Coronavirus : les petits escrocs aux masques périmés remis en liberté

Ces trois jeunes interpellés à Maisons-Alfort et placés sous contrôle judiciaire, sont poursuivis pour escroquerie en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs.

 Maisons-Alfort, quartier du Charentonneau, ce jeudi matin. Découverte du stock de masques périmés.
Maisons-Alfort, quartier du Charentonneau, ce jeudi matin. Découverte du stock de masques périmés. DR

    Tout est parti d'une discussion banale sur le coronavirus entre deux copains le 29 février. L'un se dit qu'il y a de l'argent à se faire avec la pénurie de masques qui se profile. L'autre fait défiler aussitôt les annonces sur le site Leboncoin. En quelques secondes, l'affaire est entendue. La première transaction est une réussite. La deuxième, plus importante, vire à la déconfiture. Et voilà comment en quelques jours, trois jeunes âgés d'une vingtaine d'années se sont retrouvés en garde à vue en début de semaine à Maisons-Alfort.

    Ce vendredi soir, ils ont été placés sous contrôle judiciaire et remis en liberté. « Nous avons ouvert une information judiciaire pour escroquerie en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs », nous a précisé ce dimanche le parquet de Créteil.

    Ils remettent en jeu leur mise

    Au début, ça marche comme sur des roulettes. À Saint-Etienne (Loire), un vendeur propose 8 000 masques FFP2 (le modèle le plus répandu et réservé au personnel médical) à un euro pièce et 20 000 masques chirurgicaux encore moins chers. Les copains sollicitent leurs proches et parviennent à réunir les 11 000 euros demandés. Une fois achetée, la marchandise est revendue dès le 2 mars pour un total de 23 500 euros à deux acheteurs.

    C'est tellement facile qu'ils rappellent le vendeur de Saint-Etienne et mettent sur la table les 23 500 euros. Ils repartent avec 9 100 masques FFP2 qu'ils reconditionneront et 42 000 masques chirurgicaux. Les voilà avec 40 000 euros. Qu'ils dépensent le 4 mars pour acheter 40 000 masques FFP2 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Le hic, c'est que la date de péremption, septembre 2012, est marquée sur la marchandise. Qu'à cela ne tienne, ils l'effacent après avoir acheté des bouteilles de solvant. Ils en sont là de leur business florissant quand une voisine trop curieuse fait tout capoter.

    « Aucune incidence sanitaire », selon un des avocats

    Dans les locaux où toute la marchandise était stockée, les enquêteurs ont même trouvé 2,8 kg de cannabis avec, semble-t-il, un THC (qui donne l'effet planant) proche de zéro. D'après une source proche de l'enquête, menée par les policiers de Maisons-Alfort, le jeune à qui elle appartenait avait tenté de se lancer dans le business de la drogue thérapeutique, à l'époque où un flou pénal entourait ce commerce. En tout cas, il n'est plus poursuivi pour détention de stupéfiants dans le cadre de l'affaire de Maisons-Alfort.

    Que risquent-ils aujourd'hui ? « Ils ignoraient que la marchandise qu'ils achetaient était volée, estime Mathias Darmon, un des avocats des mis en examen. Ce sont des novices de l'escroquerie. On n'est pas en face d'une bande organisée. » Et le problème de la date de péremption ? « Il n'y a eu aucune incidence sanitaire, souligne Grégory Bensadoun, avocat lui aussi du même jeune. Un masque ne peut pas être utilisé plus de 10 ans. Pour le reste, c'est un peu comme un médicament périmé. Ils n'ont pas mis en danger qui que ce soit. »