Top 14 - La Rochelle : l’an III d’Antoine Hastoy, celui de l’avènement pour le demi d'ouverture maritime ?

L’anecdote ne manque pas de sel pour un garçon numéro un à son poste en club, sorti renforcé d’un été 2024 comme dépositaire du jeu des Bleus. Alors que les Ntamack, Jalibert, Farrell, Lopez, Urdapilleta, Carbonel et consorts ont déjà logiquement étrenné leur n°10 sur les pelouses du Top 14, Antoine Hastoy ne l’a pas encore enfilé, avec La Rochelle. Pas même lors du match de préparation face à Pau, son ancien bastion. Une Section que le demi d’ouverture pourrait bien retrouver samedi, à son poste fétiche.

C’est que le champion d’Europe 2023 a dû jusqu’ici compenser l’absence sur blessure d’un Brice Dulin désormais rétabli. Couvrant d’abord sur le banc les postes d’arrière et d’ouvreur contre Toulon. Démarrant ensuite directement avec le numéro 15 dans le dos face à Toulouse, pour sa cinquantième titularisation avec La Rochelle. La sixième dans le triangle arrière. Où l’ouvreur international (7 sélections) ne rechigne pas à la tâche.

"Un autre regard", pour soigner son profil

"Je m'éclate plus en 10, très honnêtement, mais je suis très bien en 15, aussi. Ça me fait prendre un autre regard. Ça me va très bien de pousser la polyvalence, glisse Antoine Hastoy d’un œil intéressé. On a bien vu que le staff de Fabien (Galthié, sélectionneur du XV de France, N.D.L.R.), depuis le début du mandat, aime bien la polyvalence donc bien sûr que ça peut me servir, à condition d’être performant. Je m’y concentre. J'espère que c'est plus que du dépannage."

En tout début d’année, l’entraîneur responsable de l’attaque maritime Sébastien Boboul y voyait l’embryon d’une "solution intéressante" pour La Rochelle. "Quand il est face au jeu, avec de la vitesse et plus d’espace, proche de la ligne, Antoine est très dangereux." Mais avant tout une solution "occasionnelle. Il a besoin de gagner en expérience au poste de 10, où il veut jouer et s’installer. Ronan (O’Gara, le manager, N.D.L.R.) lui demande depuis l’année dernière de s’imposer au plus haut-niveau. Il reste encore un jeune joueur à ce poste-là sur le haut-niveau, il est encore en apprentissage, à un âge où tu commences vraiment à gagner en maturité. Dans deux ans, il sera au top de son niveau."

Le barrage à Mayol comme tremplin

"Le top de son niveau", Antoine Hastoy l’a sans doute déjà tutoyé, en jaune et noir. Jamais encore de manière régulière mais par ci, par-là. Pas plus tard qu’en juin dernier, par exemple. Où le barrage remporté par La Rochelle à Toulon reste son chef d’œuvre sous O’Gara. Et peut-être un déclic majeur. "Je me sentais bien, plutôt maître de ce que je faisais sur le terrain, de comment je voulais contrôler et guider l’équipe. C’est ça qui m’a servi […] Je pense que j’ai trouvé la bonne place à avoir dans l’équipe en fin de saison dernière", décrypte le natif de Bayonne qui, à l’issue d’une intersaison marquée par "un vrai changement d’état d’esprit, dans le travail et le jeu" et du "plaisir à se faire mal", se sent "bien et libéré."

Loin, en somme, du dernier cycle automne-hiver voire printemps. Du genre infernal. Entre un statut international friable et des contre-performances en club. "Je n’avais jamais eu de passage où j’étais moins bien dans la tête, où les performances ne suivaient pas. Evacuer la frustration a été un peu long, il faut que ça me serve. Il faut savoir se remettre en question, retrouver l’appétit de travailler dur. Les beaux jours vont arriver. Avoir eu un été « off », quatre vraies semaines de repos pour s’aérer l’esprit, ça change, ça fait du bien. J’ai pu m’appuyer sur la fin de saison, qui était beaucoup mieux."

Un mec pour les grandes occasions !

Son an III à La Rochelle ? "Je veux avoir un impact positif", synthétise le demi d’ouverture, figure de proue d’une charnière Kerr-Barlow – Hastoy désormais bien huilée. "J’ai une très bonne connexion avec Antoine, appuie le demi-de-mêlée all black. Je dis depuis le début qu’il a un talent spécial, c’est un mec pour les grandes occasions ! C’était évident contre le Leinster, en finale (Champions Cup 2022-2023, NDLR). Son calme, sa capacité à jouer sous la pression… J’aime jouer avec lui !"

Et si « TKB » passera le flambeau à Nolann Le Garrec l’été prochain, Antoine Hastoy fait lui partie du noyau dur des prolongés. Son contrat court jusqu’en 2029. "Je ne me voyais pas aller ailleurs qu’ici, changer quoi que ce soit. Je suis bien et ça donne confiance pour travailler sur le long terme […] On a quand même encore de belles années devant nous, j’espère (rires)." A 27 ans, le Rochelais attend son avènement.