L'excès de zèle des policiers perturbe les départs

L'excès de zèle des policiers perturbe les départs

    Si vous avez pris l'avion à Roissy ou Orly hier, vous aurez noté que les policiers chargés des contrôles transfrontaliers, équipés de leur nouvelle loupe anti-fraude, étaient particulièrement scrupuleux, au point de retarder quelques embarquements d'avion.

    Etat d'urgence ? Non. Mais excès de zèle de fonctionnaires de la police aux frontières (PAF) pour faire entendre aux autorités ce qu'ils pensent d'une réforme qui ne fait vraiment pas l'unanimité. Cela concerne l'allocation spécifique d'ancienneté (ASA), créée en 2001 pour attirer en Ile-de-France de jeunes recrues sur des « quartiers urbains où se posent des problèmes sociaux et de sécurité particulièrement difficiles », en échange d'un droit prioritaire à la mutation et de la prise de grade plus rapide.

    Mais avant Noël, les cartes ont été rebattues. Après 12 000 recours déposés par des policiers de province qui s'estimaient lésés, le Conseil d'Etat a obligé l'administration à revoir sa copie. Résultat : il y a de nouveaux bénéficiaires, 161 circonscriptions de police, et des exclus parmi lesquels les directions spécialisées, les services centraux, ceux du renseignement... Mais aussi le Raid, la police aux frontières, la police judiciaire ou encore la sûreté territoriale. « Sans concertation, ni communication, se désole un fonctionnaire de police judiciaire. Et tout ça après les douloureux jours post-attentats. »

    « En retirant cette allocation à la PAF, on signifie que l'aéroport n'est pas un site sensible. Mais pour tous les événements extérieurs, la COP 21, l'Euro 2016, on sait nous trouver », insiste Mathieu Raël, délégué d'Alliance à Roissy, qui annonce que ces contrôles zélés sont amenés à se répéter, y compris en cas de fort trafic aérien pour « obtenir l'ASA ou une compensation équivalente ». A la direction générale de la police nationale, on assure que « des mesures transitoires sont actuellement à l'étude ».