Vitry : les agressions contre les Asiatiques se multiplient à nouveau

Trois adolescents soupçonnés d’avoir fait onze victimes ont été placés en garde à vue. Au-delà de cette affaire, le phénomène devient récurrent chaque année.

 Vitry, ce jeudi matin. C’est à cet endroit qu’une dame d’origine asiatique a été victime d’une agression mercredi soir.
Vitry, ce jeudi matin. C’est à cet endroit qu’une dame d’origine asiatique a été victime d’une agression mercredi soir. LP/Fanny Delporte

    Pour ces adolescents à peine sortis de l'enfance, ce n'est même pas une agression. C'est un rite de passage. « Se faire un Chinois », c'est montrer qu'on mérite de faire partie de la bande. Et à Vitry, ainsi qu'à Ivry, il faut croire que pas mal de jeunes ont des choses à prouver.

    Ce mercredi soir, alors que trois mineurs, soupçonnés d'avoir attaqué à 11 reprises des personnes d'apparence asiatique, se trouvaient en garde à vue au commissariat de Vitry, une femme d'origine cambodgienne était victime d'un vol à l'arraché à moins de 500 m de là. Une agression désormais « classique » depuis deux ou trois ans sur le secteur, dès que les beaux jours arrivent.

    Des actes commis le long de la 183

    « Depuis début avril, ça reprend », constate un membre de la communauté. Le mode opératoire est simple : les voleurs chassent le long de la ligne de bus 183. Ils repèrent une femme d'origine asiatique, chevauchent un scooter, lui arrachent son sac à main ou ses objets de valeur et prennent la fuite, parfois en s'engouffrant dans une voiture où attend un complice.

    C'est notamment grâce à une immatriculation relevée sur un véhicule après une agression le 13 avril que les policiers de Vitry sont parvenus à remonter sur les suspects et à leur imputer d'autres faits à la suite des perquisitions.

    Contrairement aux clichés, les victimes n'ont pas les poches remplies d'argent liquide. « Le butin est parfois de 10 ou 20 € », soupire une source proche du dossier.

    « On est devenu une cible », résume Sun-Lay Tan, porte-parole départemental de l'association « La sécurité pour tous ». Les membres travaillent pour que la parole des victimes se libère. « On estime qu'une fois sur deux, la personne agressée n'ose pas porter plainte, évalue un autre membre de la communauté. Ce n'est pas dans la culture des personnes d'origine asiatique. »

    « Il faut pourtant qu'on arrive à persuader les victimes, souligne le porte-parole. Si on ne fait rien, à terme, il y aura un drame. »