Traditionnellement, on définit trois grands types de systèmes électoraux : système à majorité simple, système à majorité absolue et système à représentation proportionnelle. L’élément qui permet principalement de faire la différence entre ces systèmes électoraux est la manière dont les sièges de l’assemblée législative sont attribués :
- aux candidats qui obtiennent une majorité simple
- aux candidats qui obtiennent une majorité absolue
- proportionnellement, selon le nombre de votes recueillis par les partis politiques ou par les candidats
Le système mixte constitue un ajout récent à ces trois grands types. Ce système combine des éléments d’un système proportionnel et à majorité simple ou absolue.
La délimitation des circonscriptions : les systèmes à majorité simple ou absolue
La délimitation des circonscriptions est le plus souvent associée aux systèmes à majorité simple ou absolue. Ces deux systèmes reposent souvent en grande partie, voire complètement sur les circonscriptions uninominales. Les limites de ces circonscriptions doivent être révisées périodiquement afin de refléter les changements démographiques. Puisque ces deux systèmes reposent sur les circonscriptions uninominales, ils partagent également un point fondamental : le nombre de sièges qu’un parti politique recueille ne dépend pas seulement du nombre de votes obtenus, mais également de l’endroit où ces votes ont été obtenus. Dans les systèmes à majorité simple ou absolue, les partis politiques minoritaires dont les partisans ne sont pas concentrés géographiquement obtiennent habituellement moins de sièges que ce à quoi ils seraient en droit de s'attendre étant donné le nombre de votes qu’ils ont obtenus. Les circonscriptions plurinominales des systèmes proportionnels peuvent corriger cette distorsion qui apparaît dans la conversion de votes en sièges puisque plus la magnitude d’une circonscription est forte, plus les résultats sont proportionnels.
Le processus de délimitation des circonscriptions dans un système uninominal majoritaire à un tour est primordial puisque la configuration des circonscriptions peut influencer la représentation des partis et même des groupes ethniques, religieux ou linguistiques à l’assemblée législative. L’effet peut être intentionnel, comme dans le cas de manipulations des limites électorales à des fins partisanes, pratique appelée « gerrymandering » en anglais, ou tout à fait involontaire. Même la délimitation des circonscriptions effectuée par un organisme neutre peut favoriser accidentellement un parti aux dépens des autres.
Les systèmes électoraux à majorité absolue mènent parfois à des résultats électoraux qui présentent des distorsions aussi grandes que les systèmes à majorité simple en ce qui concerne le rapport entre sièges et votes. Lorsqu’on sait que les deux systèmes reposent presque exclusivement sur les circonscriptions uninominales, cette réalité n’apparaît pas comme surprenante. Le processus de délimitation des circonscriptions dans les systèmes à majorité absolue est donc aussi important qu’il l'est dans les systèmes à majorité simple.
Pour obtenir des informations supplémentaires au sujet des systèmes à majorité simple et absolue, consultez Systèmes électoraux : les systèmes à majorité simple ou absolue.
La délimitation des circonscriptions : les systèmes à représentation proportionnelle
Il existe deux principaux types de systèmes à représentation proportionnelle : le système à liste de parti et le système à vote unique transférable. Le système mixte avec compensation proportionnelle génère lui aussi des résultats proportionnels, mais il en sera plutôt question dans la section intitulée « les systèmes mixtes ». Dans le système à liste de parti, de loin le plus commun des deux, les circonscriptions nécessitent rarement, voire jamais de délimitation. Si l’on a recours aux circonscriptions, elles sont de taille relativement grande, de type plurinominal et leurs limites coïncident généralement avec celles des divisions administratives. Pour compenser les changements démographiques, plutôt que de procéder à une nouvelle délimitation des circonscriptions, on ajuste le nombre de sièges alloués à chaque circonscription plurinominale. Le système à vote unique transférable, utilisé en Irlande et à Malte, est l’autre type de système à représentation proportionnelle. Puisque le vote est basé sur les candidats et non sur les partis, ces pays ont recours à de petites circonscriptions plurinominales qui ne font élire que de trois à cinq représentants chacune. Par conséquent, les limites des circonscriptions doivent être revues périodiquement dans ces deux pays.
La délimitation des circonscriptions : les systèmes mixtes
Les systèmes électoraux mixtes connaissent une popularité grandissante. Ils font usage à la fois de la représentation proportionnelle à liste de parti et des circonscriptions uninominales à majorité simple ou absolue. Le système électoral allemand est l’archétype de ce genre de système.
Puisque les systèmes mixtes incorporent des circonscriptions uninominales, on doit revoir la délimitation des circonscriptions périodiquement afin de compenser les changements démographiques. L’importance du processus de délimitation et l’influence de la configuration des circonscriptions sur le résultat des élections dépendent de si l’on a recours ou non à des sièges de liste afin de corriger les distorsions engendrées par les circonscriptions uninominales. Dans certains pays comme l’Allemagne, on utilise les sièges alloués au système proportionnel afin de corriger les distorsions générées par les circonscriptions uninominales. Les systèmes mixtes qui utilisent les sièges à liste de parti de sorte à corriger les distorsions sont parfois appelés « systèmes mixtes avec compensation proportionnelle », puisque les résultats de l’élection sont proportionnels.
Dans d’autres pays, par exemple, en Russie, on n’utilise pas les sièges issus de la proportionnelle pour corriger les distorsions causées par les circonscriptions uninominales. On recourt plutôt aux sièges issus de la proportionnelle dans la composante « liste de parti » des élections qui sont simplement ajoutés aux sièges remportés au niveau des circonscriptions. Le rapport entre sièges et votes risque alors de présenter des distorsions. Dans ce type de système mixte, parfois appelé « système parallèle », le processus de délimitation des circonscriptions est très important puisqu’il peut avoir un effet majeur sur la composition de l’assemblée législative en ce qui concerne la représentation des partis.