Elections à la FFR en 2020 : «Je vais batailler à ma façon», déclare Serge Blanco

Serge Blanco, qui fait partie de la liste d’opposition menée par Florian Grill en vue des élections à la tête de la fédération de rugby fin 2020, est revenu sur son futur rôle et sur la politique du pouvoir en place.

 Si l’ancien joueur de rugby, Serge Blanco, ne se présenter pas comme tête de liste pour les prohaines élections à la tête de la fédération de rugby fin 2020, il compte bien peser et «  batailler » à sa façon.
Si l’ancien joueur de rugby, Serge Blanco, ne se présenter pas comme tête de liste pour les prohaines élections à la tête de la fédération de rugby fin 2020, il compte bien peser et « batailler » à sa façon. LP/Olivier Corsan

    Il est arrivé pile à l'heure, ce mardi matin, dans la salle de réception du stade Charléty (XIIIe arrondissement de Paris), puis il a pris place au côté de Florian Grill, le président du Comité Ile-de-France, tête de liste de l'opposition au président de la fédération française Bernard Laporte pour les prochaines élections fédérales fin 2020. Serge Blanco s'est installé en bout de table - « sur l'aile » a-t-il souri- puis il a longuement écouté le nouvel homme fort expliquer le projet et les axes de travail d'une équipe constituée entre autres de Jean-Claude Skrela, Jean-Marc Lhermet, Eric Champ, et Fabien Pelous. L'ancien international de soixante ans, président de la Ligue puis vice-président de la Fédération, aujourd'hui toujours au comité directeur de la FFR, a ensuite accepté de dévoiler sa vision des choses.

    Pourquoi n'êtes-vous pas tête de liste ?

    SERGE BLANCO. Si j'avais eu envie, j'aurais monté ma liste et je serais parti mais il y a un an j'ai subi une opération à cœur ouvert, et j'ai mes affaires aussi. Je n'avais ni l'intention ni les ressources mentales pour me présenter. Si on est élu, cela signifie quatre ans de sa vie, c'est beaucoup. Cela fait déjà cinquante ans que je suis dans le rugby. Je vais batailler à ma façon, en allant dans beaucoup de contrées pour apporter mon soutien.

    Le manque de notoriété de Florian Grill n'est-il pas un handicap ?

    Si on pose Bernard Laporte d'un côté et Florian Grill de l'autre, bien sûr. Mais il y a des colistiers chez nous qui sont aussi connus que le président de la FFR. Nous avons les compétences à travers divers hommes. Pour la première fois, il y a un groupe qui va essayer de prendre la Fédération.

    Votre présence a-t-elle fait fuir Marc Lièvremont, un temps pressenti pour prendre la tête de la liste ?

    On m'attribue le fait qu'il ne soit pas candidat mais j'ai été un des premiers à lui dire que je le soutiendrais s'il se présentait. Mais il y a des réalités. On ne va pas se les cacher. Nous avons suffisamment combattu l'équipe en place et certains de ses dirigeants qui sont rémunérés par la Fédération. Pour nous, c'est inconcevable et Marc savait pertinemment qu'il ne pouvait pas se passer d'une manne financière (NDLR : Blanco sous-entend que Lièvremont souhaitait être un président rémunéré). Je dis les choses telles qu'elles sont. S'il avait voulu rester, il serait resté.

    Vous attendez-vous à un combat musclé face au pouvoir en place ?

    Je ne suis pas un gars qui attaque, par contre je sais très bien me défendre. S'il y a des attaques, on répondra. Ce qui s'est passé il y a trois ans n'arrivera pas forcément en 2020. Les gens qui ont soutenu l'élection en 2016 savent désormais ce qui est faux par rapport à ce qui avait été avancé.

    Quelle est l'ambiance au sein de la FFR ?

    Il y a des inquiétudes. On nous disait qu'autrefois il n'y avait pas de démocratie. Je ne vois pas ce qu'il y a de mieux aujourd'hui. On s'enfonce de plus en plus. Nous ne sommes que trois dans l'opposition ( NDLR : Grill, Pelous et lui ). Sur quarante élus, on peut lever le bras, mais ils font ce qu'ils veulent. On demande les comptes, on fait notre boulot de mecs qui ont été battus à l'élection.

    Craignez-vous un bilan de nouveau déficitaire (7,35 millions d'euros la saison passée) ?

    On va voir les comptes lors du congrès (NDLR : de jeudi à samedi à Nantes). Il y a un an, Florian Grill avait dénoncé la mauvaise gestion et il avait été fustigé à l'assemblée. Cette année, un partenaire, BMW, a payé pour se désengager, c'est une première dans l'histoire du rugby. J'ai côtoyé BMW quand j'étais vice-président et nos rapports étaient idylliques.

    Les clubs sont-ils sensibles à cela ?

    Mais cela va leur retomber dessus ! Prenez les assurances. Il y a eu deux augmentations des tarifs (NDLR : de la part de la GMF). Cela peut se comprendre. Derrière, les clubs ne subissent rien donc on fait du populisme. La FFR a misé sur un contrat ne prévoyant aucun grand blessé. On ne peut pas faire le pari que tout se passera bien. S'il y a un grand blessé, il faudra encore puiser dans la cagnotte. Aujourd'hui, de toute façon, l'équipe en place n'a qu'un seul objectif, c'est 2023 (NDLR : la Coupe du monde en France).

    Que lui reprochez-vous d'autre ?

    Le manque de proximité qu'elle a instauré en diminuant le nombre de comités (NDLR : 13 au lieu de 27) donc en agrandissant leur territoire. Quand on est un club et que la commission de discipline est gérée à l'autre bout de la région, comment on fait ? On ne peut pas envoyer là-bas un dirigeant bénévole. Et c'est comme ça pour tout le système, l'organisation des championnats. Il y a eu des assassinats en règle. Tous les présidents de comité ont été assassinés.

    Les débats vont-ils prendre une tournure politique ?

    Il ne faut pas tout politiser. Bernard Laporte l'a fait, il ne faut pas l'entretenir. Nous, on parle de sport, de bénévolat, de sacrifice, d'envie tout simplement.