A Ivry, écologistes, insoumis et socialistes s’unissent contre les communistes

L’alliance est inédite. Et à rebours des discours nationaux : PS-EELV-LFI font front commun contre le PC, dans une ville administrée par le Parti communiste depuis près d’un siècle.

 Ivry-sur-Seine. Le PS rejoint le tandem formé par EELV et LFI pour le 15 mars. C’est ce qu’ont annoncé ce jeudi matin la socialiste Sandrine Bernard (à gauche), l’Insoumis Mourad Tagzout (à droite) et l’écologiste Sabrina Sebaihi (au centre), tête de liste d’Ivry Demain.
Ivry-sur-Seine. Le PS rejoint le tandem formé par EELV et LFI pour le 15 mars. C’est ce qu’ont annoncé ce jeudi matin la socialiste Sandrine Bernard (à gauche), l’Insoumis Mourad Tagzout (à droite) et l’écologiste Sabrina Sebaihi (au centre), tête de liste d’Ivry Demain. LP/L.M / Arthur Gosnat

    Fini « le parti hégémonique et les autres qui servent de faire-valoir » : le Parti communiste ne pourra pas compter sur le soutien des forces politiques de gauche avec des élus à Ivry-sur-Seine. Du moins pas au premier tour des élections municipales.

    Le PS rejoint le tandem EELV-LFI officialisé le 20 décembre. C'est ce qu'ont annoncé ce jeudi matin la socialiste Sandrine Bernard, l'Insoumis Mourad Tagzout et l'écologiste Sabrina Sebaihi, tête de liste d'Ivry Demain. Les trois sont élus au conseil municipal.

    Une telle alliance est inédite dans ce bastion rouge, mais aussi nationalement. C'est à Ivry que les écologistes ont fait leur meilleur score aux Européennes dans le Val-de-Marne.

    « Des supplétifs plutôt que des partenaires »

    « Nos trois forces dressent un constat similaire, explique Sabrina Sebaihi. Nous n'avons pas réussi à travailler avec le Parti communiste sur plusieurs questions. Notamment celle des pratiques. Et parce que nous avons été considérés comme des supplétifs plutôt que comme des partenaires. »

    Exit, les divergences des trois partis sur la scène nationale. « De toute façon, les différences concernent aussi le PCF, balaie Mourad Tagzout. Il ne s'agit plus de considérer que le rassemblement des forces de progrès est bon quand il se fait sous la houlette de Philippe Bouyssou (NDLR : le maire PCF sortant) et mauvais quand il ne l'est pas. »

    « Nous partageons surtout l'urgence de faire de la politique autrement », avance Sandrine Bernard. Comment ? « En associant concrètement les Ivryens, pas seulement à l'occasion des Assises de la ville ou de pseudo-coopératives citoyennes », reprend Mourad Tagzout. Le tacle est pour Philippe Bouyssou qui a organisé des assemblées citoyennes, dont sont issus un tiers de ses colistiers.

    La liste est « encore en construction », mais Sandrine Bernard promet déjà « un renouvellement », et une représentation des trois équipes « en fonction des rapports de force politiques existant dans la ville ». « Avec l'idée que personne n'écrase l'autre », insiste Mourad Tagzout.

    « 6 000 arbres durant le mandat »

    Autre engagement : « Passer d'une ville grise à une ville verte, brandit Sabrina Sebaihi. Nous mettrons en place un véritable plan climat municipal incluant la plantation de 4 000 à 6 000 arbres durant le mandat, et le développement d'îlots de fraîcheur qui font tant défaut à la ville. »

    Le trio maintient son opposition catégorique à la reconstruction décriée de l'incinérateur - dossier sur lequel, rappellent-ils, « les trois organisations politiques ont voté de la même manière » en conseil municipal — et l'idée d'un moratoire sur toute construction dans la ZAC Confluences « densifiée à outrance ».

    « On n'a pas pris les choses de la même manière durant le mandat, mais on est tous arrivé aux mêmes conclusions sur les grands dossiers de politique publique, conclue Sabrina Sebaihi. Et la seule question que l'on doit se poser, c'est quelle ville on laisse aux générations futures ? »

    « Je ne vais pas faire semblant de tomber de l'armoire, grince Philippe Bouyssou à l'officialisation du trio. J'avais des échos sur ce rapprochement. Ivry est un petit village. »

    Il faudra me dire où était l'hégémonie

    En lice pour un second mandat avec l'appui de Génération.s, Ensemble ! et Convergence citoyenne ivryenne, le maire y voit « un truc très politicien au sens le moins noble ». « Une forme d'anticommunisme primaire » couplée au « seul objectif de faire fructifier les résultats des Européennes ».

    « Jamais EELV n'avait eu de portefeuilles aussi importants avec la tranquillité publique, la santé ou encore la politique de la ville, soutient le sortant. Il faudra me dire où était l'hégémonie durant ce mandat de progrès. »