Val-de-Marne : l’association qui aide les jeunes à faire de leur singularité une force

Béatrice de Boissieu crée l’association « Différents et heureux ». Elle recherche des témoins et des parrains pour que les jeunes tirent le meilleur d’eux-mêmes.

 Ingénieure et coach, Béatrice de Boissieu lance « Différent et heureux », une association pour aider les jeunes dans leurs parcours professionnels.
Ingénieure et coach, Béatrice de Boissieu lance « Différent et heureux », une association pour aider les jeunes dans leurs parcours professionnels. LP/Laure Parny

    Trop petit. Trop grand. Trop gros. Venant d'un pays sur lesquels les clichés ne manquent pas. Souffrant d'un handicap. Avec les oreilles décollées ou une couleur de peau discriminée. Femme dans un milieu d'hommes. Les particularités de chacun, qui peuvent amener à se sentir différent, ne manquent pas. Pourtant il est un âge auquel ne pas se sentir comme tout le monde peut générer une angoisse qui vous gâche la vie.

    Béatrice de Boissieu, habitante de Champigny de 46 ans, compte bien accompagner les jeunes Val-de-Marnais, et même Franciliens, pour qu'ils fassent de leur singularité une force. Ingénieure et coach, elle vient de créer l'association Différent et heureux, qui s'adresse aux 15-30 ans, qu'elle veut accompagner dans leurs projets professionnels. Elle recherche maintenant des adultes, prêts à témoigner de leurs succès obtenus malgré ce que certains qualifient de « différence ».

    « Toute personne qui s'est sentie discriminée à un moment et a su relever la tête et mener une carrière comme elle le souhaitait peut témoigner, nous avons besoin de ces parcours de vie pour que les jeunes se reconnaissent en eux », défend Béatrice de Boissieu.

    Fortement marquée par le meurtre de Georges Floyd

    Ingénieure en informatique dans une banque, Béatrice de Boissieu a été fortement marquée par le meurtre de Georges Floyd et les mouvements de protestations des minorités aux Etats-Unis, dont elle ne peut pas parler sans avoir la chair de poule. Elle a voulu aller plus loin que l'aide qu'elle apporte déjà individuellement à ceux qui font appel à elle en tant que coach. Pour les jeunes, rejoindre l'association sera gratuit et permettra d'obtenir des conseils, ou encore de se faire parrainer par un adhérent de l'association.

    Vera Ferreira fait partie de ces bénévoles prêts à s'investir. A 35 ans, cette Seine-et-Marnaise responsable de site pour un bailleur social veut faire profiter les jeunes de son expérience. « Mes origines corses et portugaises ont fait de moi quelqu'un de différent aux yeux des autres quand nous sommes arrivés dans notre petite ville du nord Seine-et-Marne, en 1992, raconte-t-elle. J'ai souffert de racisme, mais aussi de moqueries dues à une tache de naissance sur la jambe. A l'âge où on se construit, c'est dur. »

    Le témoignage de Véra et de sa fille

    Mais Vera a fait de cette période difficile une force qu'elle transmet maintenant à sa fille de 11 ans. Atteinte d'une maladie orpheline, elle aussi connaît les moqueries de ses camarades de classe. « Nous sommes toutes les deux prêtes à témoigner, plus on aura de personnes qui parlent de leur souffrance, plus ça fera prendre conscience aux autres que quelles que soient ces particularités on reste humain. » Si Vera Ferreira a appris à sa fille à ignorer les remarques négatives, Béatrice de Boissieu pense à tous ceux que ce harcèlement insupportable pousse à mettre fin à leur jour.

    « Quand on est passé par ces difficultés on comprend qu'il n'est pas évident d'en parler de se faire aider, mais maintenant l'association sera là pour ça », estime la fondatrice de Différent et heureux, qui s'appuie aussi sur les retours de ses fils de 15 et 17 ans pour décider des actions à privilégier. Du haut de son mètre 80, avec sa peau de Guadeloupéenne et suivant des études d'ingénieur en mécanique très masculines, Béatrice de Boissieu a dû batailler pour que sa carrière ressemble à ce qu'elle avait toujours espéré.

    Aller dans les écoles

    D'une famille modeste, où avoir de grands pieds signifiait acheter des chaussures de garçons dès le CM2 et ne pas avoir recours à des magasins spécialisés, elle s'est toujours battue pour réussir. C'est ce parcours et celui des témoins qui la rejoindront, qu'elle veut maintenant aller raconter dans des établissements scolaires.

    « J'animerai aussi des ateliers pour trouver sa voie, apprendre à prendre la parole en public ou encore faire de sa différence une force, promet Béatrice de Boissieu. L'élan que les remarques m'ont donné pour prouver à ceux qui les disaient qu'ils avaient tort, je veux le partager. »

    Toute personne intéressée peut contacter l'association sur : https://www.differentetheureux.org/racontez-votre-histoire