Yvelines : il y a dix ans, Grand-Marnier quittait Neauphle-le-Château

Cette petite commune a accueilli pendant 130 ans la fabrication de la célèbre liqueur. Mais les nouvelles normes européennes n’ont pas permis de pérenniser l’avenir de ce site dans les Yvelines.

Neauphle-le-Château, archives. La distillerie était installée dans ce grand village depuis 1880.
Neauphle-le-Château, archives. La distillerie était installée dans ce grand village depuis 1880.

    L’une des liqueurs les plus connues au monde a longtemps été fabriquée au cœur des Yvelines. Pendant presque 130 ans, Neauphle-le-Château a accueilli la production du Grand-Marnier, au beau milieu de ce grand village proche de Thoiry.

    Fermée il y a tout juste dix ans, l’usine a longtemps fait la fierté de la commune. Plantée devant l’église, elle dégageait toute la journée un puissant parfum d’orange amère, l’ingrédient essentiel de cet alcool, parmi les plus vendus dans le monde.

    Les journées portes ouvertes attiraient les foules qui pouvaient y découvrir la macération en fûts de chêne, le « dépeçage » des oranges venues d’Haïti et dont on ne gardait que l’écorce… Il n’était pas rare que, baigné dans ces effluves divinement parfumés, on en ressorte avec une légère griserie.

    Sous pavillon italien en 2016 et vide aujourd’hui

    Au départ, pourtant, son concepteur n’affichait aucune ambition internationale. Au début du XIXe siècle, les Lapostolle, propriétaires d’un bistrot au cœur du bourg, ouvrent une petite distillerie. On y fabrique de l’eau-de-vie à partir de fruits de la région. Le bouche-à-oreille, le mariage d’une fille Lapostolle avec Louis-Alexandre Marnier, jeune homme ambitieux et pressé, sa rencontre avec le patron du célèbre hôtel Ritz, vont faire du Grand-Marnier une boisson connue dans le monde entier.

    Malheureusement pour Neauphle, l’aventure s’arrêtera en 2012. Les nouvelles réglementations européennes, plus contraignantes, imposeront la fermeture de cette usine, jugée trop dangereuse pour cet environnement urbain. Depuis 2012, le traitement des oranges a été délocalisé à Cognac (Charente) et la mise en bouteilles s’effectue à Gaillon, dans l’Eure.

    A Neauphle-le-Château, le site est passé sous pavillon italien en 2016 avec le rachat de l’entreprise Campari, spécialisée dans les apéritifs. Mais depuis son départ, il est aujourd’hui vide et dans l’attente d’un projet immobilier.