Prix d’Amérique : Bahia Quesnot fait la fierté de ses éleveurs

La jument de 9 ans sera au départ du légendaire Prix d’Amérique, dimanche sur l’hippodrome de Vincennes. A la grande joie de ceux qui l’ont fait naître.

 Brix (Manche). La famille Lefebvre entoure Queen Inès, qui n'est autre que la mère de Bahia Quesnot.
Brix (Manche). La famille Lefebvre entoure Queen Inès, qui n'est autre que la mère de Bahia Quesnot. DR

    Matthieu Lefebvre pense-t-il au Prix d'Amérique lorsqu'il fait ses tournées ? Forcément. Ce facteur de 42 ans ne réalise pas ce qui lui arrive. Dimanche, Bahia Quesnot, une jument de 9 ans qu'il a fait naître, prendra le départ du prestigieux rendez-vous sur l'hippodrome Paris-Vincennes. Pour la deuxième fois, la trotteuse s'est qualifiée en se classant deuxième à l'arrivée du Prix de Bourgogne en décembre. « Nous étions déjà en pleurs l'an passé. Ce fut une énorme surprise », confie l'homme comblé de voir son « bébé » disputer le Championnat du monde des Trotteurs. « À la base, ce n'est pas notre métier. Mon père, avec qui je m'occupe de nos sept poulinières, avec le soutien de ma mère, est retraité de l'industrie navale. Nous sommes juste des mordus d'élevage », raconte Matthieu.

    « Bahia n'est jamais aussi bonne qu'avec les meilleurs »

    Voilà vingt-cinq ans, la famille quitte la ville pour s'installer dans une ferme basée à Brix (Manche) pour s'occuper de chevaux. Un jour, Alain Léon, le chef de famille, gagne une saillie par tirage au sort. « À l'époque, nous n'avions que trois juments et toutes étaient déjà pleines. Nous avons donc acheté une quatrième femelle pour 8 000 € afin de ne pas perdre la saillie », raconte le fils. Il s'agit de Queen Inès. « C'est elle qui nous a donné Bahia Quesnot », s'extasie encore l'éleveur. Rapidement, la pouliche montre de belles dispositions pour la compétition. Son arrivée chez l'entraîneur Junior Guelpa, qui est également son driver, le confirme. « Il l'a changée, elle est au top », s'exclame celui qui, dès son travail de postier achevé, enfile les bottes et change de casquette pour s'occuper de ses chevaux. « En période de poulinage, c'est moi qui veille aux naissances, généralement la nuit. S'il me reste une petite heure, je vais me coucher avant de repartir effectuer la distribution du courrier. »

    Dimanche, Bahia Quesnot ne sera pas la plus argentée du peloton. La somme de ses gains (920 646 €) apporte toutefois une souplesse inespérée à ses éleveurs. « Nous percevons 12 % pour chacune de ses victoires. Cela nous permet de réserver des saillies de bons étalons », révèle Matthieu. Le jour J, la famille Lefebvre prendra la route à cinq heures du matin. Accompagnée d'une cinquantaine d'amis et collègues facteurs, ils se dirigeront vers le Temple du trot. « J'ai réservé un bus pour que nous partagions ce moment tous ensemble », se réjouit déjà le passionné. Et si le sort jouait encore en la faveur des Lefebvre. « Bahia Quesnot n'est jamais aussi bonne qu'avec les meilleurs », affirme son naisseur.