Fusillade mortelle à Pigalle

Un inconnu a abattu de plusieurs coups de feu un gérant de fast-food et tué un serveur, samedi à 1 h 40, dans un quartier animé de Paris.

Fusillade mortelle à Pigalle

    Dans les appartements coquets du 27, rue Fontaine (IXe), situés en plein Pigalle à deux pas du Moulin-Rouge, les habitants sont choqués. Mais hier matin, en se réveillant, aucun d'entre eux n'était vraiment très étonné d'apprendre que sous leurs fenêtres, à 1 h 40 dans la nuit de vendredi à samedi, le petit fast-food Mille et Une Pâtes avait été la cible de plusieurs coups de feu. Ni en entendant le bilan très lourd de cette fusillade : deux hommes d'une trentaine d'années sont décédés. « Le gérant du restaurant est mort sur le coup », a déclaré Pascal Disant, officier du syndicat policier Alliance. Le second, serveur dans le pub Paradise oriental lounge, situé dans la même rue juste en face, est mort en fin de journée à la Pitié-Salpêtrière (XIIIe).

    « Ce restaurant est louche depuis le début »

    L'une des deux victimes est originaire du Clos Saint-Lazare à Stains (Seine-Saint-Denis). Son frère avait également été la cible d'une fusillade il y a quatre ans pour une histoire de drogue. L'autre victime de la tuerie de Pigalle habitait au quartier de Lurçat, à Stains aussi. La brigade criminelle de Paris est chargée de l'enquête. Elle devra déterminer l'identité et les mobiles de l'homme casqué décrit hier par une quinzaine de témoins, qui est arrivé à pied et a tiré avec un pistolet avant de repartir, toujours à pied. Mais, déjà, la piste du règlement de comptes est privilégiée. Ce serait le deuxième en huit jours dans la capitale (voir encadré).

    « Cette thèse paraît logique, approuve un habitant du 27, rue Fontaine. Ce restaurant est ouvert depuis l'été 2008 et il n'y avait jamais aucun client à l'intérieur. Les serveurs changeaient tout le temps et ils passaient plus de temps à discuter dehors qu'à travaillerâ?¦ Franchement, et ce n'est pas parce que cette fusillade a eu lieu, cet endroit est louche depuis le début. » D'autres habitants sont plus directs et parlent de la boutique comme d'une simple façade destinée à blanchir de l'argent sale. « Un secret de polichinelle, juge l'un d'entre eux. En plus, ils se faisaient livrer des colis très suspectsâ?¦sans jamais nourrir aucun client. »

    Le réceptionniste d'un hôtel de la rue Fontaine, où les bars à hôtesses côtoient le primeur et la pharmacie, ajoute : « Il y avait toujours de belles voitures haut de gamme garées devant. Notamment une Lamborghini blanche décapotable. » Cette voiture, Martine ne l'a jamais remarquée. Mais cette habitante de la rue risque de ne jamais oublier l'enseigne du restaurantâ?¦ « A deux minutes près, j'étais dans la fusillade, souffle la dame d'une cinquantaine d'années. Je suis descendue sortir mon chien vers 1 h 30. Quand je suis remontée, j'ai entendu 6 ou 7 déflagrations. J'ai alors refermé mes fenêtres en pensant à un accident de voitureâ?¦ Ce matin, j'en ai la chair de poule. »