Le rideau de fer du bar-PMU L’Atrium, au 66 rue de France, reste baissé. Ce jeudi matin, habitués des lieux et passants du quartier s’arrêtent, curieux, intrigués, pour prendre connaissance de l’affichette collée sur la devanture avec un ruban adhésif estampillé "Police nationale". "Enlèvement, séquestration suivie de mort", lit à haute voix Brigitte, une retraitée privée de son petit café.
La fermeture inhabituelle est un cas de force majeure manifestement. "Je me doutais qu’il y avait quelque chose de grave. La police était là hier (Ndlr, mercredi) toute la journée."
Dans le hall de l’immeuble, Marguerite, une locataire, confirme que dès 7 heures du matin, elle a croisé des enquêteurs dans les étages. Ils cherchaient un moyen d’accéder aux caves. Là où, à minuit passé, hier, ils ont sorti un cadavre avec l’aide de sapeurs-pompiers spécialisés dans le sauvetage-déblaiement.
La dépouille, retrouvée dissimulée derrière une couche de ciment assez grossière et des gravats, serait celle d’un quadragénaire disparu au printemps. "Quand ils l’ont sorti, ils ont placé un drap sur lui. Il y avait une odeur épouvantable et encore beaucoup de badauds dans la rue", précise Marguerite.
Dans cet immeuble de trente-deux appartements, rares sont ceux qui n’ont pas fréquenté au moins une fois le bar d’Akim, où l’on joue aux courses ou au Loto. "C’est un homme charmant, affable", précise une voisine en relevant son courrier. "Un mec très sympa", confirme Mohamed, en chiquant du tabac, habitué des lieux depuis deux mois seulement.
Disparu au printemps
Marguerite, elle, a entre-aperçu le gérant livide, assis et menotté alors qu’une perquisition était en cours. La procureure adjointe Parvine Derivery confirme que des gardes à vue sont en cours. Elle n’en dira pas plus. Une instruction, couverte par le secret, est en cours.
Dans le quartier, les rumeurs vont bon train. Seules certitudes: un homme est mort et plusieurs personnes interrogées par les enquêteurs de la brigade criminelle à la caserne Auvare doivent être, ce vendredi matin, présentées au juge d’instruction. Ce qui laisse supposer que le suspect numéro un a peut-être été aidé dans sa besogne quand il a fallu dissimuler le corps.
La disparition au printemps, du quadragénaire, client occasionnel du bar à cette époque, avait été qualifiée "d’inquiétante" par la justice, au point que le procureur de la République avait demandé à la police d’enquêter.
Les premières investigations ont confirmé de sérieux doutes. Le dernier lieu où l’homme avait été vu vivant était cet établissement populaire de la rue de France. Un différend l’aurait opposé au gérant. Une bagarre s’en serait suivie et aurait mal tourné. Il fallait ensuite se débarrasser d’un corps très encombrant. La manière la plus simple et la plus discrète était de le cacher dans la cave située à l’arrière du bar.
Les voisins n’ont rien vu, rien entendu. Aucune odeur ne les a alertés. En revanche, l’opération de recherche a nécessité de recourir à des sapeurs-pompiers spécialisés, à la fois capable de localiser le corps puis de l’exhumer sans dénaturer la scène de crime.
Mission accomplie après plusieurs heures d’effort. Reste à déterminer les circonstances exactes du décès de la victime. Une autopsie devrait éclairer le juge d’instruction et confirmer ou infirmer le récit d’Akim K.
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