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Exposition : dans l’atelier de Paolo Roversi

Natalia Vodianova, Paris, 2003.
Natalia Vodianova, Paris, 2003. © Paolo Roversi
Anaël Pigeat , Mis à jour le

À Paris, le Palais Galliera consacre au photographe italien une grande rétrospective. Et montre une œuvre qui dépasse les frontières de la mode.

Sous un chapeau à larges bords, presque comme une auréole, un visage aux traits coupants est plongé d’un côté dans une ombre rouge, et de l’autre, dans des reflets verts. La silhouette est droite, et la canne, sur laquelle s’appuient des mains bleu turquoise, n’a pour fonction que l’élégance.

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C’est Sasha, photographiée en 1985 pour Yohji Yamamoto. Paolo Roversi est internationalement célébré dans le milieu de la mode depuis les années 1980, mais sa pratique s’étend bien au-delà.

Né en 1947 à Ravenne, il rencontre très tôt Peter Knapp, directeur artistique du magazine «Elle », qui le fait venir à Paris. En 1973, il s’installe dans le XIVe arrondissement, où il a toujours son studio. Ses maîtres sont August Sander, Julia Margaret Cameron, Diane Arbus ou Robert Frank, qui fut aussi son ami.

Son vocabulaire artistique se met en place, jeux de double et de flou, éclairage à la torche… Les images qu’il élabore pour Yamamoto, et plus tard pour Comme des garçons ou Azzedine Alaïa, se construisent à partir de ses souvenirs d’enfance des mosaïques byzantines.

Sasha Robertson pour Yohji Yamamoto, Paris, 1985.
Sasha Robertson pour Yohji Yamamoto, Paris, 1985. © Paolo Roversi

Une promenade au fil de son journal

L’exposition que lui consacre le Palais Galliera est comme une promenade avec lui, au fil de son journal. Elle s’ouvre par sa première photographie de mode: sa sœur sur le point de partir au bal. Il avait 9 ans. On y découvre ses célèbres séries pour les plus grands couturiers, qui sont autant de partitions à interpréter.

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Les mannequins ont la majesté des figures antiques. Une surprenante série de nus – pour lui le sommet de l’élégance – est le fruit de photographies reproduites, étrangement fantomatiques. Il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour savoir si cet être qui pose de profil est une femme ou un faucon, coiffé de façon aussi extravagante que sobre. Qu’elles soient ou non destinées à la mode, toutes ses images sont des portraits.

Pour Roversi, l’essentiel se passe en studio. Les récits des mannequins qui ont travaillé avec lui en témoignent: c’est un lieu de vie, de partage, de conversation et de concentration, le lieu d’un temps long.

Des cahiers anciens, dans lesquels sont collés des Polaroid, forment un récit, en images et en mots, des prises de vues – aujourd’hui il prend seulement quelques notes sur ordinateur. Des vitrines laissent entrevoir les minutieuses expériences faites à la feuille d’or, des essais de transparence avec des films photographiques, des livres d’artiste édités avec soin. En 2008, face à la disparition du papier Polaroid dont il avait fait son outil de choix, Roversi a accueilli les nécessités de l’image numérique. Chez lui l’accident est roi, la place est faite au hasard heureux, dans la façon dont les images adviennent. Il raconte souvent qu’il aimerait emporter un appareil photo avec lui dans ses rêves.

«Paolo Roversi», au Palais Galliera, Paris XVIe , jusqu’au 14juillet.
«Paolo Roversi», au Palais Galliera, Paris XVIe , jusqu’au 14juillet. © Palais Galliera

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