«La qualité principale d’un rugbyman, c’est la tête», selon Henry Chavancy

Le départ de Carter, la violence dans le rugby, les Bleus : le centre du Racing Henry Chavancy ne botte pas en touche au moment de répondre.

 Henry Chavancy (avec le ballon, à droite) espère briller avec le Racing pour intégrer durablement le XV de France.
Henry Chavancy (avec le ballon, à droite) espère briller avec le Racing pour intégrer durablement le XV de France. LP/Arnaud Journois

    Capitaine pour les débuts réussis du Racing face à Toulon (9-25) le week-end dernier, Henry Chavancy évoque sans détour ses ambitions avec son club formateur avant la réception de Clermont ce dimanche après-midi (16h50, Canal +). Le centre de 30 ans, qui fait partie des 50 joueurs protégés du rugby français, revient également sur son parcours avec le XV de France à un an de la Coupe du monde au Japon.

    Vous avez frappé un grand coup avec cette victoire à Toulon lors de la première journée…

    HENRY CHAVANCY. On avait à cœur de bien commencer le championnat avec ce déplacement périlleux à Mayol. On voulait marquer les esprits. D'un point de vue comptable, c'est une opération parfaite.

    Après une saison sans titre l'an passé, êtes-vous revanchards ?

    C'est difficile de parler de revanche en ayant disputé une finale de Coupe d'Europe et une demi-finale de Top 14. Le Racing a toujours eu des objectifs élevés, en championnat comme en Coupe d'Europe, avec l'envie de jouer ces compétitions pour les gagner. On va travailler dur pour y parvenir.

    Comment avez-vous préparé ce début de Top 14 très chargé ?

    Il faut être capable de remporter ce genre de match si on a l'ambition de gagner des titres. On a su le faire contre Toulon et on va s'atteler à faire de même contre Clermont, une équipe en pleine confiance qui doit vraiment se racheter par rapport à l'an dernier.

    Vous étiez le parrain de Dan Carter à son arrivée en 2015. Êtes-vous toujours en contact avec lui depuis son départ pour le Japon cet été ?

    De temps en temps. Dan a énormément apporté au club. Le Racing est devenu champion de France et vice-champion d'Europe l'année de son arrivée. Ce n'est jamais anodin de perdre un joueur de ce calibre. C'est quelqu'un qui sait gagner, ce qui n'est pas forcément le cas de tout le monde.

    Avez-vous vu une évolution de la violence du rugby depuis vos débuts ?

    Disons que c'est un sport de combat. J'ai tendance à dédramatiser ces bruits autour de cette problématique. Je la prendrais même dans le sens inverse : plus on en parle, plus le problème est pris au sérieux et mieux c'est.

    Avez-vous des appréhensions depuis le décès de Louis Fajfrowski pendant un match amical cet été avec son club d'Aurillac ?

    Nous avons tous été affectés par ce drame. Le rugby n'est pas isolé puisque le football a déjà été touché alors que c'est un sport moins violent. Je n'ai pas d'appréhension concernant ma santé. Je suis comme un boxeur qui rentre sur un ring. Le risque de finir KO existe, mais c'est un risque que l'on connaît.

    Dans nos colonnes, Thomas Lombard regrettait le système actuel où les joueurs sont davantage rompus à la musculation qu'au banc de l'université. Partagez-vous cet avis ?

    Je vais dans son sens sur le fait que la qualité principale d'un rugbyman, c'est la tête, l'intelligence. Tout le monde est costaud, tout le monde va vite. La différence se fait sur la capacité à s'adapter et à réagir dans la difficulté. Si j'ai un conseil à donner aux jeunes joueurs, c'est de développer autant leurs capacités intellectuelles que physiques. C'est ce qui fait la différence au très haut niveau.

    Justement, comment jugez-vous votre parcours en Equipe de France ?

    C'est une immense fierté et une grande chance de représenter mon pays. Je n'ai que cinq sélections, j'espère en avoir d'autres mais je suis conscient qu'à mon poste il y a beaucoup de joueurs de qualité. Cette année, il y a la Coupe du monde au bout donc je vais tout faire pour rentrer durablement dans ce groupe.

    Êtes-vous en contact régulier avec Jacques Brunel ?

    Il y avait un stage à Marcoussis au mois d'août, mais je n'ai pas pu y participer car je me suis marié! Jacques Brunel et son staff essayent d'interagir avec les clubs et les joueurs pour avoir un lien étroit entre le XV de France et l'ensemble du rugby français. C'est très positif de savoir sur quoi travailler.

    Votre voisin du Stade Français a lui aussi de grosses ambitions cette saison. Comment voyez-vous ce renouveau ?

    Tant mieux pour eux! Le Stade Français est en difficulté depuis dix ans, avec seulement une année où tout s'est bien goupillé pour eux avec le titre de champion au bout.

    L'épisode de la fusion est-il oublié ?

    J'y étais évidemment farouchement opposé. Le temps nous a donné raison. La seule chose qui m'a dérangé à l'époque, c'est que le club est passé pour le méchant et le Stade Français pour le club familial qui s'est battu pour son identité et ses joueurs. Sauf que cet été 20 joueurs ont été licenciés et là on a moins entendu les « chevaliers blancs » s'en indigner. J'ai du respect pour le Stade Français, j'y ai même des amis. Je leur souhaite une bonne saison, mais ça s'arrête là.