Samir Malcuit : «Ce qui m'est arrivé, je ne veux pas que ça arrive à mes frères»

Samir Malcuit, l'ancien attaquant de l'OM aujourd'hui à Ivry et frère de Kevin, défenseur de Saint-Etienne, raconte son parcours tumultueux. Il veut protéger le benjamin, Enzo, le plus prometteur de la fratrie selon lui.

    « Mes mauvaises expériences m'ont permis de protéger mon frère de tout ça... » Revenu dans l'appartement familial de Clichy, dans les Hauts-de-Seine, Samir Malcuit (31 ans), qui vient de signer à Ivry (CFA 2), suit de très près le parcours de son frère Kévin (25 ans), défenseur latéral à Saint-Etienne (L 1) qui entame une prometteuse carrière professionnelle.

    « Si je suis revenu en région parisienne, c'est aussi pour m'occuper de mon autre petit frère, Enzo (16 ans), qui joue, lui, au Racing. Sincèrement, il est plus fort que moi et Kévin à son âge ! Tout ce qui m'est arrivé, je ne veux pas que ça arrive à mes frères. Je suis très fier du parcours de Kévin. Moi, il m'a manqué une part de chance. J'ai aussi eu le malheur de tomber sur des agents véreux comme celui qui m'a fait faire le tour d'Europe (NDLR : Rapid Vienne, Benfica, Rimini) en trois semaines quand j'avais 20 ans... »

    Après une belle saison en CFA du côté de Colombes avec le Racing (17 buts) en 2010, l'avant-centre avait été repéré par José Anigo et avait signé un contrat amateur à l'OM. Cadre de la réserve phocéenne, en DH puis en CFA 2, alors dirigée par Franck Passi, il a dû se contenter d'entraînements et de matchs amicaux avec les pros. « Didier Deschamps m'encourageait souvent, je crois qu'il m'aimait bien, se souvient-il. J'ai eu la chance de rencontrer un grand monsieur comme Heinze. Mais devant moi, il y avait Gignac, Rémy, les frères Ayew ou Brandao... Je venais du monde amateur, je n'étais pas un petit jeune marseillais du centre de formation, donc c'était difficile de me faire une place. Quand j'ai vu, après mon départ, qu'un joueur comme Apruzesse avait, lui, eu la chance de jouer en L 1, ça m'a énervé quand même... »

    Samir Malcuit s'est fait un nom au Maroc, au Raja Casablanca puis au Mas de Fès. « J'ai joué dans des stades de 80 000 personnes avec une ambiance de fou. Là-bas, les gens m'appréciaient. Ça me faisait drôle de voir des petits dans la rue avec des maillots à mon nom. Franck Passi, qui a toujours cru en moi, m'envoyait des messages de félicitations. »

    C'est un autre ancien entraîneur de l'OM, Eric Gerets, alors sélectionneur du Maroc, qui lui a offert une certaine consécration. « Il m'a appelé en équipe nationale, c'était avec des joueurs locaux, une sorte de sélection A', se souvient-il. A cette époque, des clubs français pros me suivaient. »

    Une rupture des ligaments croisés a brisé ses illusions. Après une expérience mitigée de six mois à Dhofar (Oman) et un retour avorté au Maroc cet été au Khab Tadla -- « Les dirigeants ont voulu m'escroquer », affirme-t-il --, le voilà donc à Ivry. « J'avais perdu l'habitude de m'entraîner le soir. Mais c'est à moi de me réadapter au monde amateur. C'est une parenthèse d'une année pour me relancer et m'occuper de ma famille. Mon objectif est de retourner au Maroc où on ne m'a pas oublié... »