La recette des clubs de football franciliens pour garder le lien avec leurs licenciés confinés

Les clubs de foot franciliens maintiennent le contact avec leurs licenciés — mineurs pour la plupart — en les sensibilisant au respect du confinement. Ils essaient aussi de trouver des alternatives aux entraînements.

 Alors que les terrains se sont vidés, les entraîneurs des clubs de football franciliens tentent de maintenir le lien avec leurs jeunes licenciés, tout en les sensibilisant à la nécessité de respecter le confinement.
Alors que les terrains se sont vidés, les entraîneurs des clubs de football franciliens tentent de maintenir le lien avec leurs jeunes licenciés, tout en les sensibilisant à la nécessité de respecter le confinement. LP/Frédéric Dugit

    « Salut les gars, soyez responsables en restant chez vous et ne négligez pas le travail qu'on vous a envoyé. Même si ce n'est pas simple de travailler tout seul, cela va vous permettre de prendre de l'avance sur tout le monde que l'on reprenne dans deux semaines ou six mois mais surtout cela vous permet de garder un équilibre dans vos vies actuelles. On se retrouve vite et encore plus fort ! »

    Dans un message de près de 3 minutes envoyé sur l'application WhatsApp, Hedi Oudaya, l'entraîneur des U16 du club de football de l'Athletic club de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), donne des recommandations à son équipe. « Les gamins sont coupés de tout et cela nous a amené à réfléchir puis faire ce message », indique l'éducateur de 29 ans.

    «Une catastrophe au niveau socio-éducatif»

    Les matchs et les entraînements des 272 000 licenciés de la Ligue de Paris-Ile-de-France — à l'instar des autres ligues de l'Hexagone — ont été interrompus jeudi dernier et jusqu'à nouvel ordre en raison de l'épidémie de Covid-19. Depuis mardi midi, tous sont confinés chez eux pendant au moins quinze jours. Christophe Castaner, le ministre de l'intérieur, a insisté sur le fait que « l'on pouvait prendre l'air mais pas jouer au football ».

    Il ne va donc pas toujours être simple pour certaines familles de faire comprendre à leur enfant que leur sécurité et celle des autres passent par mettre le football de côté pendant un (long) moment. « C'est une catastrophe au niveau socio-éducatif. Le foot est plus qu'un exutoire pour nos licenciés qui disputent en moyenne 2000 matchs par week-end, confie Jamel Sandjak, le président de la ligue de Paris-Ile-de-France. Tout le monde n'habite pas dans une maison avec un jardin mais chacun doit être responsable. Si on veut rejouer au foot d'ici la fin de saison, il faut respecter le confinement. C'est une inquiétude qu'on partage avec nos clubs. On réfléchit pour garder un lien avec nos licenciés. Certaines choses sont faisables, d'autres non. Une des propositions est d'organiser un tournoi régional sur le jeu vidéo FIFA 2020. »

    «Ils peuvent regarder d'anciens matchs ou des émissions»

    Les footballeurs amateurs vont donc devoir faire preuve de patience. En attendant la reprise, les clubs franciliens tentent de s'adapter à cette situation inédite. « Lundi après-midi avant la seconde allocution du chef de l'Etat, je voyais des jeunes jouer au foot tranquillement dans le quartier, indique Morade Djeddi, président de l'Espérance Paris XIX (900 licenciés) et professeur de mathématiques. Au club, chaque entraîneur de U7 à U12 a pu envoyer un message aux familles des joueurs. Moi-même j'ai pu transférer aux parents quelques exercices à faire à la maison. Il faut aussi que ces jeunes passionnés par le foot trouvent d'autres activités comme regarder des anciens matchs ou des émissions. Cela compense un peu. »

    L'inquiétude est aussi présente à Colombes (Hauts-de-Seine). « Notre priorité est de sensibiliser tout le monde du risque à sortir, insiste Abdel Assouane, le coach de La Colombienne. Les joueurs sont dégoûtés. Deux d'entre eux sont allés faire un footing mais la police les a séparés. C'est une période difficile surtout pour les jeunes mais il faut s'y plier et attendre. »

    Des exercices physiques à distance, qui seront notés

    A Boulogne-Billancourt, afin d'occuper la grande majorité de ses 1380 licenciés, les coachs de l'ACBB de la catégorie de moins de 15 ans jusqu'aux seniors ont envoyé par mail un programme individuel pour faire des exercices physiques chez soi.

    « Les U16 doivent même nous envoyer une vidéo de leur travail et on a établi un barème pour récompenser ceux qui auront le mieux travaillé pendant cette période, explique Gilles Bibé, le coordinateur sportif de l'ACBB. On essaie modestement d'apporter des aides aux familles. »

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