Rugby : JPR Williams, l’arrière gallois de légende, est mort à 74 ans

Le club historique de JPR Williams a annoncé ce lundi soir la disparition du fameux numéro 15 gallois, vedette du rugby des années 1970.

Bridgend Ravens, son club de toujours, annoncé ce lundi la disparition de JPR Williams, 74 ans, ancien arrière de génie du Pays de Galles et des lions britanniques. AFP/Glyn Kirk
Bridgend Ravens, son club de toujours, annoncé ce lundi la disparition de JPR Williams, 74 ans, ancien arrière de génie du Pays de Galles et des lions britanniques. AFP/Glyn Kirk

    Sur les télés noir et blanc des seventies, il crevait d’abord l’écran par ses cheveux longs et ses rouflaquettes surdimensionnées. Mais pas seulement. Avec JPR Williams, le rugby n’allait pas tarder à passer au tout couleur. Joueur vedette du Pays de Galles dans les années 1970, JPR Williams, considéré comme l’un des meilleurs arrières de l’histoire du jeu, est mort à l’âge de 74 ans, a annoncé lundi le club de Bridgend Ravens, dont il a été joueur, puis président jusqu’à sa mort.

    Le club a « le regret d’annoncer le décès de JPR Williams », une « icône du jeu au niveau mondial », a écrit le club au maillot bleu et blanc lundi soir sur son site Internet.

    Le nom de John Peter Rhys « JPR » Williams est gravé dans l’âge d’or du XV au Poireau des années 1970. L’arrière virevoltant a enfilé 55 capes et réussi trois fois le Grand Chelem dans le tournoi des… Cinq nations en 1971, 1976 et 1978.

    Vif et doté de belles qualités athlétiques, il a redéfini le rôle de l’arrière dans les années 1970 en brisant certaines conventions de l’époque, avec un jeu tourné vers l’avant et déstabilisant.

    Sa légende s’est aussi construite avec les tournées victorieuses des Lions, sélection des meilleurs joueurs britanniques, en Nouvelle-Zélande en 1971 et en Afrique du Sud en 1974.

    Rouflaquettes et chaussettes en tire-bouchon

    Il a pour partenaires des joueurs devenus également légendaires : Gareth Edwards, Phil Bennett, Barry John et, à la fin de sa carrière, son homonyme J.J. Williams. Il est alors identifié par les journalistes sportifs par ses seules initiales « JPR ».

    Flamboyant sur le terrain, il l’est aussi par son physique. Immenses rouflaquettes arrivant à la commissure des lèvres, cheveux au vent, l’œil alerte et malicieux, ce joueur qui n’a pas la carrure d’un déménageur (1,85 m, 75 kg) impose son élégance. Même ses chaussettes en tire-bouchon deviennent un genre.

    « Le monde du rugby a perdu l’un de ses plus grands joueurs de tous les temps, un homme qui a révolutionné le poste d’arrière au cours d’une carrière internationale de douze années incluant 55 sélections pour le Pays de Galles et huit pour les British & Irish Lions », l’a salué le président de la Fédération galloise de rugby, Terry Cobner, qui était un de ses équipiers lors des Grands chelems de 1976 et 1978.

    D’abord le tennis

    Ce n’est pourtant pas le rugby que privilégiait dans sa jeunesse John Peter Rhys Williams mais le tennis. Né à Bridgend, à 40 km à l’ouest de Cardiff, dans une famille où l’ovale tient quand même une large place, c’est sur les courts qu’il obtient ses premiers succès.

    Tous deux médecins, ses parents le destinent à suivre leurs traces mais son père, grand amateur du ballon ovale, fait aussi jouer JPR et ses trois frères au rugby sur le terrain de tennis familial.

    Plutôt que de choisir entre l’un ou l’autre, le jeune garçon poursuit les deux. Champion junior de tennis du Pays de Galles, il est aussi retenu pour jouer au rugby avec l’équipe nationale des moins de quinze ans.

    L’ovale ne prend définitivement le dessus qu’avec sa sélection à 19 ans pour la tournée de l’équipe B galloise en Argentine. Il obtient avant ses vingt ans sa première cape internationale dans le Tournoi des Cinq Nations contre l’Écosse en 1969 à Murrayfield, avec une victoire à la clé.

    « Me briser les os, recoller ceux des autres »

    Malgré ses succès au rugby, il ne perd jamais de vue sa carrière médicale. À partir de 1977, il réduit le temps consacré au sport pour passer ses derniers examens de chirurgien orthopédique.

    « J’ai pour habitude de dire que j’ai passé la moitié de ma vie à me briser les os sur les terrains de rugby et l’autre moitié à recoller ceux des autres dans la salle d’opération », dira-t-il dans sa biographie publiée en 2007.

    Il tire définitivement sa révérence de la sélection nationale en 1981 mais continue à jouer jusqu’en 2003, notamment pour le Tondu RFC de la petite ville de Aberkenfig, non loin de sa ville natale. Il pourra enfin y jouer ailier, sa position favorite, même s’il est célébré comme l’un des meilleurs arrières de l’histoire du jeu. Il joue ensuite au cricket à l’échelon régional et devient président du club de rugby des Bridgend Ravens.

    « Il était le roc des défenses de toutes les équipes pour lesquelles il a joué, l’inspiration des contre-attaques et l’homme qui n’avait peur de rien et qui estimait qu’une cause n’était jamais perdue », a poursuivi Terry Cobner. « Nous pensions tous, a ajouté le patron du rugby gallois, qu’il était Mister Indestructible. »