Vaccination, prévention, formation : à Saint-Mandé, l’hôpital Bégin au cœur de la lutte contre Ebola

L’hôpital est le seul à vacciner contre la maladie en France. Les soignants des ONG en poste ou en mission en République Démocratique du Congo, eux, le sont s’ils le souhaitent.

 À l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Bégin, à Saint-Mandé (Seine-Saint-Denis), le Médecin en chef Cécile, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales, vaccine contre la fièvre hémorragique Ebola les volontaires des ONG, en poste et en mission en République Démocratique du Congo
À l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Bégin, à Saint-Mandé (Seine-Saint-Denis), le Médecin en chef Cécile, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales, vaccine contre la fièvre hémorragique Ebola les volontaires des ONG, en poste et en mission en République Démocratique du Congo LP/Corinne Nèves.

    Tandis que l'épidémie de fièvre hémorragique connue sous le nom d'Ebola sévit depuis un an en République Démocratique du Congo (RDC), l'hôpital d'Instruction des Armées Bégin (HIA Bégin), à Saint-Mandé, est le seul établissement français à être autorisé à vacciner les soignants qui partent sur le terrain.

    « L'OMS vient de déclarer Ebola au rang d'urgence sanitaire mondiale, rappelle la Médecin en chef Cécile, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales, à Bégin. Nous, nous vaccinons contre Ebola depuis décembre 2018. C'est une réponse à la demande des Organisations Non Gouvernementales (ONG) françaises, mise en place par le ministère de la Santé, et celui des Armées ».

    Même si à ce jour aucun vaccin contre ce fléau ne dispose d'une autorisation de mise sur le marché (AMM), à l'été 2018, un avis favorable à l'utilisation du vaccin « rVSV-Zebov », de la firme américaine Merck & Co, a été donné par le Haut conseil de la santé publique. Il fait partie les mesures préventives à utiliser chez les personnels soignants pouvant être en contact avec les personnes atteintes du virus Ebola.

    « Cela se fait sur la base du volontariat », poursuit le médecin en chef Cécile. Mais la procédure est stricte : « C'est l'ONG qui fait sa demande au Centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales (Corruss), pour accord. Les volontaires reçoivent toute l'information possible en amont et doivent signer un consentement éclairé ».

    Vaccin 100 % efficace

    Les stocks de vaccins congelés arrivent à la demande depuis l'Établissement de ravitaillement sanitaire des armées (Ersa), à Vitry-le-François (Marne) et peuvent être injectés entre 10 et 15 jours avant le départ. Les volontaires sont surveillés, au sein de l'hôpital. À plus long terme, un suivi médical est également prévu via le site Ebosignea du ministère chargé de la santé. Ils sont protégés pour un an.

    La vaccination est également autorisée pour le personnel soignant de Bégin susceptible d'accueillir les patients éventuellement rapatriés.

    « Sur le terrain, ce vaccin montre 100 % d'efficacité, assure le médecin chef Céline. Au 21 juillet dernier, 171 000 personnes l'ont reçu. La mise sur le marché pourrait être annoncée l'année prochaine ».

    Les discussions sont en cours pour l'utilisation d'un second vaccin, émanant du laboratoire

    elge Janssens. « Il pourrait l'être dans le cadre d'une vaccination de masse, dite en rideau : c'est-à-dire un peu comme un pare-feu et non plus « en anneau » soit dans le cercle des gens en contact avec le patient atteint ».

    Bégin continue aussi de former les brigades de sapeurs-pompiers de Paris susceptibles de prendre en charge, sur demande des ministères de la Santé et des armées, un ressortissant français atteint qui serait rapatrié à Bégin dans une des quatre chambres stériles de l'unité spéciale ultra-sécurisé. En 2014, c'est là que l'infirmière française de Médecins Sans Frontières a été accueillie et soignée.

    LA CROIX-ROUGE ET MSF « RECOMMANDE LE VACCIN À LEURS VOLONTAIRES »

    « Les chiffres sont rassurants. Le jour où le vaccin sera officiellement validé, ce sera une avancée majeure ». Vincent Falgairou, 38 ans, épidémiologiste est responsable du Département expertise technique et urgence à la Croix-Rouge française. A la veille d'un nouveau départ pour l'Afrique, il explique que son association « conseille plutôt à ses volontaires de se faire vacciner ». Lui l'a été en 2018. Sur place, en République Démocratique du Congo, en collaboration avec la Croix-Rouge locale, les équipes réalisent des activités « autour » de l'épidémie.

    « Ce sont notamment des enterrements dignes et sécurisés respectant autant que faire se peut les rites funéraires particuliers. Nous décontaminons les maisons et plaçons le défunt dans un sac mortuaire ». Mais ces volontaires mettent aussi en place des circuits particuliers pour les Congolais se rendant dans les centres de santé. « Ils peuvent permettre un dépistage précoce, avec isolation possible avant le transfert dans un centre de traitement Ébola », ajoute-t-il.

    Même conseil du côté de Médecins Sans Frontières : « On encourage nos volontaires à se faire vacciner, assure Mathilde Berthelot, responsable de la santé du personnel de terrain chez MSF. C'est une protection supplémentaire : la principale reste la précaution universelle, de se protéger et d'éviter de prendre des risques lors des soins. Tout le monde a une formation. ». MSF se satisfait de la décision prise en décembre dernier par le ministère de la Santé d'élargir les vaccins au personnel non médical et non Français. « Un logisticien qui va dans un centre de santé pour gérer les déchets, dans une zone de transmission active, est autant à risque qu'un personnel médical et on travaille avec n'importe quelle nationalité ».