Coupe d’Europe de rugby : «Il manque encore quelque chose à nos clubs», estime Villepreux

Même s’il n’y aura pas de club français en finale, contrairement aux sept dernières années, l’ancien sélectionneur des Bleus estime que Toulouse, éliminé en demi-finale par le Leinster, est sur la bonne voie.

 À Dublin, les Toulousains ont été dépassés par les coéquipiers de Garry Ringrose (au centre).
À Dublin, les Toulousains ont été dépassés par les coéquipiers de Garry Ringrose (au centre). AFP/Paul Faith

    L'élimination de Toulouse en demi-finale de la Coupe d'Europe contre le Leinster (30-12), dimanche, marque la fin d'un septennat. Depuis 2013, en effet, un club français s'était toujours hissé en finale (Toulon victorieux en 2013, 2014, 2015, le Racing finaliste en 2016 et 2018, Clermont en 2017). Est-ce un signe de la mauvaise santé du rugby tricolore? Pas forcément selon Pierre Villepreux, ancien sélectionneur des Bleus et entraîneur du Stade Toulousain.

    Les clubs français sont-ils en déclin ?

    PIERRE VILLEPREUX. Non, on ne peut pas dire ça. Ce sont les autres qui progressent et il faut se mettre à leur niveau. Toulouse est sur la bonne voie en termes de jeu et de vitesse pour rivaliser avec le Leinster ou les Saracens qui raflent les titres (NDLR : les Saracens ont été champions d'Europe en 2016 et 2017, le Leinster en 2018 et les deux clubs seront opposés en finale cette saison), mais il manque encore un petit quelque chose.

    Quelle en est la raison ?

    C'est le mal du Top 14, même si cette saison, il y avait du mieux dans l'ensemble. On a vu quelques très bons matchs. Il faut que ce championnat hisse son niveau jusqu'aux exigences du rugby moderne. Si les équipes ont l'habitude de jouer sur un rythme très élevé toute la saison, elles seront au rendez-vous. Toulouse donne l'exemple mais Clermont ou le Racing ne sont pas très loin. Cela va plutôt dans le bon sens.

    Pierre Villepreux en 2015./LP/Franck Gineste
    Pierre Villepreux en 2015./LP/Franck Gineste AFP/Paul Faith

    La défaite de Toulouse ne risque-t-elle pas de faire émerger un jeu plus fermé ?

    Ce serait une erreur énorme mais je n'y crois pas. Cela ne cadre pas avec la philosophie du club, de ses dirigeants, de ses entraîneurs. Je pense au contraire que les Toulousains vont insister dans cette voie-là en essayant de conserver le ballon autant que le Leinster par exemple, tout en jouant très vite.

    Pourquoi Toulon, le Racing et Clermont ont-ils fait mieux ces dernières années que Toulouse ?

    Toulon avait un temps d'avance sur tout le monde. Il avait recruté beaucoup de joueurs étrangers ayant l'habitude de pratiquer un rugby de très haut niveau. Le Racing a aussi fait venir des anciens joueurs du Super Rugby (NDLR : championnat de l'hémisphère sud). Le problème, c'est que les Anglais, les Irlandais et les autres progressent et qu'il faudrait que les clubs français et les joueurs tricolores se mettent tous à pratiquer ce rugby.