Au Val-Notre-Dame, les jeunes en ont assez d'être ignorés

Argenteuil, le 17 mai. Les membres de l’association GS7 Michelin estiment que la mairie délaisse complètement les jeunes du quartier — l’un des plus sensibles de la ville. « On est électoralement inintéressants », s’indigne l’un d’eux.
Argenteuil, le 17 mai. Les membres de l’association GS7 Michelin estiment que la mairie délaisse complètement les jeunes du quartier — l’un des plus sensibles de la ville. « On est électoralement inintéressants », s’indigne l’un d’eux. (LP/E.L.)

    « On vit ici depuis notre naissance et on n'est jamais partis en vacances. Ici, les jeunes ils étudient et ils travaillent, alors ras-le-bol d'être ignorés. » Moussa et Amadou se connaissent depuis toujours et vivent dans la cité du Château, dans le quartier du Val-Notre-Dame à Argenteuil.

    Pour animer leur « château », comme ils l'appellent, et éveiller les jeunes habitants, ils ont créé en 2012 l'association GS7 Michelin, destinée aux 11-25 ans. Mais depuis sa création, aucun local ne leur a été attribué par la mairie. Quant aux infrastructures sportives construites à proximité de leurs habitations, impossible pour eux d'y accéder. Une situation désormais intolérable pour les deux amis et leurs autres copains. En entrant dans la cité située au numéro 33 de l'avenue du Château, un ballon circule de jambes en jambes sur une cour de béton. Ici, le foot est un mode de vie. Pourtant, à quelques mètres à peine des blocs d'immeubles, deux terrains de foot et des courts de tennis longent l'avenue du Château. « Les petits ne peuvent pas y jouer, on leur refuse le droit d'entrer. La mairie pense qu'on va tout casser », dénonce Amadou. Depuis deux mois, la municipalité a installé des cages de football sur l'un des courts de tennis. « Sauf qu'au lieu de jouer sur l'herbe, on trouve du béton. Certains enfants se sont blessés récemment, alors il est temps d'agir », rajoute-t-il.

    Pour développer leur organisation, des éducateurs de l'association argenteuillaise Contact les accompagnent régulièrement. Selon Laurent Mas, « la situation s'est dégradée ici, depuis dix ans. Pour les jeunes, c'est le désert urbain, il ne faut pas s'étonner qu'ils pètent les plombs », confie l'éducateur. « On ne reçoit même pas les informations sur les activités organisées par la ville, on est électoralement inintéressants, c'est tout », constate Amadou.

    « Nous ne souhaitons pas délaisser les jeunes, réagit l'adjoint au maire en charge de la coordination des quartiers, Philippe Vasseur. Nous possédons de nombreux services en mairie où ils peuvent toujours s'exprimer. » Vendredi, Moussa et Amadou ont eu rendez-vous avec la mairie d'Argenteuil pour évoquer le sujet. La ville a alors promis de mettre en place des actions et de chiffrer le budget nécessaire pour installer un revêtement adapté aux deux petits terrains en béton.