Objectif Lune pour les pneus Michelin
Michelin fait partie de l’une des trois équipes choisies par la Nasa pour concevoir ce rover.
Implanter d’ici à 2030 une base sur la Lune pour y capter l’eau stockée sous forme de glace au fond des cratères du pôle Sud… tel est l’objectif que s’est fixé la Nasa. Cette eau servira à la consommation et pourra surtout être transformée en combustible pour se propulser vers Mars. Sur la Lune, comme sur Terre, une automobile est indispensable aux déplacements, qui, tel le parfait SUV, dispose de quatre roues et d’autant de pneus. C’est là que Michelin entre dans la danse.
Notre manufacturier star fait partie de l’équipe Intuitive Machines, un des trois consortiums sélectionnés pour développer ce fameux rover, baptisé Moon Racer. Aux côtés de Boeing – et en concurrence avec Goodyear –, le pneumaticien clermontois doit créer une structure inédite, capable de supporter des contraintes thermiques extrêmes. Les missions Apollo sont restées dans les zones ensoleillées de l’équateur lunaire, dont la température culmine à 100 °C. Le projet Artemis 5, lui, prévoit d’aller là où la lumière ne pénètre pas et où le « mercure » peut chuter à – 240 °C. Le projet retenu sera connu le 25 avril 2025.
Ce sera un pneu sans air, constitué de matériaux de haute technologie
Paris Match. Quelles devront être les qualités de ce pneu lunaire?
Florian Vilcot. Il devra supporter un différentiel de température supérieur à 300 °C. Dans de telles conditions, le caoutchouc que l’on utilise aujourd’hui casserait comme du verre. Ce pneu sera donc constitué de matériaux de haute technologie que nous ne pouvons dévoiler à ce stade. Le sable lunaire (régolite) étant très abrasif et peu compacté par l’absence de gravité, la structure de ce pneu devra être capable de se déformer pour avoir la plus grande surface possible au contact avec le sol et garantir ainsi la meilleure motricité… tout en demeurant très rigide.
Quelles seront ses autres caractéristiques?
Ce sera un pneu sans air – la matière portera la charge du véhicule –, et son diamètre sera de 1 mètre environ, comme celui d’un poids lourd. Il aura pour objectif de parcourir 10 000 kilomètres en dix ans. Tantôt à 15 km/h lorsque le rover sera conduit par les astronautes, tantôt jusqu’à 4 km/h quand le véhicule fonctionnera en autonomie totale, simplement guidé par l’intelligence artificielle.
Comment développe-t-on un pneu lunaire… sur Terre?
C’est à la fois compliqué et passionnant. On cherche des sols représentatifs pour faire des tests. On fabrique des prototypes pour réaliser des simulations. On les plonge dans l’azote liquide à – 196 °C. Nous avons même conçu un véhicule dont la gravité a été divisée par 6, comme c’est le cas sur la Lune. Nous sommes pleins d’imagination…