Deux nouveaux centres de rétention au Mesnil-Amelot

Deux nouveaux centres de rétention au Mesnil-Amelot

    En 2010, au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), un village de 685 habitants en bout de pistes de Roissy, une personne sur trois sera un retenu dans un des centres de rétention administrative (CRA). En construisant côte à côte deux bâtiments de 120 places chacun, en face de la zone d'activité, le ministère de l'Immigration triple ici sa capacité d'expulsion de clandestins. Le premier bâtiment doit ouvrir à la rentrée, le second au printemps 2010.

    Et contrairement à ce qui a toujours été annoncé, le centre de 140 places situé le long des pistes de l'aéroport ne fermera pas. La commune devient ainsi en quelque sorte le plus grand centre de France, capable d'enfermer 380 personnes en situation irrégulière. Pour y arriver, l'Etat a quelque peu contourné la législation, qui interdit de construire des CRA de plus 140 places.

    Des studios à la disposition des familles

    Un record qui ne fait pas la fierté du village , qui ne touchera aucune recette fiscale de ces centres . « Brice Hortefeux (NDLR : l'ex-ministre de l'Immigration, remplacé en janvier par Eric Besson) voulait des CRA à taille humaine, je ne sais pas si avoir le plus grand de France est une chose à hauteur humaine, soupire Alain Aubry, le maire (UMP) du Mesnil-Amelot. Trois centres de rétention dans ma commune, c'est difficile à accepter. Difficile aussi, pour les retenus, d'être cloîtré en attendant de monter dans un avion. »

    La Cimade, l'association présente dans ces centres qui défend les droits des retenus, dénonce une industrialisation : « Dans ces nouveaux bâtiments, tout est pensé pour minimiser les contacts et maximiser les reconduites. C'est déshumanisant. Il faut arrêter de définir les droits de l'homme dans une logique libérale. Comment avoir des entretiens poussés quand il y a autant de retenus ? »

    Grande nouveauté, afin de désengorger le tribunal de Meaux, les audiences concernant les expulsions se dérouleront au Mesnil-Amelot, à la sortie des centres. C'est la police aux frontières (PAF) et non plus la gendarmerie qui est désormais compétente dans ces établissements. Une vingtaine de policiers veilleront sur les retenus en permanence, mais aussi parfois sur des enfants qui, eux, échappent aux procédures administratives.

    Des studios sont en effet prévus pour ne pas séparer les familles. Une disposition qui existe déjà à Rennes (Ille-et-Vilaine) et à Coquelles (Pas-de-Calais). Le président de la République a fixé à 27 000 le nombre d'expulsions pour 2009, dont un tiers concernerait des volontaires au départ.