Yvelines : les comptes bancaires frauduleux alimentaient des jeux d’argent

Un buraliste de Chambourcy et trois de ses clients sont soupçonnés d’avoir blanchi plus de 200 000 euros escroqués à des banques en passant par des comptes de la Française des jeux.

 Illustration. Les crédits obtenus auprès de banques avec de faux documents étaient redéposés sur des comptes clients de la FDJ.
Illustration. Les crédits obtenus auprès de banques avec de faux documents étaient redéposés sur des comptes clients de la FDJ. LP/OB.

    Série d'escroqueries sur fond d'addiction aux jeux d'argent ou opération de blanchiment ? Le doute plane encore sur ce dossier ouvert, vendredi, dans le cabinet d'un juge d'instruction de Versailles. Ce dernier a en tout cas mis en examen un buraliste de Chambourcy, âgé 56 ans, pour « blanchiment en bande organisée », en compagnie d'un autre homme et de deux femmes, âgés de 22 à 37 ans.

    Tous les quatre sont soupçonnés d'avoir blanchi en un peu moins d'un an plus de 220 000 euros provenant d'escroqueries bancaires, via la Française des jeux. Ils ont été remis en liberté, sous contrôle judiciaire, à l'issue de leur passage devant le juge d'instruction.

    Des comptes ouverts avec de faux documents dans des banques des Yvelines, de Seine-Saint-Denis et du Nord

    C'est le responsable d'une banque qui a donné l'alerte en novembre dernier en se rendant au commissariat de Versailles. Il soupçonnait une femme d'avoir ouvert un compte avec de faux documents dans son établissement pour obtenir un crédit. Au total, quatre banques à La Celle-Saint-Cloud, Achères (Yvelines), Bagnolet (Seine-Saint-Denis) et Armentières (Nord) ont été victimes de ces démarches de la part des mêmes personnes.

    Les enquêteurs observent de plus près les flux d'argent et se rendent compte qu'il transite par la Française des jeux (FDJ). Epaulés par leurs collègues du groupe interministériel régional (GIR), ils identifient le patron d'un bar tabac de Chambourcy qui sert d'intermédiaire pour ouvrir des comptes en ligne auprès de la société de jeux d'argent.

    Les sommes obtenues grâce aux crédits bancaires frauduleux alimentent ces comptes clients. D'autres comptes de la FDJ, uniquement dédiés aux paris sportifs, sont ouverts sur Internet grâce aux cartes de crédit associées aux comptes bancaires.

    « L'argent des gains et celui qui n'avait pas été utilisé pour jouer étaient récupérés par les malfaiteurs comme s'il avait une provenance légale et pouvait être utilisé tranquillement pour investir », précise une source proche de l'affaire.

    Selon les suspects, la majeure partie de l'argent a été perdue

    Quatre suspects ont été interpellés la semaine dernière à Chambourcy, Achères, Mézy-sur-Seine et Troyes (Aube). Lors des perquisitions, les policiers ont mis la main sur des documents bancaires les liant aux comptes suspects.

    Durant leurs auditions, les mis en cause ont tenté de minimiser leur implication dans les escroqueries et le blanchiment, assurant que la majeure partie de l'argent qui a servi à ouvrir les comptes à la FDJ a été perdue.

    Selon l'enquête, c'est Edith, une femme de 37 ans complètement dépendante aux jeux d'argent, qui aurait mis en œuvre cette affaire, y associant Alain, un joueur habituel, et sa copine. Ce jeune vendeur de carrelage, devenu complètement accro aux jeux d'argent, avait accepté d'ouvrir des comptes chez le buraliste de Chambourcy. « Mais quand j'ai compris d'où venait l'argent et ce qu'on risquait, je lui ai ordonné d'arrêter », a-t-il certifié au juge, certifiant qu'il allait se faire soigner sa dépendance au jeu.

    Le buraliste, installé à Chambourcy depuis un peu plus d'un an, dit qu'il a été approché par des clients. Accrocs aux jeux, ces derniers avaient perdu beaucoup d'argent dans son établissement, confie-t-il. Il reconnaît juste s'être « un peu laissé entraîner » et « ne pas avoir été assez regardant » sur les règles concernant les clients des jeux d'argent.