XV de France : Fabien Galthié touche au but

L’ancien demi de mêlée va rejoindre les Bleus pour épauler Brunel avant de devenir le sélectionneur après le Mondial. L’aboutissement d’un parcours riche.

 Fabien Galthié, ancien manageur du RC Toulon, va intégrer le staff du XV de France.
Fabien Galthié, ancien manageur du RC Toulon, va intégrer le staff du XV de France. LP/Arnaud Journois

    « Fabien? Il n'a pas trop changé… C'est dommage car il aurait dû sur certains points de son caractère! » Avec un sourire entendu, Laurent Labit évoquait ainsi récemment Fabien Galthié, son ancien partenaire de Colomiers dans les années 90. Le coentraîneur du Racing 92 sait que le tempérament de l'ancien demi de mêlée aux 65 sélections lui a parfois joué des tours. Mais finalement, après avoir échoué depuis 2007 à devenir sélectionneur du XV de France, Galthié va enfin parvenir à ses fins, à 50 ans. Comme prévu, il intégrera dans un premier temps le staff de Jacques Brunel pour préparer le Mondial au Japon (20 septembre - 2 novembre). Avant, comme l'annonçait L'Equipe ce mardi, de prendre seul la tête des Bleus en vue de la Coupe du monde 2023 en France.

    Laurent Labit ajoutait aussi : « Fabien a toujours été le taulier quand il jouait. C'était le seul gars sur le terrain capable de changer le match car il avait un peu tout vu, avant tout le monde. » Galthié a effectivement souvent eu un coup d'avance. Sur le terrain où son talent et son caractère l'ont conduit à disputer quatre Coupes du monde. Puis, devenu entraîneur, avec un titre de champion de France avec le Stade Français en 2007, puis une place en finale avec Montpellier en 2011.

    Seulement, au fil des années, Galthié a parfois tissé des relations compliquées avec certaines de ses relations. En 2005, au Stade Français, Raphaël Poulain raconte dans son livre « Quand j'étais Superman » lui avoir ainsi rétorqué : « Humainement, tu ne vaux rien. Tu devrais être interdit d'entraîner. Tu déchires tes joueurs comme un teckel s'acharne sur de mauvais bouts de barbaque ».

    Un joueur d'échecs

    « On ne sait pas, en fait, ce qu'il pense, rapporte à l'AFP, Jonathan Wisniewski, croisé à Toulon. Il connaît très bien le rugby, il n'y a pas de souci, mais on doit respecter les personnes en face de soi. Quand vous entendez : Quand tu auras mon CV, mon passé rugbystique…, c'est dénigrant. »

    Pour Mourad Boudjellal, son ancien président à Toulon, qui a mis fin à son duo avec Fabrice Landreau après une seule saison, une telle attitude s'explique. « Fabien Galthié est un joueur d'échecs, c'est Kasparov mais, en revanche, ce n'est pas un gestionnaire d'humains », résume-t-il.

    Son partenaire au Stade Français, Mathieu Blin, évoque une « complexité maximale » pour décrire la personnalité du futur homme fort du rugby français. « Mais il n'y a rien de négatif à ça, précise-t-il. Ce sont souvent les personnes qui ont de très gros points forts qui sont les plus complexes. »

    « Il n'a pas obtenu sa place sur un plateau »

    Blin ajoute : « Et son caractère et son parcours relationnel ont pu entraver le fait de voir l'éminence grise et l'ingénierie d'excellence dans laquelle il peut être. Mais inversement. » Dans tous les cas, il trouve « qu'il y a une évidence et une légitimité » au parcours de Galthié. « Il a été refusé, pas bien écouté, rappelle-t-il. Il n'a pas obtenu sa place sur un plateau. »

    Dans son rôle de consultant de France Télévisions, Galthié regrettait d'avoir trop souvent commenté des défaites des Bleus. « C'est un exercice qui n'est pas facile », confiait-il avant le dernier Tournoi, parlant même « d 'une génération en dépression ». Il devra donc lui redonner le sourire. Il assure que sur une Coupe du monde, tout est possible. Mais il n'est pas dupe de la situation du rugby français. « Le problème du haut niveau c'est qu'au bout d'un moment, quand les petits détails s'accumulent, ça fait des gouffres », constate-t-il. À lui de faire changer les choses.