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« Jacques Ivanoff » : différence entre les versions

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| diplôme = Docteur de l'École des hautes études en sciences sociales (1989)<br>
| diplôme = Docteur de l'École des hautes études en sciences sociales (1989)<br>
Maîtrise d'histoire comparée des religions, Paris IV Sorbonne (1980)
Maîtrise d'histoire comparée des religions, Paris-IV Sorbonne (1980)
| activités = Spécialiste des [[Nomades de la mer|nomades marins]] ([[Moken (peuple)|Moken]]), des migrations austronésiennes et des trafics illicites

| activités = Spécialiste des nomades marins (Moken, etc.), des migrations austronésiennes et des trafics illicites
| autres activités = Films, expositions
| autres activités = Films, expositions
| ascendants = Pierre Ivanoff
| ascendants = Pierre Ivanoff
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'''Jacques Ivanoff''' est [[ethnologue]], chercheur au CNRS basé au Muséum national d'histoire naturelle ([[Musée de l'Homme]]). Il travaille depuis plus de 30 ans auprès des Moken, nomades marins de l’archipel Mergui, soit plus de 800 îles qui s’étirent sur plusieurs centaines de km le long du littoral de la [[Thaïlande]] et celui de la [[Birmanie]].
'''Jacques Ivanoff''' est [[ethnologue]], chercheur au [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] dans un laboratoire rattaché au [[Muséum national d'histoire naturelle]] puis au [[Musée de l'Homme]]. Il travaille depuis le début des années 1980 auprès des [[Moken (peuple)|Moken]], nomades marins de l’[[îles Mergui|archipel Mergui]], dont les îles s’étirent le long du littoral de la [[Thaïlande]] et celui de la [[Birmanie]].


== Biographie ==
== Biographie ==

=== Question de succession ===
=== Question de succession ===
Le père de Jacques Ivanoff, Pierre Ivanoff, a réalisé plusieurs documentaires et enquêtes ethnographiques, notamment chez les [[Lacandons]] du [[Mexique]]<ref>{{Lien web|langue=|titre=Les Mayas vivants (ina.fr)|url=http://www.ina.fr/video/CPF87010963|site=|date=|consulté le=}}.</ref> et les [[Dayak|Dayaks]] de [[Bornéo]]<ref>{{Ouvrage|titre=Borneo (Kalimantan) : peuple Dayak / enregistré à Bornéo par PIERRE IVANOFF, chef de l'expédition|date=1959|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k88162345|consulté le=2018-01-07}}.</ref>. Alors qu'aucun musée ne possède d’objets moken, il décide de partir en Thaïlande où il filme les Siamois, les Karen et les fumeurs d’opium. Il rencontre celui qui le met en contact avec « ses » premiers Moken à [[Ko Phuket|Phuket]]. Il remonte ensuite le littoral et arrive en [[Birmanie]] pour y découvrir une population moken. Ce groupe, dit de St Matthew, ''Chadiak'' en moken, est celui qui plus tard l'accompagne en 1973-1974 lors d'une mission officielle où il trouve la mort. Le [[chaman]] de St Matthew, Madah, avec qui Pierre Ivanoff travaillait en Thaïlande, deviendra plus tard l’informateur de Jacques, entérinant le fait ethnique moken comme une question de succession. Cette relation permet l’obtention de données précieuses, mais donne aussi une touche personnelle.
Le père de Jacques Ivanoff, Pierre Ivanoff, a réalisé plusieurs documentaires et enquêtes ethnographiques, notamment chez les [[Lacandons]] du [[Mexique]]<ref>{{Lien web|titre=Les Mayas vivants (ina.fr)|url=http://www.ina.fr/video/CPF87010963|date=}}.</ref> et les [[Dayak]]s de [[Bornéo]]<ref>{{Ouvrage|titre=Borneo (Kalimantan) : peuple Dayak : enregistré à Bornéo par Pierre Ivanoff, chef de l'expédition|éditeur=|année=1959|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k88162345|consulté le=2018-01-07}}.</ref>. Alors qu'aucun musée ne possède d’objets moken, il décide de partir en Thaïlande où il filme les [[Siamois (peuple)|Siamois]], les [[Karen (peuple)|Karen]] et les fumeurs d’opium. Il rencontre celui qui le met en contact avec « ses » premiers Moken à [[Ko Phuket|Phuket]]. Il remonte ensuite le littoral et arrive en [[Birmanie]] pour y découvrir une population moken. Ce groupe, dit de St-Matthew, ''Chadiak'' en [[Moken (langue)|moken]], est celui qui plus tard l'accompagne en 1973-1974 lors d'une mission officielle où il trouve la mort. Le [[chaman]] de St-Matthew, Madah, avec qui Pierre Ivanoff travaillait en Thaïlande, deviendra plus tard l’informateur de son fils Jacques, entérinant le fait ethnique moken comme une question de succession. Cette relation permet l’obtention de données précieuses, mais présente également une approche et une sensibilité personnelle.


=== Parcours ===
=== Parcours ===
Après une maîtrise d’Histoire comparée des religions à la Sorbonne, Jacques Ivanoff<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Jacques Ivanoff : biographie, actualités et émissions France Culture|url=https://www.franceculture.fr/personne-jacques-ivanoff.html|site=France Culture|consulté le=2017-12-22}}.</ref> part en 1981 dans l’[[archipel de Mergui]] (Myiek), plus de 800 îles qui s’étirent sur plusieurs centaines de km le long du littoral de la [[Thaïlande]] et de la [[Birmanie]]. Il retrouve à Pak Chok, sur l’île de Ko Phra Thong<ref>[http://tic.car.chula.ac.th/tsunami/item/26000-turbulence-on-ko-phra-thong Ko Phra Thong].</ref> (« son » village détruit complètement par le tsunami), un groupe de nomades marins [[Moken (peuple)|Moken]] et leur chaman Madah qui ont travaillé avec son père, Pierre Ivanoff<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Pierre Ivanoff (1924-1974) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France|url=http://data.bnf.fr/12614247/pierre_ivanoff/|site=data.bnf.fr|consulté le=2017-12-22}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|nom1=Ina.fr|prénom1=Institut National de l’Audiovisuel –|titre=[Pierre Ivanoff : Thaïlande Birmanie]|url=http://www.ina.fr/video/CPF86610404|site=Ina.fr|date=1970-01-01|consulté le=2017-12-22}}.</ref>, mort parmi eux en 1974. Le groupe (dit de l'île de [[:en:Zadetkyi|St Matthews]]) qui est également établi à Ko Surin, voit en Jacques Ivanoff le successeur naturel de son père.
Après une maîtrise d’Histoire comparée des religions à la [[Sorbonne]], Jacques Ivanoff<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Jacques Ivanoff : biographie, actualités et émissions France Culture|url=https://www.franceculture.fr/personne-jacques-ivanoff.html|éditeur=[[France Culture]]|consulté le=2017-12-22}}.</ref> part en 1981 dans l’[[archipel de Mergui]] (Myiek), composé de plus de 800 îles qui s’étirent sur plusieurs centaines de kilomètres le long du littoral de la [[Thaïlande]] et de la [[Birmanie]]. Il retrouve à Pak Chok, sur l’île de [[Ko Phra Thong]]<ref>[http://tic.car.chula.ac.th/tsunami/item/26000-turbulence-on-ko-phra-thong Ko Phra Thong].</ref> (« son » village détruit complètement par le tsunami), un groupe de nomades marins moken et leur chaman Madah qui ont travaillé avec son père, Pierre Ivanoff<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Pierre Ivanoff (1924-1974) - Ressources de la BNF|url=http://data.bnf.fr/12614247/pierre_ivanoff/|éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]]|consulté le=2017-12-22}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|éditeur=[[Institut national de l'audiovisuel]]|titre=Pierre Ivanoff : Thaïlande Birmanie]|url=http://www.ina.fr/video/CPF86610404|date=1970-01-01|consulté le=2017-12-22}}.</ref>, mort parmi eux en 1974. Le groupe (dit de l'île de {{Lien|langue=en|trad=Zadetkyi|fr=St Matthews|texte=St Matthews}}), qui est également établi à Ko Surin, voit en Jacques Ivanoff le successeur naturel de son père.


Jacques Ivanoff reste environ un an en Asie du Sud-Est sur ce qui deviendra « son » terrain. Inscrit en thèse à l’[[EHESS]] sous la direction de [[Georges Condominas]], il se familiarise avec la différence, l’Autre et l’exotisme. Comme le veut « la méthode Condo »<ref>{{Ouvrage|prénom1=Grave, Jean-Marc|nom1=de.|prénom2=Gallenga,|nom2=Ghislaine.|titre=La « Méthode Condo » : héritages et actualités de l'expérience ethnographique|éditeur=Les Indes savantes|date=2016|isbn=9782846544184|oclc=993047886|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/993047886}}.</ref>, il apprend le moken, langue austronésienne. Il enregistre des centaines d’heures de mythes, épopées et contes, décrit la phonologie de la langue moken et explique « l’idéologie nomade » qui a permis les migrations austronésiennes parties de [[Taïwan|Taiwan]] il y a plus de 3500 ans (« [https://books.google.fr/books?id=9uyuHAXBuRkC&redir_esc=y out-of-Taiwan Theory] » de [[:en:Peter_Bellwood|Peter Bellwood]] et James Fox, ou « [[:en:Nusantao_Maritime_Trading_and_Communication_Network|Nusantaro]] »).
Jacques Ivanoff reste environ un an en Asie du Sud-Est sur ce qui deviendra son terrain de recherches scientifiques. Inscrit en thèse à l’[[EHESS]] sous la direction de [[Georges Condominas]], il se familiarise avec la différence, l'altérité et l’exotisme. Comme le veut « la méthode Condo »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Marc Grave|auteur2=Ghislaine Gallenga|titre=La « Méthode Condo » : héritages et actualités de l'expérience ethnographique|lieu=Paris|éditeur=Les Indes savantes|année=2016|pages totales=212|isbn=978-2-84654-418-4|oclc=993047886|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/993047886}}.</ref>, il apprend le moken, une des [[langues austronésiennes]]. Il enregistre des centaines d’heures de mythes, épopées et contes, décrit la phonologie de la langue moken et explique « l’idéologie nomade » qui a permis les migrations austronésiennes parties de [[Taïwan]] il y a plus de {{nombre|3500|ans}} out-of-Taiwan Theory » de [[Peter Bellwood]]<ref>{{en}} Peter Bellwood, James J. Fox et Darrell Tryon, [https://books.google.fr/books?id=9uyuHAXBuRkC&redir_esc=y ''The Austronesians: Historical and Comparative Perspectives''], ANU E Press, 2006 {{ISBN|9781920942854}}, 367 p.</ref> et James Fox, ou « [[Nusantao]] »).


Jacques Ivanoff soutient en janvier 1989 sa thèse de doctorat, ''Les Naufragés de l’histoire. Les jalons épiques de l’histoire Moken''<ref>{{Lien web|titre=Les naufragés de l'histoire|Jacques Ivanoff |url=http://bibliotheque.bordeaux.fr/in/details.xhtml?id=mgroup:9782846540322&highlight=Sujects:+&quot;Ethnologie+Thai%CC%88lande&quot;&posInPage=1&bookmark=9b8319d1-1dbe-4eb4-9e27-fe7bd0eafb56&queryid=2b6d8db5-97a6-463c-8aff-87ca84ae1186&jscheck=1|site=bibliotheque.bordeaux.fr|consulté le=2018-01-07}}.</ref>.
Il soutient en {{date-|janvier 1989}} sa thèse de doctorat, ''Les Naufragés de l’histoire. Les jalons épiques de l’histoire Moken''<ref>{{Lien web|titre=Les naufragés de l'histoire|auteur=Jacques Ivanoff |url=http://bibliotheque.bordeaux.fr/in/details.xhtml?id=mgroup:9782846540322&highlight=Sujects:|site=bibliotheque.bordeaux.fr|consulté le=2018-01-07}}.</ref>.


Dernier membre élu du [[Centre de documentation et de recherche sur l'Asie du Sud-Est et le monde insulindien|CeDRASEMI]] (décembre 1984), Jacques Ivanoff s’inscrit clairement dans une tradition monographique française dont Georges Condominas était le chantre.
Dernier membre élu du [[Centre de documentation et de recherche sur l'Asie du Sud-Est et le monde insulindien|CeDRASEMI]] ({{date-|décembre 1984}}), il s’inscrit clairement dans une tradition monographique française dont [[Georges Condominas]] était le chantre.


Après son entrée au [[CNRS]] en 1992, il co-fonde l'IRSEA à Marseille, puis devient responsable adjoint de l’Unité de recherche Technique et Cultures. Dans le cadre de la responsabilité du PICS 252 (Programme international de coopération scientifique) entre le CNRS et l'Université Prince de Songhkla - [[Thaïlande]] (1988-1997) portant sur le développement de petites unités hévéicoles à Patani, il redécouvre et traduit des centaines d’heures de tradition orale des Malais du sud de la Thaïlande. Il développe deux nouveaux axes de recherche : l'un sur l'ethnologie des substances<ref>[http://www.editions-msh.fr/livre/?GCOI=27351100892390 ethnologie des substances].</ref>{{,}}<ref>[http://www.tribunes.com/tribune/sel/ivan.htm Ballade sur la mer salée].</ref>, l'autre sur l'ethno-agronomie<ref>[http://cahiers-recherche-developpement.cirad.fr/revue/notice_fr.php?dk=406898 ethno-agronomie].</ref>, révélant les « freins à l'innovation technique »<ref>[http://journals.openedition.org/tc/355 Igor Besson].</ref>. Il élargit son regard à l’ensemble des Austronésiens de Thaïlande du Sud et développe ainsi un travail plus large sur les migrations, les frontières et les violences endémiques de la région en expliquant leurs racines culturelles<ref>[https://www.abebooks.com/book-search/title/cultural-roots-violence-malay-southern/author/ivanoff-jacques/ Southern Malay Violence Cultural Roots].</ref>.
Après son entrée au [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]] en 1992, il co-fonde l'IRSEA à Marseille, puis devient responsable adjoint de l’unité de recherche « Technique et Cultures ». Dans le cadre de la responsabilité du PICS 252 (Programme international de coopération scientifique) entre le CNRS et l'université Prince de Songhkla en [[Thaïlande]] (1988-1997) portant sur le développement de petites unités hévéicoles à Patani, il redécouvre et traduit des centaines d’heures de tradition orale des Malais du sud de la Thaïlande. Il développe deux nouveaux axes de recherche : l'un sur l'ethnologie des substances, l'autre sur l'ethno-agronomie, révélant les « freins à l'innovation technique »<ref>[http://journals.openedition.org/tc/355 Igor Besson].</ref>.


Il élargit son regard à l’ensemble des Austronésiens de Thaïlande du Sud et développe, dans ''The Cultural Roots of Violence in Malay Southern Thailand'' un travail plus large sur les migrations, les frontières et les violences endémiques de la région en expliquant leurs racines culturelles.
Après avoir été un des premiers à pénétrer en Birmanie, et certainement le premier Occidental à explorer l'archipel Mergui depuis 1962, Jacques Ivanoff retourne chez les Moken lors de la réouverture de l’archipel en 1997. Il sillonne, à bord d’un cargo, les îles encore inconnues de l’Occident. Il est alors accompagné de Maxime Boutry qui prépare sous sa direction, sa thèse de doctorat sur les relations entre la minorité nomade Moken et les pêcheurs birmans. Il est ensuite le premier chercheur nommé à l’[[IRASEC|Irasec]] pendant quatre ans (2008 - 2012). Il y publie ''Thaïlande contemporaine''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Dovert,|nom1=Stéphane.|prénom2=Ivanoff,|nom2=Jacques.|titre=Thaïlande contemporaine|éditeur=IRASEC|date=DL 2011, cop. 2011|isbn=9782846542715|oclc=758520338|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/758520338}}.</ref>, ''La monnaie des frontières''<ref>[http://www.irasec.com/ouvrage25 ''La monnaie des frontières''].</ref> avec Maxime Boutry et ''Thaïlande. Aux origines d'une crise'' <ref>[http://www.irasec.com/ouvrage9 ''Thaïlande. Aux origines d'une crise''].</ref>.


Après avoir été un des premiers occidentaux à pénétrer en Birmanie après la réouverture du pays dans les années 1990, et certainement le premier Occidental à explorer l'archipel Mergui depuis 1962, Jacques Ivanoff retourne chez les Moken lors de la réouverture de l’archipel en 1997. Il sillonne, à bord d’un cargo, les îles encore inconnues de l’Occident. Il est alors accompagné de [[Maxime Boutry]] qui prépare sous sa direction sa thèse de doctorat sur les relations entre la minorité nomade moken et les pêcheurs birmans. Il est ensuite le premier chercheur nommé à l’[[IRASEC]] pendant quatre ans (2008-2012). Il y publie ''Thaïlande contemporaine'' et ''La Monnaie des frontières'' avec Maxime Boutry et ''Thaïlande : Aux origines d'une crise''<ref>{{Article|auteur1=Georgia Dhumoïla|titre=Aux origines du mal... !|périodique=Gavroche Thaïlande|numéro=189|date=Juillet 2010|lire en ligne=https://www.gavroche-thailande.com/wp-content/uploads/2021/04/Gavroche_2010-July.pdf|format=pdf|pages=11 (6)}}</ref>.
Il rentre en France en 2012 et intègre le Museum national d'histoire naturelle. Il co-coordonne la publication d'''Art et ethnocentrisme''<ref>http://www.editions-msh.fr/livre/?GCOI=27351100571990 ''Art et ethnocentrisme''].</ref> en 2013. Il publie, dans ''The “Moving” Frontiers of Burma'' (Moussons) coordonné par Maxime Boutry<ref>[https://independent.academia.edu/MaximeBoutry Maxime Boutry].</ref>, l'article Des périphéries « utiles ».


Il rentre en France en 2012 et intègre le [[Museum national d'histoire naturelle]]. Il co-coordonne la publication d'''Art et Ethnocentrisme'' en 2013. Il publie, dans ''The “Moving” Frontiers of Burma'' (Moussons) coordonné par Maxime Boutry, l'article des périphéries « utiles ».
Aujourd’hui, Jacques Ivanoff dirige un Groupe de recherches interdisciplinaires (GDRI) pour permettre aux Moken de s’intégrer le mieux possible dans un monde qui s’ouvre brutalement à eux (Tanaosri). Basé au Musée de l’Homme ([[Muséum national d'histoire naturelle|Muséum national d’histoire naturelle]]), il s’occupe d’un projet de musée sur les Moken.


Il a développé une anthropologie spécifique qui l’a rapproché du concept de [[Zomia]], cet espace [[libertaire]] défini par [[James Scott]], comme lieu choisi par des ethnies pour ne pas tomber dans les rets de l’État<ref>[[James C. Scott]], ''[[Zomia ou l'art de ne pas être gouverné]]'', Seuil, 2013, {{ISBN|9782021049923}}.</ref>.
Il a développé une anthropologie spécifique qui l’a rapproché du concept de [[Zomia]], cet espace [[libertaire]] défini par [[James C. Scott|James Scott]], comme lieu choisi par des ethnies pour ne pas tomber dans les rets de l’État.


== Publications ==
== Publications ==
Jacques Ivanoff a publié une trentaine d’ouvrages personnels et collectifs et plus d’une centaine d’articles<ref>Voir la liste complète de ses publications [http://www2.artkas.fr/MOKEN/PublicationsJacquesIvanoff.doc.zip ici].</ref>.
Jacques Ivanoff a publié une trentaine d’ouvrages personnels et collectifs et plus d’une centaine d’articles<ref>Voir la liste complète de ses publications [http://www2.artkas.fr/MOKEN/PublicationsJacquesIvanoff.doc.zip ici].</ref>.


=== Ouvrages personnels ===
=== Ouvrages personnels ===
*1995 ''Bonem et la reine Sibiane'', Hatier, Coll. « Pali Mali », 64 p. Photos et schémas.
* ''Bonem et la reine Sibiane'', [[éditions Hatier]], coll. « Pali Mali », 1995, 64 p.
*1997 ''Moken, Sea-Gypsies of the Andaman Sea. Post-war Chronicles'', White Lotus Press, Bangkok, with contributions by F. N. Cholmeley and P. Ivanoff, translated by Francine Nicolle,159 p., index, gloss., bibliogr., 84 plates, 4 maps.
* {{en}} F. N. Cholmeley et P. Ivanoff, ''Moken, Sea-Gypsies of the Andaman Sea. Post-war Chronicles'', trad. Francine Nicolle, White Lotus Press, Bangkok, 1997, 159 p.
*1999 ''The Moken Boat: Symbolic Technology'', White Lotus Press, Bangkok, translated by Francine Nicolle, 171 p., index, app., gloss., 3 maps, 84 b. & w. pictures, 59 color pictures, 32 drawings.
* {{en}} ''The Moken Boat: Symbolic Technology'', White Lotus Press, Bangkok, translated by Francine Nicolle, 1999, 171 p.
*2001 ''Rings of Coral. Moken Folktales'', White Lotus Press, translated by Francine Nicolle, 490 p., 11 colors and 20 black and white illustrations by Luca Gansser, gloss., bibliogr., index, 10 maps and tables.
* {{en}} ''Rings of Coral. Moken Folktales'', ill. Luca Gansser, trad. Francine Nicolle, White Lotus Press, 490 p., 2001.
*2002 (with T. Lejard in collaboration with L. et G. Gansser) ''A Journey Through the Mergui Archipelago'', White Lotus Press, Bangkok, , 234 p., 163 colors pictures, black and white pictures, 49 figs., 1 original paintings, bibliogr. (version française) ''Mergui et les limbes de l’archipel oublié. Impressions, observations et descriptions de quelques îles au large du Ténasserim'', White Lotus Press/Kétos-Anthropologie maritime.
* {{en}} P. Ivanoff avec T. Lejard et L. et G. Gansser, ''A Journey Through the Mergui Archipelago'', White Lotus Press, Bangkok, 2002, 234 p. [trad. ''Mergui et les limbes de l’archipel oublié. Impressions, observations et descriptions de quelques îles au large du Ténasserim'', White Lotus Press/Kétos-Anthropologie maritime ]
*2004 ''Les naufragés de l’histoire. Les jalons épiques de l’identité moken'', Les Indes Savantes, Paris, préface de Georges Condominas, 593 p., 5 index, glossaire, 13 annexes, bibliographie, 10 cartes, 2 tableaux, 21 schémas, 15 photos noir et blanc, 111 photos couleur.
* ''Les Naufragés de l’histoire. Les jalons épiques de l’identité moken'', Les Indes Savantes, Paris, préface de Georges Condominas, 2004, 593 p.
*2011 ''The Cultural Roots of Southern Violence''. Two volumes. White Lotus/Irasec, First volume, 333 p.
* {{en}} ''The Cultural Roots of Violence in Malay Southern Thailand'' (2 vol.), White Lotus/Irasec, 2011, First volume, 333 p.
*2011 ''Ballade dans l’archipel Mergui'', catalogue de l’exposition itinérante Reflet Moken (anglais, français, thaïlandais, birman), 36 p.
* ''Ballade dans l’archipel Mergui'', catalogue de l’exposition itinérante Reflet Moken (anglais, français, thaïlandais, birman), 2011, 36 p.


=== Ouvrages collectifs ===
=== Ouvrages collectifs ===
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|titre = 1990-2015
|titre = 1990-2015
|contenu =
|contenu =
*1990 (coordinateur) ''ASEMI (Asie du Sud-Est et Monde Insulindien)'' EHESS-CNRS, vol. XIV (3-4), (en collaboration avec le SERIA), « Rôles et représentations de la mer », 273 p.
*1990 (coordinateur) ''ASEMI (Asie du Sud-Est et Monde Insulindien)'' EHESS-CNRS, vol. XIV (3-4), (en collaboration avec le SERIA), « Rôles et représentations de la mer », 273 p.
*1991 (Igor Besson, Noparat Bamroongrugsa, ''et al.'', dir.) ''The Golden Forests. Report of an Anthropological, Socio-economic and Technical Survey on Rubber Plantations in the Provinces of Patani, Yala, Narathiwat and Songkla (Southern Thailand)''. April 1988-December 1989, 3 vol, Part 1, 152 p., ''General Report'', Part 2 & 3, 697 p., ''Results of a Daily Technical Survey'', Patani, Prince of Songkla University-IRCA-CeDRASEMI.
*1991 (Igor Besson, Noparat Bamroongrugsa, ''et al.'', dir.) ''The Golden Forests. Report of an Anthropological, Socio-economic and Technical Survey on Rubber Plantations in the Provinces of Patani, Yala, Narathiwat and Songkla (Southern Thailand)''. April 1988-December 1989, 3 vol, Part 1, 152 p., ''General Report'', Part 2 & 3, 697 p., ''Results of a Daily Technical Survey'', Patani, Prince of Songkla University-IRCA-CeDRASEMI.
*1991 (avec Pierre Le Roux, coordinateurs et directeurs) ''Les réfugiés d’Asie du Sud-Est et leur insertion en France'', actes du colloque tenu au sénat, Bangkok, Prince of Songkla University & ECASE éd., (Coll. « Carnets du SERIA », 2), 162 p.
*1991 (avec Pierre Le Roux, coordinateurs et directeurs) ''Les réfugiés d’Asie du Sud-Est et leur insertion en France'', actes du colloque tenu au sénat, Bangkok, Prince of Songkla University & ECASE éd., (Coll. « Carnets du SERIA », 2), 162 p.
*1993 (avec Pierre Le Roux, coordinateurs et éditeurs) ''Le sel de la vie en Asie du Sud-Est'', collection Grand Sud (Prince de Songkla University et CNRS), n.° 4, 434 pages, ill., photos.
*1993 (avec Pierre Le Roux, coordinateurs et éditeurs) ''Le sel de la vie en Asie du Sud-Est'', collection Grand Sud (Prince de Songkla University et CNRS), n.° 4, 434 pages, ill., photos.
*1998 (co-dirigé avec G. Condominas et Marie-Alexandrine Martin) ''Formes extrêmes de dépendance en Asie du Sud-Est. Contributions à l’étude de l’esclavage'', (coll. « Civilisations et Sociétés » 96), éditions de l’EHESS, 582 p., (photos, ill., cartes, biblio., index analytique, index des noms propres, index des noms vernaculaires, gloss.).
*1998 (co-dirigé avec G. Condominas et Marie-Alexandrine Martin) ''Formes extrêmes de dépendance en Asie du Sud-Est. Contributions à l’étude de l’esclavage'', (coll. « Civilisations et Sociétés » 96), éditions de l’EHESS, 582 p., (photos, ill., cartes, biblio., index analytique, index des noms propres, index des noms vernaculaires, gloss.).
*2001 (avec Laura Bogani responsables scientifiques) « Traversées. Construction navale, expressions symboliques. Asie-Pacifique », ''Techniques et culture'', n° 35-36, éditions de la Maison des Sciences de L’Homme, 576 p.
*2001 (avec Laura Bogani responsables scientifiques) « Traversées. Construction navale, expressions symboliques. Asie-Pacifique », ''Techniques et culture'', n° 35-36, éditions de la Maison des Sciences de L’Homme, 576 p.
*2001 (avec Aliette Geistdoerfer et Isabelle Leblic, dir.) ''Imagi-mer. Créations fantastiques et créations mythiques'', Anthropologie maritime, coll. « Kétos », 54 photos, ills., cartes, bibliogr., 418 p.
*2001 (avec Aliette Geistdoerfer et Isabelle Leblic, dir.) ''Imagi-mer. Créations fantastiques et créations mythiques'', Anthropologie maritime, coll. « Kétos », 54 photos, ills., cartes, bibliogr., 418 p.
*2003 (avec Aliette Geistdoerfer et Jacqueline Matras-Guin, dir.) ''La mer dévorée. Le poisson bon à manger, le poisson bon à penser'', Anthropologie maritime, coll. « Kétos » avec le CCSTI de Lorient, 283 p., 102 ill.
*2003 (avec Aliette Geistdoerfer et Jacqueline Matras-Guin, dir.) ''La mer dévorée. Le poisson bon à manger, le poisson bon à penser'', Anthropologie maritime, coll. « Kétos » avec le CCSTI de Lorient, 283 p., 102 ill.
*2004 (avec Pierre Le Roux, François Robinne, Bernard Sellato, dir.) ''Poids et mesures en Asie du Sud-Est, Weight and Measures in Southeast Asia. Metrological System in Southeast Asia'', Publication de l’EFEO, 423 p.
*2004 (avec Pierre Le Roux, François Robinne, Bernard Sellato, dir.) ''Poids et mesures en Asie du Sud-Est, Weight and Measures in Southeast Asia. Metrological System in Southeast Asia'', Publication de l’EFEO, 423 p.
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*2007 (avec Magali Bourdon, Maxime Boutry, Thierry Lejard, Akram Mohamed, Kunlasab Utpuay) ''Un deuxième tsunami pour les Moken et les Moken nomades marins de Thaïlande et de Birmanie'', CCSTI Maison de la mer (Lorient)/Kétos Anthropologie maritime (Paris), 83 p., dessins d’enfants, photos.
*2007 (avec Magali Bourdon, Maxime Boutry, Thierry Lejard, Akram Mohamed, Kunlasab Utpuay) ''Un deuxième tsunami pour les Moken et les Moken nomades marins de Thaïlande et de Birmanie'', CCSTI Maison de la mer (Lorient)/Kétos Anthropologie maritime (Paris), 83 p., dessins d’enfants, photos.
*2008 (avec Pierre Le Roux, François Robinne, Bernard Sellato, dir.) ''Poids et mesures en Asie du Sud-Est, Weight and Measures in Southeast Asia. Metrological System in Southeast Asia'', Publication de l’EFEO, vol. 2.
*2008 (avec Pierre Le Roux, François Robinne, Bernard Sellato, dir.) ''Poids et mesures en Asie du Sud-Est, Weight and Measures in Southeast Asia. Metrological System in Southeast Asia'', Publication de l’EFEO, vol. 2.
*2008 (avec Narumon Hinshiranan, Olivier Ferrari) « Change, Resistance or Cultural Permanence among the Sea Faring Populations? », in: ''Southern Ethnic Dynamism: the Andaman littoral and marine populations'', Proceeding of the ChulaFair, CUSRI/IRASEC, Bangkok.
*2008 (avec Narumon Hinshiranan, Olivier Ferrari) « Change, Resistance or Cultural Permanence among the Sea Faring Populations? », in: ''Southern Ethnic Dynamism: the Andaman littoral and marine populations'', Proceeding of the ChulaFair, CUSRI/IRASEC, Bangkok.
*2009 (avec Narumon Hinshiranan et Olivier Ferrari) ''Chao Lay : Ethnic Dynamism and Cultural Rivitalization'', Siridhorn Anthropology Center/Cusri/Irsec, Ambassade de France.
*2009 (avec Narumon Hinshiranan et Olivier Ferrari) ''Chao Lay: Ethnic Dynamism and Cultural Rivitalization'', Siridhorn Anthropology Center/Cusri/Irsec, Ambassade de France.
*2009 (avec Maxime Boutry) ''La monnaie des frontières. Migrations birmanes dans le sud de la Thaïlande, structure des réseaux et internationalisation des frontières'', Carnet de l’Irasec, Série Observatoire 02, 159 p.
*2009 (avec Maxime Boutry) ''La monnaie des frontières. Migrations birmanes dans le sud de la Thaïlande, structure des réseaux et internationalisation des frontières'', Carnet de l’Irasec, Série Observatoire 02, 159 p.
*2010 (avec Olivier Ferrari et Arnaud Leveau) Thaïlande : aux origine du crise, ''Carnet de l’Irasec'' n° 13, 131 p.
*2010 (avec Olivier Ferrari et Arnaud Leveau) Thaïlande : aux origines d'une crise, ''Carnet de l’Irasec'' n° 13, 131 p.
*2011 (avec Stéphane Dovert) ''Thaïlande contemporaine'' (sous la direction de), Irasec/Les Indes Savantes, 624 p., biblio., index.
*2011 (avec Stéphane Dovert) ''Thaïlande contemporaine'' (sous la direction de), Irasec/Les Indes Savantes, 624 p., biblio., index.
*2014 (avec Annie Dupuis) ''Art et ethnocentrisme'', Maison des Sciences de l’Homme, Janvier 2014, 350 p.
*2014 (avec Annie Dupuis) ''Art et ethnocentrisme'', Maison des Sciences de l’Homme, Janvier 2014, 350 p.
*2014 (responsables avec Hartmann Alicia et Maxime Boutry), ''Trafics en Asie du Sud-Est, L’Espace Politique avec le laboratoire des Trafics illicites dans la région du Grand Mékhong'', N° 24-3.
*2014 (responsables avec Hartmann Alicia et Maxime Boutry), ''Trafics en Asie du Sud-Est, L’Espace politique avec le laboratoire des Trafics illicites dans la région du Grand Mékhong'', N° 24-3.
*2015 (avec Frédéric Bourdier, Maxime Boutry) ''From Padi States to Commercial States. Reflections on Identity and the Social Construction of Space in the Borderlands of Cambodia, Vietnam, Thailand and Myanmar'', Amsterdam University Press, IIAS, Global Asia, 157 p.
*2015 (avec Frédéric Bourdier, Maxime Boutry) ''From Padi States to Commercial States. Reflections on Identity and the Social Construction of Space in the Borderlands of Cambodia, Vietnam, Thailand and Myanmar'', Amsterdam University Press, IIAS, Global Asia, 157 p.
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*1993 (avec Pierre Le Roux) Réédition ''Exploration dans la Presqu’île malaise'', Jacques de Morgan, réimpression de l’ouvrage de 1886, Collection Grand Sud, n.° 3, 415 p., carte, photos., bibliogr.
*1993 (avec Pierre Le Roux) Réédition ''Exploration dans la Presqu’île malaise'', Jacques de Morgan, réimpression de l’ouvrage de 1886, Collection Grand Sud, n.° 3, 415 p., carte, photos., bibliogr.
*1995 (avec Igor Besson et Pierre Le Roux) Réedition ''La culture du riz dans le delta du Tonkin'', collection Grand Sud (Prince de Songkla University et CNRS), n.° 6, 592 pages, ill., photos., bibliogr., cartes.
*1995 (avec Igor Besson et Pierre Le Roux) Réédition ''La Culture du riz dans le delta du Tonkin'', collection Grand Sud (Prince de Songkla University et CNRS), n.° 6, 592 pages, ill., photos., bibliogr., cartes.
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== Annexes ==
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
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* [https://www.youtube.com/watch?v=aF5l_fPoABc ''Moken, l'Aventure Birmane d'un ethnologue'' (Film)]
* [https://www.youtube.com/watch?v=aF5l_fPoABc ''Moken, l'Aventure Birmane d'un ethnologue'' (Film)]
* http://journals.openedition.org/tc/290
* Jacques Ivanoff, [http://journals.openedition.org/tc/290 La technologie symbolique chez les Moken. L’histoire d’un mo], ''Techniques et culture'', 35-36, 2001, pp. 199-231
*{{Article|auteur1=Olivia Corre|titre=Mokens : un ethnocide orchestré|périodique=Gavroche Thaïlande|numéro=178|date=Août 2009|lire en ligne=https://www.gavroche-thailande.com/wp-content/uploads/2021/04/Gavroche-2009-Aug..pdf|format=pdf|pages=15}}.


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Dernière version du 4 février 2024 à 19:31

Jacques Ivanoff
Description de l'image JacquesIvanoff.jpg.
Diplôme

Docteur de l'École des hautes études en sciences sociales (1989)

Maîtrise d'histoire comparée des religions, Paris-IV Sorbonne (1980)
Activité principale
Spécialiste des nomades marins (Moken), des migrations austronésiennes et des trafics illicites
Autres activités
Films, expositions
Ascendants
Pierre Ivanoff

Jacques Ivanoff est ethnologue, chercheur au CNRS dans un laboratoire rattaché au Muséum national d'histoire naturelle puis au Musée de l'Homme. Il travaille depuis le début des années 1980 auprès des Moken, nomades marins de l’archipel Mergui, dont les îles s’étirent le long du littoral de la Thaïlande et celui de la Birmanie.

Question de succession

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Le père de Jacques Ivanoff, Pierre Ivanoff, a réalisé plusieurs documentaires et enquêtes ethnographiques, notamment chez les Lacandons du Mexique[1] et les Dayaks de Bornéo[2]. Alors qu'aucun musée ne possède d’objets moken, il décide de partir en Thaïlande où il filme les Siamois, les Karen et les fumeurs d’opium. Il rencontre celui qui le met en contact avec « ses » premiers Moken à Phuket. Il remonte ensuite le littoral et arrive en Birmanie pour y découvrir une population moken. Ce groupe, dit de St-Matthew, Chadiak en moken, est celui qui plus tard l'accompagne en 1973-1974 lors d'une mission officielle où il trouve la mort. Le chaman de St-Matthew, Madah, avec qui Pierre Ivanoff travaillait en Thaïlande, deviendra plus tard l’informateur de son fils Jacques, entérinant le fait ethnique moken comme une question de succession. Cette relation permet l’obtention de données précieuses, mais présente également une approche et une sensibilité personnelle.

Après une maîtrise d’Histoire comparée des religions à la Sorbonne, Jacques Ivanoff[3] part en 1981 dans l’archipel de Mergui (Myiek), composé de plus de 800 îles qui s’étirent sur plusieurs centaines de kilomètres le long du littoral de la Thaïlande et de la Birmanie. Il retrouve à Pak Chok, sur l’île de Ko Phra Thong[4] (« son » village détruit complètement par le tsunami), un groupe de nomades marins moken et leur chaman Madah qui ont travaillé avec son père, Pierre Ivanoff[5],[6], mort parmi eux en 1974. Le groupe (dit de l'île de St Matthews (en)), qui est également établi à Ko Surin, voit en Jacques Ivanoff le successeur naturel de son père.

Jacques Ivanoff reste environ un an en Asie du Sud-Est sur ce qui deviendra son terrain de recherches scientifiques. Inscrit en thèse à l’EHESS sous la direction de Georges Condominas, il se familiarise avec la différence, l'altérité et l’exotisme. Comme le veut « la méthode Condo »[7], il apprend le moken, une des langues austronésiennes. Il enregistre des centaines d’heures de mythes, épopées et contes, décrit la phonologie de la langue moken et explique « l’idéologie nomade » qui a permis les migrations austronésiennes parties de Taïwan il y a plus de 3 500 ans (« out-of-Taiwan Theory » de Peter Bellwood[8] et James Fox, ou « Nusantao »).

Il soutient en sa thèse de doctorat, Les Naufragés de l’histoire. Les jalons épiques de l’histoire Moken[9].

Dernier membre élu du CeDRASEMI (), il s’inscrit clairement dans une tradition monographique française dont Georges Condominas était le chantre.

Après son entrée au CNRS en 1992, il co-fonde l'IRSEA à Marseille, puis devient responsable adjoint de l’unité de recherche « Technique et Cultures ». Dans le cadre de la responsabilité du PICS 252 (Programme international de coopération scientifique) entre le CNRS et l'université Prince de Songhkla en Thaïlande (1988-1997) portant sur le développement de petites unités hévéicoles à Patani, il redécouvre et traduit des centaines d’heures de tradition orale des Malais du sud de la Thaïlande. Il développe deux nouveaux axes de recherche : l'un sur l'ethnologie des substances, l'autre sur l'ethno-agronomie, révélant les « freins à l'innovation technique »[10].

Il élargit son regard à l’ensemble des Austronésiens de Thaïlande du Sud et développe, dans The Cultural Roots of Violence in Malay Southern Thailand un travail plus large sur les migrations, les frontières et les violences endémiques de la région en expliquant leurs racines culturelles.

Après avoir été un des premiers occidentaux à pénétrer en Birmanie après la réouverture du pays dans les années 1990, et certainement le premier Occidental à explorer l'archipel Mergui depuis 1962, Jacques Ivanoff retourne chez les Moken lors de la réouverture de l’archipel en 1997. Il sillonne, à bord d’un cargo, les îles encore inconnues de l’Occident. Il est alors accompagné de Maxime Boutry qui prépare sous sa direction sa thèse de doctorat sur les relations entre la minorité nomade moken et les pêcheurs birmans. Il est ensuite le premier chercheur nommé à l’IRASEC pendant quatre ans (2008-2012). Il y publie Thaïlande contemporaine et La Monnaie des frontières avec Maxime Boutry et Thaïlande : Aux origines d'une crise[11].

Il rentre en France en 2012 et intègre le Museum national d'histoire naturelle. Il co-coordonne la publication d'Art et Ethnocentrisme en 2013. Il publie, dans The “Moving” Frontiers of Burma (Moussons) coordonné par Maxime Boutry, l'article des périphéries « utiles ».

Il a développé une anthropologie spécifique qui l’a rapproché du concept de Zomia, cet espace libertaire défini par James Scott, comme lieu choisi par des ethnies pour ne pas tomber dans les rets de l’État.

Publications

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Jacques Ivanoff a publié une trentaine d’ouvrages personnels et collectifs et plus d’une centaine d’articles[12].

Ouvrages personnels

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  • Bonem et la reine Sibiane, éditions Hatier, coll. « Pali Mali », 1995, 64 p.
  • (en) F. N. Cholmeley et P. Ivanoff, Moken, Sea-Gypsies of the Andaman Sea. Post-war Chronicles, trad. Francine Nicolle, White Lotus Press, Bangkok, 1997, 159 p.
  • (en) The Moken Boat: Symbolic Technology, White Lotus Press, Bangkok, translated by Francine Nicolle, 1999, 171 p.
  • (en) Rings of Coral. Moken Folktales, ill. Luca Gansser, trad. Francine Nicolle, White Lotus Press, 490 p., 2001.
  • (en) P. Ivanoff avec T. Lejard et L. et G. Gansser, A Journey Through the Mergui Archipelago, White Lotus Press, Bangkok, 2002, 234 p. [trad. Mergui et les limbes de l’archipel oublié. Impressions, observations et descriptions de quelques îles au large du Ténasserim, White Lotus Press/Kétos-Anthropologie maritime ]
  • Les Naufragés de l’histoire. Les jalons épiques de l’identité moken, Les Indes Savantes, Paris, préface de Georges Condominas, 2004, 593 p.
  • (en) The Cultural Roots of Violence in Malay Southern Thailand (2 vol.), White Lotus/Irasec, 2011, First volume, 333 p.
  • Ballade dans l’archipel Mergui, catalogue de l’exposition itinérante Reflet Moken (anglais, français, thaïlandais, birman), 2011, 36 p.

Ouvrages collectifs

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Rééditions

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Références

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  1. « Les Mayas vivants (ina.fr) ».
  2. Borneo (Kalimantan) : peuple Dayak : enregistré à Bornéo par Pierre Ivanoff, chef de l'expédition, (lire en ligne).
  3. « Jacques Ivanoff : biographie, actualités et émissions France Culture », France Culture (consulté le ).
  4. Ko Phra Thong.
  5. « Pierre Ivanoff (1924-1974) - Ressources de la BNF », Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  6. « Pierre Ivanoff : Thaïlande Birmanie] », Institut national de l'audiovisuel, (consulté le ).
  7. Jean-Marc Grave et Ghislaine Gallenga, La « Méthode Condo » : héritages et actualités de l'expérience ethnographique, Paris, Les Indes savantes, , 212 p. (ISBN 978-2-84654-418-4, OCLC 993047886, lire en ligne).
  8. (en) Peter Bellwood, James J. Fox et Darrell Tryon, The Austronesians: Historical and Comparative Perspectives, ANU E Press, 2006 (ISBN 9781920942854), 367 p.
  9. Jacques Ivanoff, « Les naufragés de l'histoire », sur bibliotheque.bordeaux.fr (consulté le ).
  10. Igor Besson.
  11. Georgia Dhumoïla, « Aux origines du mal... ! », Gavroche Thaïlande, no 189,‎ , p. 11 (6) (lire en ligne [PDF])
  12. Voir la liste complète de ses publications ici.

Liens externes

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