La préfecture des Yvelines cherche un employé spécialisé en « refus en droit des étrangers » et enflamme les réseaux

La formulation de cette offre d’emploi a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Mais la fiche de poste concerne bien le service des contentieux qui rédige exclusivement les refus. Un « acte manqué » représentatif de la politique actuelle, selon la Ligue des Droits de l’Homme.

Le poste est à pourvoir au sein de la préfecture des Yvelines, à Versailles, à partir du 1er octobre. (Illustration) LP/Julie Ménard
Le poste est à pourvoir au sein de la préfecture des Yvelines, à Versailles, à partir du 1er octobre. (Illustration) LP/Julie Ménard

    L’intitulé est étonnant mais il n’y a pas d’erreur. La préfecture des Yvelines est bien en quête d’un rédacteur ou d’une rédactrice « refus en droits des étrangers » pour reprendre un poste vacant à partir du 1er octobre dans ses locaux à Versailles. L’offre d’emploi mise en ligne sur le site de recrutement du gouvernement, choisirleservicepublic.gouv.fr, a été reprise sur Twitter ce vendredi et vue plus de 15 000 fois.

    « Cette offre d’emploi en dit long sur les consignes reçues dans les préfectures », s’indigne un utilisateur du réseau social. « Très inquiétant… » commente un autre. Pour la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) des Yvelines, il s’agit là d’une « bêtise » commise par les services de l’État.

    « On peut l’assimiler à un acte manqué, estime Pierre De Jean, porte-parole de la LDH 78. C’est du langage technique dans toute sa splendeur. Qu’il y ait des refus, on peut le comprendre, mais de le mettre en avant comme ça, c’est significatif de la politique du gouvernement qui est de refuser au maximum sans forcément chercher plus loin. »

    « Contrairement aux réponses favorables, les refus doivent être motivés »

    Dans le détail de la fiche de poste, il est précisé que l’employé sera rattaché à la section « contentieux refus » de la préfecture. Celui-ci étant exclusivement chargé de la rédaction des refus de titre de séjour et de l’exécution des jugements rendus en ce sens par les tribunaux. Il est donc avéré que la personne recrutée devra essentiellement s’atteler à cette tâche. Ce qui n’empêche pas les services annexes de délivrer des autorisations lorsque celles-ci sont accordées.

    « Contrairement aux réponses favorables, les refus doivent être motivés et font régulièrement l’objet de contentieux, explique la préfecture des Yvelines. Ce qui nécessite un niveau d’expertise juridique particulier et a justifié la rédaction d’une fiche de poste spécifique. »

    Reste que pour les associations locales de défense des migrants, « la formulation est choquante ». D’autant que le métier de référence mentionné à la fin de l’offre d’emploi est celui, plus général, de « chargé de l’instruction et de la délivrance des titres ».