La pollution de l’air est en baisse dans notre région mais la partie est loin d’être gagnée

Elle est en baisse, mais trop importante pour se permettre de ne pas agir: la pollution de l’air qu’on respire persiste. Après les zigzags et coups de frein, l’inertie est-elle une option?

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Sonia Bonnin Publié le 15/09/2024 à 08:00, mis à jour le 15/09/2024 à 08:00
Dans notre région, la bonne nouvelle est que "les concentrations moyennes des polluants sont globalement en baisse depuis une vingtaine d’années". Photo N.-M.

Nous voulons tous qu’il y ait moins de pollution dans nos villes – que celle-ci sorte du pot d’échappement d’une voiture (la nôtre), de la cheminée d’un ferry, ou de l’usine d’un industriel.

Dans notre région, la bonne nouvelle est que "les concentrations moyennes des polluants sont globalement en baisse depuis une vingtaine d’années", analyse l’organisme AtmoSud, vigie de la qualité de l’air. Cela se remarque: il y a moins d’épisodes de pollution. Ce fut particulièrement peu le cas cet été, avec trois jours de dépassement dans les Alpes-Maritimes et trois dans le Var.

La mauvaise nouvelle, en revanche, est que la part de population exposée est "de plus en plus importante". Toute la population, en fait, pour au moins un polluant, selon les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

D’ici à la fin de l’année, de nouveaux seuils seront publiés, européens cette fois. Ils "seront moins contraignants que ceux de l’OMS, mais on aura toujours besoin d’ambition dans les territoires, alerte Damien Piga, directeur innovation chez AtmoSud. On aura cinq ans de délai pour s’adapter." D’ici à 2030.

L’efficacité d’une norme

Récapitulons. En 2022 et 2023, "on observe une baisse des émissions de polluants, mais des problèmes locaux de qualité de l’air restent persistants", confirme le Citepa.

Cette association d’experts sur la pollution atmosphérique (et celle des gaz à effet de serre) attribue cette embellie au "renouvellement du parc des véhicules routiers". Le mérite revient à la norme européenne en vigueur depuis 2011: l’obligation faite aux véhicules diesel d’être équipés d’un filtre à particules.

"On sait aujourd’hui que ces particules émises par les diesels sont cancérigènes pour la santé humaine, rappelle Damien Piga. C’est pour cela que nous étions particulièrement attentifs à ces questions de critère et d’interdiction."

Alors, parlons critères. Et vignette Crit’Air. Celle que vous avez fait l’effort d’acheter (peut-être) et de coller sur votre pare-brise, restée décorative.

Dans le Var, de mémoire de préfet, la circulation différentielle n’a jamais été appliquée.

Philippe Mahé n’y va pas par quatre chemins: "Les conditions ne sont pas remplies." En tout cas, "pas encore, collectivement, pour que ce soit admis par le plus grand nombre".

Une difficulté d’acceptation sociale? "Sociale et politique, aussi", note le préfet du Var. Si on lui demande si le projet de zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) est mort-né à Toulon, il répond que non. "Il existe une étude de préfiguration menée par la Métropole", avance-t-il. Et "plaide pour que ce ne soit pas un dossier secret", en reconnaissant que le sujet peut vite être "incompris et devenir un brûlot".

Sur le fond, "la dynamique n’est pas abandonnée, car les émissions continuent. Il y a une pollution qui est claire (sic)."

Le sénateur azuréen Philippe Tabarot connaît bien le dossier ZFE, pour avoir produit un rapport au moment où tous les signaux viraient au rouge. "Ce qu’on a préconisé avait été confirmé, il fallait lever le pied. Desserrer un calendrier irréalisable."

Au 1er janvier 2025, seules deux métropoles se plieront à une obligation: Paris et Lyon. "Mais il est important de garder des objectifs forts, nuance l’élu azuréen. Les transports sont le secteur dans lequel les gaz à effet de serre baissent le moins. On ne peut pas se permettre de ne pas agir."

Nice s’est engagée dans une ZFE-m avec des restrictions ciblées (essentiellement poids lourds et autobus les plus polluants).

La Métropole met en avant ses projets de mobilité douce (extension de ligne de tramway, notamment).

Effet ciseau

De son côté, Toulon et sa grande aire de vie (pauvre en transports en commun) s’interrogent toujours. Le dossier de super-bus est le plus avancé, mais on hésite. On reparle de tramway, celui qu’on a abandonné il y a 15 ans. Voire, on pense sérieusement à ne rien faire…

"Il y a un effet ciseau, décrit Damien Piga, d’AtmoSud. D’un côté, le ras-le-bol des normes. De l’autre, une meilleure connaissance de l’impact de la qualité de l’air sur notre santé. Les effets sont observés à des niveaux plus faibles qu’on ne le croyait auparavant." Au niveau national, 40.000 décès sont reliés à la pollution atmosphérique.

Train, tram’, bus, vélo, tout est bon pour enlever des voitures de la route. Car pour l’instant, la dynamique est toujours à quatre roues. Dans notre Région, selon l’estimation d’AtmoSud, "le trafic routier augmente encore de + 4% chaque année".

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