À Ivry-sur-Seine, une forêt va pousser en pleine ville

L’association Les Pionniers aidée d’habitants ont mis en terre ce week-end près de 2 000 arbres sur un terrain délaissé de 500 m2, cédé par le département.

 Ivry-sur-Seine, ce samedi matin. Des habitants paillent la terre au-dessus des arbres qu’ils viennent de planter sur ce terrain, un délaissé de voirie, qui sera bientôt transformé en mini-forêt urbaine.
Ivry-sur-Seine, ce samedi matin. Des habitants paillent la terre au-dessus des arbres qu’ils viennent de planter sur ce terrain, un délaissé de voirie, qui sera bientôt transformé en mini-forêt urbaine. LP/Marine Legrand

    Leurs manteaux sont trempés, leurs bottes recouvertes de terre mouillée, ils sont transis. Pourtant, rien n'a fait reculer la motivation des dizaines de bénévoles qui se sont relayés, ce samedi, pour planter une forêt urbaine au cœur d'Ivry-sur-Seine.

    Conviés par l'association Les Pionniers, fondée à Arcueil en 2019, ils ont mis en terre plus de 1 950 plants d'arbres sur un terrain de 500 m 2 mis à disposition par le département du Val-de-Marne, à côté du collège Romain-Rolland d'Ivry et face au 162, rue Louise-Aglaé-Crette à Vitry-sur-Seine.

    Objectif : créer un mini-poumon vert en pleine ville, un puits de carbone local riche en biodiversité afin de participer à la protection de l'environnement, à lutter contre le réchauffement climatique tout en améliorant le cadre de vie.

    Une quarantaine d'espèces différentes

    « En 2019, nous avons démarché plusieurs communes du Val-de-Marne ainsi que le conseil départemental. Chennevières-sur-Marne et le département ont tout de suite répondu oui ! », se souvient Guillaume Dozier, cofondateur des Pionniers avec Sylvain Semoux, le président.

    « Nous avons fait le tour de plusieurs terrains susceptibles d'accueillir l'opération et l'association a opté pour celui-ci », raconte Bruno Hélin (PS), vice-président du conseil départemental chargé de l'Environnement. « Il s'agit d'un délaissé de voirie qui s'y prête bien car il est assez grand, plat et accessible par la route », décrit Guillaume Dozier. « Et nous n'avions aucun projet particulier ici », ajoute Christian Favier (PCF), président du département.

    Ivry-sur-Seine, samedi matin. Le terrain se situe près du collège Romain-Rolland. LP/Marine Legrand
    Ivry-sur-Seine, samedi matin. Le terrain se situe près du collège Romain-Rolland. LP/Marine Legrand LP/Marine Legrand

    Chênes, hêtres, cornouillers, houx, genêts à balais… Une quarantaine d'espèces différentes ont donc été plantées les unes après les autres tout au long de la journée, puis recouvertes de paille pour les protéger, retenir l'humidité et empêcher la prolifération des mauvaises herbes. Les plants ont été fournis par la pépinière départementale située à Mandres-les-Roses. La terre du site a été préparée en amont : retournée pour l'aérer et retirer les blocs de pierre, puis enrichie par du compost provenant de restaurants administratifs et scolaires du département à Valenton et Vitry-sur-Seine.

    La forêt qui aurait existé si l'Homme n'était pas intervenu

    Mais il ne s'agit pas d'un bois comme les autres. L'association et les bénévoles ont utilisé la technique japonaise Miyawaki. « Elle consiste à planter de façon inhabituellement dense de jeunes plants respectant une biodiversité proche de celle de la forêt naturelle », explique le département.

    « Nous créons un écosystème forestier représentatif de la végétation qui aurait poussé naturellement si l'Homme n'était pas intervenu durant cent ans, décrypte Damien, un bénévole venu de Paris spécialement pour l'opération. D'où la densité exceptionnelle qui apporte une compétition vertueuse entre les espèces car chacune va chercher la lumière. Donc les arbres pousseront plus vite, résisteront plus longtemps, auront un système racinaire d'entraide et non de nuisances mutuelles. La densité réduira le besoin de désherber car il y aura moins de lumière atteignant le sol pour faire pousser les herbacées. »

    Des initiatives ailleurs ?

    Les premiers résultats seront visibles d'ici trois ans, selon l'association. « Mais dès l'an prochain, si vous passez devant, vous verrez le changement », s'enthousiasme Damien.

    Christian Favier espère que l'initiative fera des petits ailleurs. Chennevières-sur-Marne avait ouvert la voie en mai 2019 en créant une mini-forêt urbaine « qui a suscité un vrai engouement de la part de la population, des familles, etc. », sourit Guillaume Dozier. À Créteil, dans le cadre de la rénovation urbaine du Mont-Mesly, une forêt urbaine est envisagée, avec la plantation de 1 000 arbres.

    Le maire d'Ivry-sur-Seine, Philippe Bouyssou (PCF), est aussi emballé : « Nous sommes en train de faire l'inventaire de nos terrains communaux, qui ne seront peut-être pas aussi grands, pour voir si certains pourraient s'y prêter. »