19 Juillet 2018. Après son succès dans un quinté, Lettre de Château est notamment accueillie par son entraîneur, Christophe Ferland (en bleu), et l’un des membres de l’écurie Mill Reef, Olivier Lafon, derrière le précité sur notre cliché.
Vichy, le 19 Juillet 2018. Après son succès dans un quinté, Lettre de Château est notamment accueillie par son entraîneur, Christophe Ferland (en bleu), et l’un des membres de l’écurie Mill Reef, Olivier Lafon, derrière le précité sur notre cliché. ScoopdygaDyga/Elliott Chouraqui

    Lancer sa propre écurie de groupe et toucher aussi vite du doigt le succès, beaucoup de propriétaires en rêvent. C'est ce qui est arrivé à ces six associés. En 2016, Cavale Dorée, leur première acquisition achetée 34 000 € quelques mois plus tôt, rapporte d'emblée à ces acheteurs deux belles victoires à Deauville, dont une course de Groupe III. Au vu de sa valeur acquise en si peu de temps et sur les conseils avisés de Christophe Ferland, son entraîneur, la femelle, alors âgée de 2 ans, est revendue à un propriétaire américain, Martin Schwartz. Un départ inespéré pour la bande d'associés.

    Mais revenons en arrière. Tout a commencé il y a de deux ans. Six copains experts-comptables désireux de vivre les courses hippiques de l'intérieur décident de monter leur propre écurie. En janvier 2017, Olivier, Laurent, Jean-Philippe, Bruno, Pierre-Emmanuel et Philippe sautent le pas et endossent les costumes de propriétaires sous la casaque gros bleu et blanc. Un choix de couleurs ciblé puisque la casaque fait référence au maillot de l'équipe de football des Girondins de Bordeaux et la toque à damiers à celui de l'UBB Rugby (Union Bordeaux Bègles). Deux clubs de leur région dont ils sont des supporteurs. Signe prémonitoire ou pas, l'écurie porte le nom d'un champion, Mill Reef, le vainqueur par trois longueurs du Prix de l'Arc de Triomphe en 1971.

    « Si un jour tu as un cheval, cela pourrait m'intéresser »

    De là où ils exercent, ils peuvent pratiquement entendre le bruit des sabots sur la piste. « Le cabinet est situé à 500 m de l'hippodrome de La Teste (Gironde), raconte Olivier. Notre clientèle est en grande partie composée d'entraîneurs, parmi lesquels Christophe Ferland. Lorsque cet entraîneur s'est installé dans la région en 2007, c'est vers notre société qu'il s'est tourné pour la gestion de son établissement. »

    L'entraîneur et l'expert finissent par tisser des liens d'amitié. De plus en plus intrigué par ce qui se déroule à quelques centaines de mètres de son lieu de travail, le spécialiste des chiffres lance au professionnel hippique, sur le ton de la boutade : « Si un jour tu as un cheval, cela pourrait bien m'intéresser ». Chose dite, chose faite et c'est ainsi que Cavale Dorée fera pénétrer Olivier et ses associés au cœur de la machine hippique.

    Depuis, les membres de l'écurie Mill Reef ont déboursé 31 000 € pour se rendre acquéreurs de Lettre de Château, toujours sur les conseils de leur metteur au point. Et le rêve se poursuit. Le 19 juillet sur l'hippodrome de Vichy, cette deuxième femelle de 3 ans a décroché sa deuxième victoire. « Ce n'est pas du tout le même profil que notre premier pur-sang. Celle-ci a plus de tenue et préfère courir sur les longues distances, explique son propriétaire avant de saluer les compétences de Christophe Ferland. Nous lui faisons entièrement confiance. Il a carte blanche et, jusque-là, ses décisions se sont toujours avérées judicieuses. »

    « Nous avons été plutôt chanceux jusque-là »

    Pour cette fine équipe de quadras, s'impliquer ainsi dans l'univers du galop est la plus belle des manières de partager de belles émotions et aussi de se retrouver pour fêter les succès. « Nous avons été plutôt chanceux jusque-là, confirme Olivier, même si leur troisième pensionnaire, Santa Parc, suite à des problèmes de santé, risque d'être réformé de la compétition. Notre but est de faire le plus longtemps possible des tours de manèges gratuits. » Autrement dit, prendre du plaisir et vivre sa passion à fond à moindres frais puisque les gains gagnés en compétition viennent supporter les dépenses occasionnées par l'entretien de leur athlète équin (hébergement, entraînement, nourriture et soins). Les propriétaires de Lettre de Château devront patienter jusqu'à la fin août pour revoir les pistes et encourager leur pouliche. Clairefontaine ou Deauville ? Le choix du futur lieu de course n'est pas encore fixé pour la pouliche de 3 ans. Et comme d'habitude, c'est le metteur au point qui en décidera.

    Devenir propriétaire d’un cheval n’est plus un luxe