Aller au contenu

« Mégalodon » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Epoque géologique
Amirani1746 (discuter | contributions)
 
(35 versions intermédiaires par 22 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Semi-protection longue}}
{{Sous-titre/Taxon|ns1=Otodus megalodon}}
{{Sous-titre/Taxon|ns1=Otodus megalodon}}
{{voir paronymes|Megalon}}
{{voir paronymes|Megalon}}
{{redirect| Megalodon}}
{{redirect| Megalodon}}
{{Taxobox début|animal|''Otodus megalodon''|VMNH megalodon.jpg|Reconstitution d'un Mégalodon chassant deux [[baleine]]s appartenant au genre ''[[Eobalaenoptera]]'', par la [[paléoart]]iste Karen Carr.|classification=TPDB}}
{{Taxobox début|animal|''Otodus megalodon''|VMNH megalodon.jpg|Reconstitution d'un Mégalodon chassant deux [[baleine]]s appartenant au genre ''[[Eobalaenoptera]]'', par la [[paléoart]]iste Karen Carr.|classification=TPDB}}
{{Taxobox période|{{période cénozoïque|23|3}}|[[Miocène inférieur]] au [[Plaisancien|Waipipien]] du [[Pliocène supérieur]].|collections=287}}
{{Taxobox période|{{période cénozoïque|23|3.6}}|[[Miocène inférieur]]-[[Pliocène inférieur]].|collections=287}}
{{Taxobox|embranchement|Chordata}}
{{Taxobox|embranchement|Chordata}}
{{Taxobox|sous-embranchement|Vertebrata}}
{{Taxobox|sous-embranchement|Vertebrata}}
Ligne 11 : Ligne 12 :
{{Taxobox|famille|Otodontidae|éteint=oui}}
{{Taxobox|famille|Otodontidae|éteint=oui}}
{{Taxobox|genre|Otodus|éteint=oui}}
{{Taxobox|genre|Otodus|éteint=oui}}
{{Taxobox taxon|animal|espèce|Otodus megalodon|([[Louis Agassiz|Agassiz]], [[1843 en paléontologie|1843]])|éteint=oui}}
{{Taxobox taxon|animal|espèce|Otodus megalodon|([[Louis Agassiz|Agassiz]], [[1835 en paléontologie|1835]])<ref name="Agassiz1843"/>{{,}}<ref name=Brignon2021/>|éteint=oui}}
{{Taxobox synonymes|
{{Taxobox synonymes|
{{collapsible list|titre=Liste de synonymes<ref>{{lien web|langue=en|titre=''Otodus'' (''Megaselachus'') ''megalodon'' (Agassiz, 1835)|website=SharkReferences.com|consulté le=24 octobre 2017|url=http://shark-references.com/species/view/Otodus-Megaselachus-megalodon}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|url={{google books|plainurl=yes|id=8XNGAAAAYAAJ&pg=PA82}}|auteur=Charles R. Eastman|titre=Maryland Geological Survey|volume=2|éditeur= Johns Hopkins University|lieu=Baltimore, Maryland|année=1904|page=82}}</ref>{{,}}<ref name=cappetta>{{chapitre|auteur=[[Henri Cappetta]]|année=1987|titre chapitre=Mesozoic and Cenozoic Elasmobranchii|titre ouvrage=Handbook of Paleoichthyology|auteurs ouvrage=Friedrich Pfeil|lieu=[[Munich]]|volume=3B|éditeur=[[S. Fischer Verlag|Fischer]] |isbn=978-3-89937-046-1|oclc=829906016|pages totales=193|langue=en}}</ref>{{,}}<ref>{{article|langue=en|auteur=Oliver Perry Hay|url={{google books|plainurl=yes|id=ZmqWKhTAeqYC|page=308}}|année=1901|titre=Bibliography and Catalogue of the Fossil Vertebrata of North America|périodique=Bulletin of the United States Geological Society|numéro=179|page=308}}</ref>{{,}}<ref name="Shimada2016">{{article|langue=en|auteur1=Kenshu Shimada|auteur2=Richard E. Chandler|auteur3=Otto Lok Tao Lam|auteur4=Takeshi Tanaka|auteur5=David J. Ward|titre=A new elusive otodontid shark (Lamniformes: Otodontidae) from the lower Miocene, and comments on the taxonomy of otodontid genera, including the ‘megatoothed’ clade|année=2016|périodique=Historical Biology|volume=29|numéro=5|pages=704-714|doi=10.1080/08912963.2016.1236795|s2cid=89080495}}</ref>|{{collapsible list|titre=Genre ''Carcharias''|
{{collapsible list|titre=Liste de synonymes<ref>{{lien web|langue=en|titre=''Otodus'' (''Megaselachus'') ''megalodon'' (Agassiz, 1835)|website=SharkReferences.com|consulté le=24 octobre 2017|url=http://shark-references.com/species/view/Otodus-Megaselachus-megalodon}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|url={{google books|plainurl=yes|id=8XNGAAAAYAAJ&pg=PA82}}|auteur=[[Charles Rochester Eastman|Charles R. Eastman]]|titre=Maryland Geological Survey|volume=2|éditeur=Johns Hopkins University|lieu=Baltimore, Maryland|année=1904|page=82}}</ref>{{,}}<ref name=cappetta/>{{,}}<ref>{{article|langue=en|auteur=[[Oliver Perry Hay|Oliver P. Hay]]|url={{google books|plainurl=yes|id=ZmqWKhTAeqYC|page=308}}|année=1901|titre=Bibliography and Catalogue of the Fossil Vertebrata of North America|périodique=Bulletin of the United States Geological Society|numéro=179|page=308}}</ref>{{,}}<ref name="Shimada2016"/>|{{collapsible list|titre=Genre ''Carcharias''|
* ''C. giganteus''
* ''C. giganteus''
* ''C. grosseserratus''
* ''C. grosseserratus''
Ligne 98 : Ligne 99 :
{{Taxobox fin}}
{{Taxobox fin}}


Le {{dfn|mégalodon}} (''{{dfn|Otodus megalodon}}''), terme signifiant « grande dent », est une [[espèce]] [[extinction des espèces|éteinte]] de grands [[requin]]s [[lamniformes]] ayant vécu du [[Miocène]] ([[Aquitanien]]) jusqu'au milieu du [[Pliocène]] ([[Zancléen]]), il y a entre {{unité|23 et 3,6|[[millions d'années]]}}. Il était autrefois considéré comme un membre de la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Lamnidae]] et comme un proche parent du [[grand requin blanc]]. Cependant, il est maintenant classé dans la famille éteinte des [[Otodontidae]], une lignée ayant [[Spéciation|divergé]] de celle du grand requin blanc vers le début du [[Crétacé]].
Le {{dfn|mégalodon}} (''{{dfn|Otodus megalodon}}''), terme signifiant « grande dent », est une [[espèce]] [[extinction des espèces|éteinte]] de grands [[requin]]s [[lamniformes]] ayant vécu du début du [[Miocène]] ([[Aquitanien]]) au début du [[Pliocène]] ([[Plaisancien]]), il y a entre {{unité|23 à 3,6|[[millions d'années]]}}. Il était autrefois considéré comme un membre de la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Lamnidae]] et comme un proche parent du [[grand requin blanc]]. Les études plus récentes le classent dans la famille éteinte des [[Otodontidae]], une lignée ayant [[Spéciation|divergé]] de celle du grand requin blanc vers le début du [[Crétacé]].


Bien que considéré comme l'un des prédateurs les plus grands et les plus puissants à avoir jamais vécu, le mégalodon n'est connu que par des restes fragmentaires, et son apparence et sa taille maximale demeurent incertaines. Les scientifiques divergent sur son apparence, qui aurait pu rappeler une version plus trapue du grand requin blanc, du [[requin-baleine]], du [[requin pèlerin]] ou du [[requin-taureau]]. L'estimation la plus récente avec la plus petite marge d'erreur suggère une estimation de longueur maximale allant jusqu'à {{unité|20,3|m}}, bien que les longueurs modérées soient estimées à {{unité|10,5|m}}. L'extrapolation à partir des [[vertèbre]]s aux dimensions basées sur le grand requin blanc suggère qu'un mégalodon d'environ {{unité|16|m}} de long pèserait jusqu'à {{unité|48 tonnes}}, {{unité|17|m}} pour {{unité|59 tonnes}} et {{unité|20,3|m}} pour {{unité|103 tonnes}}. L'extrapolation à partir d'une [[colonne vertébrale]] et la reconstruction d'un modèle 3D avec des dimensions basées sur tous les lamnidés existants suggèrent qu'un individu de {{unité|16|m}} de long pourrait avoir pesé largement plus que les estimations précédentes, atteignant un excès de {{unité|61,5 tonnes}} de masse corporelle ; un individu de cette taille aurait dû donc consommer {{unité|98 175 [[calorie]]s}} par jour. Les [[dent]]s du mégalodon sont épaisses et robustes, conçues pour attraper des [[proie]]s et casser les [[os]], et leurs grandes [[mâchoire]]s pourraient exercer une force de morsure allant jusqu'à {{unité|108 500 à 182 200 [[Newton (unité)|newtons]]}}.
Bien que considéré comme l'un des prédateurs les plus grands et les plus puissants à avoir jamais vécu, le mégalodon n'est connu que par des restes fragmentaires, et son apparence et sa taille maximale demeurent incertaines. Les scientifiques divergent sur son apparence, qui aurait pu rappeler une version plus trapue du grand requin blanc, du [[requin-baleine]], du [[requin pèlerin]] ou du [[requin-taureau]]. L'estimation la plus récente avec la plus petite marge d'erreur suggère une estimation de longueur maximale allant jusqu'à {{unité|20,3|m}}, bien que les longueurs [[Mode (statistiques)|modales]] soient estimées à {{unité|10,5|m}}. Les [[dent]]s du mégalodon sont épaisses et robustes, conçues pour attraper des [[proie]]s et casser les [[os]], et leurs grandes [[mâchoire]]s pourraient exercer une force de morsure allant jusqu'à {{unité|108 500 à 182 200 [[Newton (unité)|newtons]]}}.


Le mégalodon a probablement eu un impact majeur sur la structure des communautés marines. Les archives fossiles indiquent qu'il avait une [[répartition cosmopolite]]. Il ciblait probablement de grandes proies, comme les [[cétacés]], les [[pinnipèdes]] et les [[tortues marines]]. Les [[Juvénile (organisme)|juvéniles]] habitaient les eaux côtières chaudes et se nourrissaient probablement de [[poisson]]s et de petites baleines. Contrairement au grand requin blanc, qui attaque les proies par le dessous mou, le mégalodon aurait probablement utilisé ses fortes mâchoires pour briser la [[cage thoracique]] et percer le [[cœur]] et les [[poumons]] d'une proie.
Le mégalodon a probablement eu un impact majeur sur la structure des communautés marines. Les archives fossiles montrant qu'il avait une [[répartition cosmopolite]]. Il ciblait probablement de grandes proies, comme les [[cétacés]], les [[pinnipèdes]] et les [[tortues marines]]. Les [[Juvénile (organisme)|juvéniles]] habitaient les eaux côtières chaudes et se nourrissaient probablement de [[poisson]]s et de petites baleines. Contrairement au grand requin blanc, qui attaque ses proies par le dessous mou, le mégalodon aurait probablement utilisé ses puissantes mâchoires pour briser la [[cage thoracique]] et percer le [[cœur]] et les [[poumons]] de sa cible.


L'animal a fait face à la concurrence des grands cétacés prédateurs, tels que ''[[Livyatan]]'' et d'autres cachalots prédateurs et peut-être des [[Orcinus|épaulards ancestraux plus petits]]. Comme le requin préférait les eaux plus chaudes, les chercheurs pensent que le refroidissement océanique associé au début des [[Glaciations quaternaires|périodes glaciaires]], couplé à l'abaissement du niveau de la mer et à la perte résultante de zones d'[[alevin]]ages appropriées, peut également avoir contribué à son déclin. Une réduction de la diversité des baleines à fanons et un déplacement de leur distribution vers les régions polaires peuvent avoir réduit la principale source de nourriture du mégalodon. L'extinction du requin coïncide d'ailleurs avec une tendance au [[gigantisme]] chez les [[Mysticeti|baleines à fanons]].
L'animal a fait face à la concurrence des grands cétacés prédateurs, tels que ''[[Livyatan]]'', d'autres cachalots prédateurs et peut-être des [[Orcinus|épaulards]] ancestraux plus petits. Comme le requin préférait les eaux plus chaudes, les chercheurs pensent que le refroidissement océanique associé au début des [[Glaciations quaternaires|périodes glaciaires]], couplé à l'abaissement du niveau de la mer et à la perte résultante de zones d'[[alevin]]ages appropriées, peut également avoir contribué à son déclin. Une réduction de la diversité des [[Mysticeti|baleines à fanons]] et un déplacement de leur distribution vers les régions polaires peuvent avoir réduit la principale source de nourriture du mégalodon. L'extinction du requin coïncide d'ailleurs avec une tendance au [[gigantisme]] chez les baleines à fanons.


== Taxonomie ==
== Étymologie et dénomination ==
=== Histoire préscientifique et premières identifications ===
[[Fichier:Stenoshark.jpg|vignette|gauche|upright|Représentation d'une tête de requin par [[Nicolas Sténon]] dans son ouvrage ''The Head of a Shark Dissected''.|alt=Une illustration en vue latérale d'une tête de requin. Visibles sont les rides, le nez et les yeux exagérés, et en bas se trouvant deux dessins individuels de dents de requin.]]
{{multiple image
|align = left
|total_width = 430
|image1=Sharks Teeth HOCU - 2832 and 4222.webp
|image2=De Gloffopetris Differtatio (cropped).jpg
|alt1=
|alt2=
|footer = '''Image à gauche :''' Dent d'un mégalodon de la [[baie de Chesapeake]] (Fig. 7), exhumé du [[Hopewell Culture National Historical Park|tumulus d'Hopewell]]. '''Image à droite :''' Comparaison de 1616 par [[Fabio Colonna|Colonna]] entre une dent d'un mégalodon (en haut à gauche) et celui d'un [[grand requin blanc]] (à droite).}}


Les dents du mégalodon sont connues et utilisées depuis l’[[Antiquité]]. Ces derniers constituaient un artefact apprécié parmi les [[Civilisations précolombiennes|cultures précolombiennes]] des [[Amérique]]s en raison de leur grande taille et de leurs lames dentelées, à partir desquelles ils étaient transformés en [[Pointe (archéologie)|pointes de projectiles]], en couteaux, en bijoux et en accessoires funéraires<ref name=Loweryetal2011>{{article|langue=en|auteur1=Darrin Lowery|auteur2=Stephen J. Godfrey|auteur3=Ralph Eshelman|année=2011|titre=Integrated geology, paleontology, and archaeology: Native American use of fossil shark teeth in the Chesapeake Bay region|périodique=Archaeology of Eastern North America|volume=9|pages=93-108|jstor=23265116}}</ref>{{,}}<ref name=FarrellMS>{{article|langue=en|auteur=Aubrey D. Farrell|année=2021|titre=A Use-Wear and Functional Analysis of Precontact Shark Teeth Assemblages from Florida|nature article=MS|périodique=[[Université d'État de Floride|Florida State University]]|url=https://diginole.lib.fsu.edu/islandora/object/fsu:781655}}</ref>. Certaines du moins, comme les sociétés [[Panama|panaméennes]] de [[Sitio Conte]], semblaient les avoir utilisées principalement à des fins cérémonielles<ref name=FarrellMS />. L'exploitation minière<ref name=NPSHopewell>{{lien web|langue=en|auteur=James Jacobs|titre=Hopewell Culture National Historical Park Sharks Teeth HOCU - 2832 and 4222|website=[[National Park Service]]|url=https://www.nps.gov/articles/000/inside-the-collections-hocu-2832-and-4222.htm|archive-url=https://web.archive.org/web/20231206043938/https://www.nps.gov/articles/000/inside-the-collections-hocu-2832-and-4222.htm|archive-date=2023-12-06}}</ref> des dents du mégalodon par les peuples [[Algonquins]] de la [[baie de Chesapeake]] et de leur commerce sélectif avec la culture [[Adena]] dans l'actuel [[Ohio]] ont eu lieu dès [[430 av. J.-C.]]<ref name=Loweryetal2011 />. Le premier récit écrit concernant les dents du mégalodon est celui de [[Pline l'Ancien]] dans un volume datant de [[73|73 {{ap JC}}]] de la ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Naturalis Historia]]'', qui les décrivait comme ressemblant à des [[Langue (anatomie humaine)|langues]] humaines [[Pétrification|pétrifiées]] que les [[Folklore|folkloristes]] [[Empire romain|romains]] croyaient être tombées du ciel lors d'[[Éclipse lunaire|éclipses lunaires]] et les désignaient sous le nom de ''[[Glossopètre|glossopetrae]]'' (« pierres de langue » en [[latin]])<ref name=Duffin2017>{{chapitre|langue=en|auteur=Christopher J. Duffin|titre chapitre=Fossil Sharks' Teeth as Alexipharmics|titre ouvrage=Toxicology in the Middle Ages and Renaissance|auteur ouvrage=P. Wexler|éditeur=[[Academic Press]]|année=2017|lieu=[[Londres]]|passage=125-133|pages totales=174|isbn=978-0-128-09554-6|doi=10.1016/B978-0-12-809554-6.00012-3|s2cid=194679331}}</ref>. Plus tard, selon une tradition [[Malte|maltaise]] datant du {{s-|XII|e}}, les prétendues langues appartenaient à des [[Serpentes|serpents]] que l'[[Paul de Tarse|apôtre Paul]] avait transformés en pierre lors de son naufrage dans cette région, et qui avaient reçu des pouvoirs [[Antivenin|antivenimeuse]] de la part du [[saint]]<ref name=ForliandGurreini>{{ouvrage|langue=en|auteur1=Maurizio Forli|auteur2=Andrea Guerrini|titre=The History of Fossils over Centuries|chapitre=''Quaestio de Fossilibus'': Glossopetres, Snake Tongues and Ceraunids|éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer]]|lieu=[[Cham (Bavière)|Cham]]|passage=41-83|pages totales=508|année=2022|doi=10.1007/978-3-031-04687-2_6|isbn=978-3-031-04686-5}}</ref>. Les ''glossopetrae'' réapparaissent dans toute l'Europe dans la littérature de la fin du {{s-|XIII|e}} au {{s-|XVI|e}}, où ont leur attribue des propriétés bien plus [[surnaturel]]les qui guérissaient une plus grande variété de [[poison]]s. L'utilisation des dents de mégalodon à cette fin s'est répandue parmi la noblesse [[Moyen Âge|médiévale]] et de la [[Renaissance]], qui les a façonnées en amulettes de protection et en vaisselle pour soi-disant détoxifier les liquides ou les corps empoisonnés qui touchaient les pierres. Au {{s-|XVI|e}}, les dents étaient directement consommées comme ingrédients des [[Pierre de Goa|pierres de Goa]] fabriquées en Europe<ref name=Duffin2017 />.
Selon les récits de la [[Renaissance]], de grandes [[dent]]s [[fossile]]s de formes triangulaires, souvent trouvées incrustées dans des formations rocheuses, étaient autrefois considérées comme des [[Langue (anatomie animale)|langues]] pétrifiées, ou [[glossopètre]], provenant de [[dragon]]s ou de [[serpent]]s. Cette interprétation est corrigé en 1667 par le [[naturaliste]] [[Danemark|danois]] [[Nicolas Sténon]], qui les a reconnues comme des dents de requin et a produit une représentation célèbre d'une tête de requin portant de telles dents. Il décrit ses découvertes dans le livre intitulée ''The Head of a Shark Dissected'', qui contient également une illustration d'une dent de mégalodon<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur=Kendall Haven|titre=100 Greatest Science Discoveries of All Time|éditeur=Libraries Unlimited|année=1997|pages=25-26|isbn=978-1-59158-265-6|url={{google books|plainurl=yes|id=4ANALQiCje4C|page=25}}|lieu=[[Westport (Connecticut)|Westport, Connecticut]]|oclc=230807846}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|url={{google books|plainurl=yes|id=4gGAgHcKX6YC|page=93}}|auteur=Kuang-Tai Hsu|année=2009|titre=The Revolution in Geology from the Renaissance to the Enlightenment|auteur chapitre=G. D. Rosenburg|chapitre=The Path to Steno's Synthesis on the Animal Origin of Glossopetrae|éditeur=[[Société américaine de géologie|Geological Society of America]]|volume=203|lieu=Boulder, Colorado|isbn=978-0-8137-1203-1|oclc=608657795}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|url={{google books|plainurl=yes|id=T-AoDwAAQBAJ|page=43}}|auteur=Juliet Eilperin|année=2012|titre=Demon Fish|éditeur=Pantheon Books|page=43|isbn=978-0-7156-4352-5}}</ref>.


{{multiple image
En 1843, le naturaliste [[suisse]] [[Louis Agassiz]] donne à ce requin son [[nom scientifique]] initial, ''Carcharodon megalodon'', dans son ouvrage intitulée ''Recherches sur les poissons fossiles'', basé sur des restes de dents<ref name=Agassiz1843>{{ouvrage|langue=fr|auteur=Louis Agassiz|titre=Recherches sur les poissons fossiles|volume=3|page=41|éditeur=[[Museum of Comparative Zoology]]|année=1833-1843|url=https://archive.org/details/recherchessurles01agas/page/41/mode/2up}}</ref>{{,}}<ref name="A">{{Article|langue=en|auteur1=
|align = right
Kevin G. Nyberg|auteur2=Charles N. Ciampaglio|auteur3=Gregory A. Wray|titre=Tracing the ancestry of the great white shark, ''Carcharodon carcharias'', using morphometric analyses of fossil teeth|année=2006|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|volume=26|numéro=4|pages=806-814|doi=10.1671/0272-4634(2006)26[806:TTAOTG]2.0.CO;2|s2cid=53640614|jstor=4524633|url=https://www.researchgate.net/publication/253767853}}</ref>. Dans son article datant de 1837, le paléontologue anglais {{lien|Edward Charlesworth}} utilise le nom de ''Carcharias megalodon'', tout en citant Agassiz comme auteur, indiquant que ce dernier a décrit l'espèce avant 1843. En 1928, le paléontologue anglais [[Charles Davies Sherborn]] répertorie une série d'articles de 1835 d'Agassiz comme étant la première description scientifique du requin<ref>{{article|langue=en|auteur=I. W. Keyes|année=2012|titre=New records of the Elasmobranch ''C. megalodon'' (Agassiz) and a review of the genus ''Carcharodon'' in the New Zealand fossil record|périodique=New Zealand Journal of Geology and Geophysics|volume=15|numéro=2|page=229|doi=10.1080/00288306.1972.10421956|s2cid=140140910|jstor=20062013}}</ref>. L'[[épithète spécifique]] ''megalodon'' veut littéralement dire « grande dent », provenant des mots en [[grec ancien]] {{Grec ancien|μέγας|mégas}}, signifiant « grand, puissant », et {{grec ancien|ὀδούς|odoús}} « dent ». Les dents du mégalodon étant morphologiquement similaires à celles du [[grand requin blanc]] (''Carcharodon carcharias''), Agassiz attribue sur la base de cette observation le mégalodon au genre ''[[Carcharodon]]''<ref name="A" />.
|total_width = 300
|image1 = Stenoshark.jpg
|image2 = StenoFossilSharkTeeth.webp
|footer = Représentations par [[Michele Mercati|Mercati]] d'une tête et de dents d'un grand requin blanc (à gauche) et de dents fossiles d'un mégalodon et d'un grand requin blanc (à droite), réutilisées par [[Nicolas Sténon|Sténon]] en 1667.
|alt1 = Une illustration d'une tête de requin (vue latérale). Des rides, un nez et des yeux exagérés sont visibles, et en bas se trouvent deux dessins individuels de dents de requin.
}}


La véritable nature des ''glossopetrae'' en tant que dents de [[requin]]s est reconnue par certains depuis au moins 1554, lorsque le [[Cosmographie|cosmographe]] [[André Thevet]] l'a décrit comme du ouï-dire, même s'il n'y adhérait pas. Le premier argument scientifique en faveur de ce point de vue est avancé par le naturaliste [[Italie|italien]] [[Fabio Colonna]], qui publie en 1616 une illustration d'une dent de mégalodon maltais aux côtés de celle d'un [[grand requin blanc]] et notent leurs similitudes frappantes. Il soutient que les ''glossopetrae'' n'étaient pas des langues de serpent pétrifiées mais en réalité des dents de requins similaires échoués sur les rivages. Colonna soutient cette thèse par une expérience de combustion d'échantillons de ''glossopetrae'', à partir desquels il observa des résidus de [[carbone]] qu'il interprète comme prouvant une origine organique<ref name=ForliandGurreini />. Cependant, l’interprétation des pierres comme étant des dents de requins fut majoritairement rejetée, cela s’expliquant en partie par l’incapacité de déterminer comment certains d’entre eux furent trouvées loin des régions maritimes<ref name=Bressan2016>{{lien web|langue=en|auteur=David Bressan|titre=How the Dissection Of A Shark's Head Revealed The True Nature Of Fossils|année=2016-01-14|website=[[Forbes (magazine)|Forbes]]|url=https://www.forbes.com/sites/davidbressan/2016/01/14/how-the-dissection-of-a-sharks-head-revealed-the-true-nature-of-fossils/?sh=428c61d4e8c0}}</ref>. L'argument de la dent de requin est de nouveau soulevé sur le plan académique lors de la fin du {{s-|XVII|e}} par les scientifiques [[Angleterre|anglais]] [[Robert Hooke]], [[John Ray]] et le naturaliste [[Danemark|danois]] [[Nicolas Sténon]]<ref name=StenoUCMP>{{lien web|langue=en|url=https://ucmp.berkeley.edu/history/steno.html|titre=Nicholas Steno|website=University of California Museum of Paleontology}}</ref>. L'argument de Sténon en particulier est surtout reconnu comme déduit de sa dissection de la tête d'un grand requin blanc capturé en 1666. Son rapport de 1667 décrivait des gravures d'une tête de requin et de dents de mégalodon qui sont devenues particulièrement emblématiques. Cependant, la tête illustrée n'était pas réellement celle que Sténon avait disséquée, et les dents fossiles n'étaient pas non plus illustrées par lui. Les deux gravures ont été commandées à l'origine dans les années 1590 par le médecin [[États pontificaux|papal]] [[Michele Mercati]], qui possédait également la tête d'un grand requin blanc, pour son livre intitulée ''Metallotheca''. L'ouvrage est resté inédit à l'époque de Sténon en raison de la mort prématurée de Mercati, et le premier a réutilisé les deux illustrations selon la suggestion de [[Carlo Roberto Dati]], qui pensait qu'une représentation du requin disséqué ne conviendrait pas aux lecteurs<ref name=DavidsonSteno>{{article|langue=en|auteur=Jane P. Davidson|titre=Historical Point of View: Fish Tales: Attributing the First Illustration of a Fossil Shark's Tooth to Richard Verstegan (1605) and Nicolas Steno (1667)|périodique=Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia|année=2000|volume=150|pages=329-344|jstor=4065077}}</ref>. Sténon s'est également démarqué en étant le pionnier d'une explication [[Stratigraphie|stratigraphique]] de la façon dont des pierres similaires sont apparues plus à l'intérieur des terres. Il observa que les couches rocheuses portant des dents de mégalodon contenaient des sédiments marins et a émis l'hypothèse que ces couches étaient corrélées à une [[Déluge|période d'inondation]] qui a ensuite été recouverte par des couches terrestres et soulevée par l'activité géologique<ref name=Bressan2016 />.
Il existe une description apparente du requin datant de 1881, le classant sous le nom de ''Selache manzonii''<ref>{{article|auteur=R. Lawley|année=1881|titre=''Selache manzonii'' n. sp. – Dente Fossile délia Molassa Miocenica del Monte Titano (Repubblica di San Marino)|langue=it|périodique=Atti della Società Toscana di Scienze Naturali|volume=5|pages=167-172}}</ref>.

[[Fichier:Recherches sur les poissons fossiles (Tab 29) (7267241882).jpg|redresse=1.2|vignette|gauche|alt=|Dent [[holotype]] d’''O. megalodon'' (Fig. 2-3), catalogué TE-PLI 18, tel que présenté dans l'ouvrage d'[[Louis Agassiz|Agassiz]] publiée en 1835.]]

Le naturaliste [[suisse]] [[Louis Agassiz]] donne son [[nom scientifique]] au mégalodon dans son ouvrage intitulée ''Recherches sur les poissons fossiles'', dont les volumes furent publiée de 1833 jusqu'en 1843. Il le nomme ''[[Carcharias]] megalodon'' dans une illustration de 1835 de l'[[holotype]] et des dents supplémentaires, [[Conspécificité|congénère]] du [[Carcharias taurus|requin-taureau]] actuel<ref name="Agassiz1843">{{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Louis Agassiz]]|titre=Recherches sur les poissons fossiles|volume=3|éditeur=[[Museum of Comparative Zoology]]|année=1843|url=https://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/4275}}.</ref>{{,}}<ref name=Brignon2021>{{article|langue=en|auteur=Arnaud Brignon|année=2021|titre=Historical and nomenclatural remarks on some megatoothed shark teeth (Elasmobranchii, Otodontidae) from the Cenozoic of New Jersey (U.S.A.)|périodique=Rivista Italiana di Paleontologia e Stratigrafia|volume=127|numéro=3|pages=595–625|doi=10.13130/2039-4942/16440|url=https://www.researchgate.net/publication/354765218}}</ref>. L'[[épithète spécifique]] est un [[mot-valise]] des mots en [[Grec ancien|grecs anciens]] {{grec ancien|μεγάλος|megálos}}, « grand » et {{grec ancien|ὀδών|odṓn}}, « dent »<ref>{{lien web|langue=en|auteur1=[[Henry Liddell|Henry G. Liddell]]|auteur2=[[Robert Scott (philologue)|Robert Scott]]|titre=μεγάλος|website=[[A Greek-English Lexicon]], sur [[Bibliothèque numérique Perseus|Perseus Project]]|url=https://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus:text:1999.04.0057:entry=mega/los}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|auteur1=[[Henry Liddell|Henry G. Liddell]]|auteur2=[[Robert Scott (philologue)|Robert Scott]]|titre=ὀδών|website=[[A Greek-English Lexicon]], sur [[Bibliothèque numérique Perseus|Perseus Project]]|url=https://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus:text:1999.04.0057:entry=o)dw/n}}</ref>, le tout signifiant « grosse dent ». Agassiz fait référence au nom dès 1832, mais comme les spécimens n'ont pas été référés, ils ne constituent pas des [[Nomen nudum|utilisations taxonomiquement reconnues]]<ref name=Brignon2021 />. La [[Description des espèces|description officielle]] de l'espèce est publiée dans le troisième volume en 1843, dans lequel Agassiz déplace le [[taxon]] dans le genre ''[[Carcharodon]]'', renommé pour le coup ''Carcharodon megalodon''. Agassiz choisit cette attribution car il considérait que les dents étaient trop grandes pour y être attribués au premier genre nommé, ressemblant davantage à celles du grand requin blanc<ref name=Agassiz1843 />. Il identifia également par erreur plusieurs dents de mégalodon comme appartenant à des espèces supplémentaires du genre ''Carcharodon'', finalement nommées ''C. rectidens'', ''C. subauriculatus'', ''C. productus'' et ''C. polygurus''<ref name=Agassiz1843 />{{,}}<ref name=Woodward1899>{{ouvrage|langue=en|auteur=[[Arthur Smith Woodward|Arthur S. Woodward]]|année=1899|titre=Catalogue of the fossil fishes in the British Museum (Natural History), Part I. Containing the Elasmobranchii|passage=415-420|éditeur=Printed by order of the Trustees|lieu=[[Londres]]|oclc=4363056|url=https://www.biodiversitylibrary.org/item/211828#page/461/mode/1up}}</ref>. En raison du fait que ''C. megalodon'' apparait pour la première fois dans l'illustration publiée en 1835, les noms restants sont considérés comme des [[Synonyme (taxinomie)|synonymes plus récents]] selon le [[principe de priorité]]<ref name=Brignon2021/>{{,}}<ref name=Woodward1899 />.

=== Classification et évolution ===
[[Fichier:Otodus evolution.webp|vignette|redresse=0.9|alt=|Diagramme montrant l'évolution [[Chrono-espèce|chronospécifique]] du mégalodon.]]

Alors que les plus anciens fossiles connue du mégalodon sont signalées dans les archives datant de la fin de l'[[Oligocène]], c'est à dire d'il y a environ {{nobr|28 millions}} d'années<ref>{{article|langue=en|auteur1=Hideo Yabe|auteur2=Masatoshi Goto|auteur3=Naotomo Kaneko|titre=Age of ''Carcharocles megalodon'' (Lamniformes: Otodontidae): A review of the stratigraphic records|périodique=The Palaeontological Society of Japan|volume=75|pages=7-15|année=2004}}</ref>{{,}}<ref name="CA">{{article|langue=en|auteur1=Michael D. Gottfried|auteur2=R. Ewan Fordyce|titre=An associated specimen of ''Carcharodon angustidens'' (Chondrichthyes, Lamnidae) from the Late Oligocene of New Zealand, with comments on ''Carcharodon'' interrelationships|année=2001|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|volume=21|numéro=4|pages=730-739|doi=10.1671/0272-4634(2001)021[0730:AASOCA]2.0.CO;2|jstor=20062013|s2cid=86092645|url=http://www.thefossilforum.com/applications/core/interface/file/attachment.php?id=270846|consulté le=2017-11-06|archive-date=2019-12-17|archive-url=https://web.archive.org/web/20191217041232/http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache%3AMgxUX8ckLrYJ%3Awww.thefossilforum.com%2Fapplications%2Fcore%2Finterface%2Ffile%2Fattachment.php%3Fid%3D270846+&cd=13&hl=en&ct=clnk&gl=us}}</ref>, il y a un désaccord quant à la réelle date selon laquelle le [[taxon]] aurait apparue, avec des proposition allant jusqu'à il y a {{nobr|16 millions}} d'années<ref name="Pimiento2016">{{article|langue=en|auteur1=Catalina Pimiento|auteur2=Bruce J. MacFadden|auteur3=Christopher F. Clements|auteur4=Sara Varela|auteur5=Carlos Jaramillo|auteur6=Jorge Velez-Juarbe|auteur7=Brian R. Silliman|titre=Geographical distribution patterns of ''Carcharocles megalodon'' over time reveal clues about extinction mechanisms|périodique=Journal of Biogeography|année=2016|pages=1645–1655|volume=43|numéro=8|doi=10.1111/jbi.12754|bibcode=2016JBiog..43.1645P|s2cid=55776834}}</ref>. Il fut admis que le mégalodon s'est [[Extinction des espèces|éteint]] durant la fin du [[Pliocène]]<ref name="Pimiento2016"/>{{,}}<ref name="Pimiento2014">{{article|langue=en|auteur1=Catalina Pimiento|auteur2=Christopher F. Clements|titre=When Did ''Carcharocles megalodon'' Become Extinct? A New Analysis of the Fossil Record|périodique=[[PLOS ONE]]|année=2014|volume=9|numéro=10|pages=e111086|doi=10.1371/journal.pone.0111086|pmid=25338197|bibcode=2014PLoSO...9k1086P|pmc=4206505|accès doi=libre}}</ref>, les affirmations concernant des dents de mégalodon du [[Pléistocène]], âgées de moins de {{nobr|2,6 millions}} d'années, étants considérées comme peu fiables<ref name="Pimiento2014"/>. Une évaluation publiée en 2019 déplace la date d'extinction plus tôt dans le Pliocène, vers {{nobr|3,6 millions}} d'années<ref name="Boessenecker2019">{{article|langue=en|auteur1=Robert W. Boessenecker|auteur2=Dana J. Ehret|auteur3=Douglas J. Long|auteur4=Morgan Churchill|auteur5=Evan Martin|auteur6=Sarah J. Boessenecker|titre=The Early Pliocene extinction of the mega-toothed shark ''Otodus megalodon'': a view from the eastern North Pacific|périodique=[[PeerJ]]|volume=7|année=2019|pages=e6088|doi=10.7717/peerj.6088|pmid=30783558|pmc=6377595|accès doi=libre}}</ref>.

Le mégalodon est considéré comme un membre de la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Otodontidae]], classé dans le [[genre type]] ''[[Otodus]]'', par opposition à sa classification précédente dans les [[Lamnidae]], au sein du genre ''Carcharodon''<ref name="Pimiento2016" />{{,}}<ref name="Pimiento2014" />{{,}}<ref name="Shimada2016">{{article|langue=en|auteur1=Kenshu Shimada|auteur2=Richard E. Chandler|auteur3=Ottoa L. T. Lam|auteur4=Takeshi Tanaka|auteur5=David J. Ward|titre=A new elusive otodontid shark (Lamniformes: Otodontidae) from the lower Miocene, and comments on the taxonomy of otodontid genera, including the ‘megatoothed’ clade|année=2016|périodique=Historical Biology|volume=29|numéro=5|pages=704-714|doi=10.1080/08912963.2016.1236795|s2cid=89080495}}</ref>{{,}}<ref name="Shimada2019">{{article|langue=en|auteur=Kensu Shimada|année=2019|titre=The size of the megatooth shark, ''Otodus megalodon'' (Lamniformes: Otodontidae), revisited|périodique=Historical Biology|volume=33|numéro=7|pages=1-8|doi=10.1080/08912963.2019.1666840|s2cid=208570844|issn=0891-2963}}</ref>. La classification du mégalodon dans le genre ''Carcharodon'' était due à une similitude dentaire avec le grand requin blanc, mais la plupart des auteurs pensent que cela est dû à une [[Convergence évolutive|évolution convergente]]. Dans ce modèle, le grand requin blanc est plus étroitement lié au [[Carcharodon hastalis|requin mako géant]] qu'au mégalodon, comme en témoigne la dentition plus similaire chez ces deux requins, les dents du mégalodon ayant des dentelures beaucoup plus fines que ceux de ce dernier. Le grand requin blanc est plus étroitement apparenté au genre ''[[Isurus]]'', ces deux partageant un [[Dernier ancetre commun|ancêtre commun]] remontant vers environ {{nobr|4 millions}} d'années<ref name="A">{{article|langue=en|auteur1=Kevin G. Nyberg|auteur2=Charles N. Ciampaglio|auteur3=Gregory A. Wray|titre=Tracing the ancestry of the great white shark, ''Carcharodon carcharias'', using morphometric analyses of fossil teeth|année=2006|périodique=Journal of Vertebrate Paleontology|volume=26|numéro=4|pages=806-814|doi=10.1671/0272-4634(2006)26[806:TTAOTG]2.0.CO;2|s2cid=53640614|jstor=4524633|url=https://www.researchgate.net/publication/253767853}}</ref>{{,}}<ref name="FSP">{{article|langue=en|auteur1=Dana J. Ehret|auteur2=Gordon Hubbell|auteur3=Bruce J. Macfadden|titre=Exceptional preservation of the white shark ''Carcharodon'' from the early Pliocene of Peru|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|année=2009|volume=29|numéro=1|pages=1-13|doi=10.1671/039.029.0113|jstor=20491064|s2cid=129585445}}</ref>. Les adhérents quand à la première hypothèse selon lequel le mégalodon et le grand requin blanc seraient plus étroitement liées soutiennent que les différences dentaires entre les deux seraient infimes et peu distinguables{{sfn|Klimley|Ainley|1996|p=23-25}}.

[[Fichier:Megalodon tooth with great white sharks teeth-3-2.jpg|vignette|gauche|redresse=1.05|Dent fossile de mégalodon comparée avec deux dents de grand requin blanc.|alt=Une dent de mégalodon noire et deux dents blanches de grand requin blanc au-dessus d'une échelle centimétrique, la dent de mégalodon s'étend entre zéro et treize centimètres et demi. Une grande dent blanche s'étend entre les marques de onze et treize centimètres, et l'autre s'étend entre les marques de treize et seize centimètres.]]

Le genre ''Carcharocles'' contient quatre espèces : ''{{lien|trad=Otodus auriculatus|texte=C. auriculatus}}'', ''{{lien|trad=Otodus angustidens|texte=C. angustidens}}'', ''[[Carcharocles chubutensis|C. chubutensis]]'' et ''C. megalodon''{{sfn|Renz|2002|p=30-31}}. L'évolution de cette lignée se caractérise par l'augmentation des dentelures, l'élargissement de la [[Couronne (dent)|couronne]], le développement d'une forme plus triangulaire de la dent et la disparition des [[cuspide]]s latérales{{sfn|Renz|2002|p=28-31}}. L'évolution de la morphologie des dents reflète un changement dans les tactiques de prédation, passant d'une morsure déchirante à une morsure coupante, reflétant probablement un changement dans le choix des proies, passant des [[poisson]]s aux [[Cetacea|cétacés]]. Les mini-cuspides latéraux ont finalement été perdus au cours d'un processus progressif qui dura environ {{nobr|12 millions}} d'années au cours de la transition entre ''C. chubutensis'' et ''C. megalodon''<ref name="Perez2019">{{article|langue=en|auteur1=
Victor J. Perez|auteur2=Stephen J. Godfrey|auteur3=Bretton W. Kent|auteur4=Robert E. Weems|auteur5=John R. Nance|titre=The transition between ''Carcharocles chubutensis'' and ''Carcharocles megalodon'' (Otodontidae, Chondrichthyes): lateral cusplet loss through time|périodique=[[Journal of Vertebrate Paleontology]]|volume=38|numéro=6|année=2019|pages=e1546732|doi=10.1080/02724634.2018.1546732|s2cid=92407449|accès doi=libre}}</ref>. Le genre ''Carcharocles'' fut initialement proposé par D. S. Jordan et H. Hannibal en 1923 pour inclure ''C. auriculatus''. C'est cependant dans les années 1980 que le mégalodon commence à être attribué à ''Carcharocles''<ref name="A" />{{,}}{{sfn|Renz|2002|p=30}}. Avant cela, en 1960, le genre ''Procarcharodon'' avait été érigé par l'ichtyologue [[Belgique|belge]] {{Lien|langue=d|trad=Q21394079|fr=Edgard Casier}}, qui incluait ces quatre espèces et furent considérées comme étants distincts du grand requin blanc. Ce genre est depuis considéré comme un synonyme plus récent de ''Carcharocles''{{sfn|Renz|2002|p=30}}. Le genre ''{{lien|Palaeocarcharodon}}'' a été érigé aux côtés de ''Procarcharodon'' afin de représenter le début de la lignée et, dans le modèle où le mégalodon et le grand requin blanc seraient étroitement liés, leur dernier ancêtre commun. Les auteurs rejetant ce modèle pensent qu'il s'agit d'une [[Piège évolutif|impasse évolutive]] et sans rapport avec les requins du genre ''Carcharocles''{{sfn|Klimley|Ainley|1996|p=70}}.

[[Fichier:White shark.jpg|vignette|redresse=1.1|Le grand requin blanc et le mégalodon furent auparavant considérés comme de proches parents<ref name="A" />{{,}}<ref name="FSP" />.|alt=Un grand requin blanc nageant à quelques mètres sous la surface, au-dessus d’un banc de poissons de taille bien plus petites.]]

Un autre modèle de l'évolution de ce genre, également proposé par Casier en 1960, est que l'ancêtre direct de la lignée ''Carcharocles'' est le requin ''Otodus obliquus'', qui a vécu du [[Paléocène]] au [[Miocène]], il y a entre {{nobr|60 et 13 millions}} d'années<ref name="FSP" />. Le genre ''Otodus'' est finalement dérivée de ''[[Cretalamna]]'', un requin datant du [[Crétacé]]<ref name="Shimada2016" />{{,}}<ref name=Siverssonetal2015>{{article|langue=en|auteur1=Mikael Siversson|auteur2=Johan Lindgren|auteur3=Michael G. Newbrey|auteur4=Peter Cederström|auteur5=Todd D. Cook|titre=Cenomanian-Campanian (Late Cretaceous) mid-palaeolatitude sharks of ''Cretalamna appendiculata'' type|périodique=[[Acta Palaeontologica Polonica]]|année=2015|volume=60|numéro=2|pages=339-384|doi=10.4202/app.2012.0137|s2cid=58906204}}</ref>. Selon ce modèle, ''O. obliquus'' a évolué en ''O. aksuaticus'', qui a évolué en ''C. auriculatus'', puis en ''C. angustidens'', puis en ''C. chubutensis'', et enfin en ''C. megalodon''.

Un autre modèle de l'évolution de ''Carcharocles'', proposé en 2001 par [[Michael J. Benton]], est que les trois autres espèces sont en réalité un unique espèce de requin qui a progressivement changé au fil du temps entre le Paléocène et le Pliocène, ce qui en ferait une [[chrono-espèce]]{{sfn|Renz|2002|p=17}}{{,}}<ref name="CA" />{{,}}<ref>{{article|langue=en|auteur1=[[Michael J. Benton]]|auteur2=Paul N. Pearson|année=2001|titre=Speciation in the fossil record|périodique=Trends in Ecology and Evolution|volume=16|numéro=7|pages=405-411|pmid=11403874|doi=10.1016/s0169-5347(01)02149-8|s2cid=24241914}}</ref>. Certains auteurs suggèrent que ''C. auriculatus'', ''C. angustidens'' et ''C. chubutensis'' devraient être classés comme une seule espèce du genre ''Otodus'', laissant ''C. megalodon'' le seul représentant de ''Carcharocles''<ref name="CA"/>.

Le genre ''Carcharocles'' pourrait être invalide et le requin pourrait en fait appartenir au genre ''Otodus'', étant alors renommé ''O. megalodon''. Une étude publiée en 1974 sur les requins du [[Paléogène]] réalisée par [[Henri Cappetta]] ériga le sous-genre ''Megaselachus'', classant le requin comme ''Otodus (Megaselachus) megalodon'', avec ''O. (M.) chubutensis''<ref name=cappetta>{{chapitre|langue=en|auteur=[[Henri Cappetta]]|année=1987|titre chapitre=Mesozoic and Cenozoic Elasmobranchii|titre ouvrage=Handbook of Paleoichthyology|auteurs ouvrage=Friedrich Pfeil|lieu=[[Munich]]|volume=3B|éditeur=[[S. Fischer Verlag|Fischer]]|isbn=978-3-89937-046-1|oclc=829906016|pages totales=193}}</ref>. Une revue publiée en 2006 concernant les [[Chondrichthyes|poissons cartilagineux]] éleva ''Megaselachus'' au rang de genre et classa les requins sous les noms de ''Megaselachus megalodon'' et ''M. chubutensis''. La découverte de fossiles attribués au genre ''[[Megalolamna]]'' en 2016 conduisuit à une réévaluation d’''Otodus'', qui en a conclu qu'il est [[Paraphylie|paraphylétique]], c'est-à-dire une ligné consistuée d'un dernier ancêtre commun mais n'incluant pas tous ses descendants. L'inclusion des requins du genre ''Carcharocles'' dans ''Otodus'' le rendrait [[Monophylie|monophylétique]], son [[taxon frère]] étant ''Megalolamna''<ref name="Shimada2016" />.

Le [[cladogramme]] ci-dessous représente les relations hypothétiques entre le mégalodon et d'autres requins [[lamniformes]], incluant le grand requin blanc. Il est basée d'après les travaux de Shimada {{et al.}} (2016)<ref name="Shimada2016" />, Ehret {{et al.}} (2009)<ref name="FSP" />, et les trouvailles de Siversson {{et al.}} (2015)<ref name=Siverssonetal2015/> :

{{clade
|style=font-size:85%;line-height:85%
|label1=[[Requin#Systématique|◄]] [[Lamniformes]]
|1={{clade
|1={{clade
|label1=[[Otodontidae]]
|1={{clade
|1=''{{lien|trad=Kenolamna|texte=Kenolamna gunsoni}}''
|2={{clade
|1={{clade
|1=''[[Cretalamna|Cretalamna appendiculata]]''
|2=''[[Cretalamna|Cretalamna aschersoni]]''
}}
|2={{clade
|1=''[[Megalolamna paradoxodon]]'' [[File:Megalolamna SW.png|70 px]]
|2={{clade
|1=''[[Otodus|Otodus obliquus]]''
|2='''''Otodus megalodon''''' [[File:Megalodon restoration.png|70 px]]
}}
}}
}}}}
|label2=[[Lamnidae]]
|2={{clade
|1=''[[Isurus oxyrinchus]]'' [[File:Shortfin mako shark (Duane Raver).png|70 px]]
|2=''[[Carcharodon carcharias]]'' [[File:White shark (Duane Raver).png|70 px]]
}}}}}}}}


== Fossiles ==
== Fossiles ==
Ligne 129 : Ligne 197 :
[[Fichier:Carcharodon megalodon.jpg|vignette|Mâchoire reconstituée d'un Mégalodon adulte.]]
[[Fichier:Carcharodon megalodon.jpg|vignette|Mâchoire reconstituée d'un Mégalodon adulte.]]


Le Mégalodon est, comme les requins modernes, un [[Chondrichthyes|poisson cartilagineux]], c’est-à-dire dont le [[squelette]] est constitué de [[cartilage]] et non pas d'[[os]], ce qui explique pourquoi peu de restes squelettiques fossilisés ont été retrouvés. Cependant, les grandes dents du Mégalodon ont traversé les âges et s'avèrent similaires en de nombreux points à celles du [[grand requin blanc]]. Elles mesuraient jusqu'à {{unité|20.3|centimètres}} pour les plus longues et étaient plus larges qu'une main humaine. La structure et la morphologie de ces dents, très semblables à celles du [[Grand requin blanc]] actuel, a suggéré que ce dernier pourrait être un « [[Nanisme|Mégalodon rétréci]] », mais il est aussi possible que les similarités dentaires soient le fruit d'une [[évolution convergente]] entre des espèces ne descendant pas l'une de l'autre<ref name="fossilworks.org_80603" />. Néanmoins, selon les règles de l'[[anatomie comparée]], c'est bien l'extrapolation au Mégalodon des dimensions des dents des requins modernes, qui a permis d'évaluer la taille de ce prédateur<ref>Daniel Richard, André Beaumont, Pierre Cassier, ''Biologie animale : les cordés ; anatomie comparée des vertébrés'', Dunod Sciences 2009.</ref>.
Le Mégalodon est, comme les requins modernes, un [[Chondrichthyes|poisson cartilagineux]], c’est-à-dire dont le [[squelette]] est constitué de [[cartilage]] et non pas d'[[os]], ce qui explique pourquoi peu de restes squelettiques fossilisés ont été retrouvés. Cependant, les grandes dents du Mégalodon ont traversé les âges et s'avèrent similaires en de nombreux points à celles du [[grand requin blanc]]. Elles mesuraient jusqu'à 19 centimètres pour les plus longues et étaient plus larges qu'une main humaine<ref>{{Lien web |langue=en |titre=What is the largest Megalodon tooth ever found? |url=https://www.fossilera.com/pages/what-is-the-largest-megalodon-tooth-ever-found |site=FossilEra |consulté le=2023-12-15}}</ref>. La structure et la morphologie de ces dents, très semblables à celles du [[Grand requin blanc]] actuel, a suggéré que ce dernier pourrait être un « [[Nanisme|Mégalodon rétréci]] », mais il est aussi possible que les similarités dentaires soient le fruit d'une [[évolution convergente]] entre des espèces ne descendant pas l'une de l'autre<ref name="fossilworks.org_80603" />. Néanmoins, selon les règles de l'[[anatomie comparée]], c'est bien l'extrapolation au Mégalodon des dimensions des dents des requins modernes, qui a permis d'évaluer la taille de ce prédateur<ref>Daniel Richard, André Beaumont, Pierre Cassier, ''Biologie animale : les cordés ; anatomie comparée des vertébrés'', Dunod Sciences 2009.</ref>.


La {{1re}} reconstitution de mâchoire de Mégalodon fut réalisée par le professeur Dean Bashford au [[Muséum américain d'histoire naturelle]] en 1909 : pour des dents de {{unité|12|cm}}, il fit monter une mâchoire de {{unité|2.70|m}} de hauteur et de {{unité|1.80|m}} de largeur pour un requin censé mesurer {{unité|24|mètres}}, évaluation fondée sur une mauvaise connaissance du ''ratio'' entre les dents et la longueur du corps. Dans les années 1980 et début 1990, plusieurs scientifiques ont ramené la taille du Mégalodon à environ {{unité|12|mètres}} de long. En 1991, le prothésiste dentaire et paléontologue Daniel Pouit réalise une autre reconstitution pour le [[Bioparc de Doué-la-Fontaine]] à partir de dents des [[falun]]s [[Mer des Faluns|(sables coquilliers) d'Anjou-Touraine]] du [[Miocène]] moyen et supérieur. La plus grande dent des faluns d'Anjou mesure {{unité|16|cm}} dans sa hauteur (dent antérieure de la mâchoire supérieure) et la mâchoire reconstituée fait {{unité|1.80|m}} d'ouverture buccale avec 150 dents pour 3 rangées de dents fonctionnelles. En 1996, le paléontologue Michael Gottfried de l'[[Université du Michigan]], en se basant sur une dent antérieure de la mâchoire supérieure de {{unité|16.5|cm}}, estime la longueur du Mégalodon ayant perdu cette dent à {{unité|15.90|mètres}}. Michael Gottfried a par ailleurs hypothétiquement estimé, en se basant sur les plus grands individus de requins blancs actuels, que les plus grands Mégalodons ont pu atteindre {{unité|20.2|mètres}}<ref>Mathieu Perreault, « Un requin de {{unité|20|m}} ? » dans ''La Presse +'' du 5 août 2018, [https://plus.lapresse.ca/screens/9170d13b-4b9a-494b-a64b-ab8a843939c2__7C___0.html]</ref>.
La {{1re}} reconstitution de mâchoire de Mégalodon fut réalisée par le professeur Dean Bashford au [[Muséum américain d'histoire naturelle]] en 1909 : pour des dents de {{unité|12|cm}}, il fit monter une mâchoire de {{unité|2.70|m}} de hauteur et de {{unité|1.80|m}} de largeur pour un requin censé mesurer {{unité|24|mètres}}, évaluation fondée sur une mauvaise connaissance du ''ratio'' entre les dents et la longueur du corps. Dans les années 1980 et début 1990, plusieurs scientifiques ont ramené la taille du Mégalodon à environ {{unité|12|mètres}} de long. En 1991, le prothésiste dentaire et paléontologue Daniel Pouit réalise une autre reconstitution pour le [[Bioparc de Doué-la-Fontaine]] à partir de dents des [[falun]]s [[Mer des Faluns|(sables coquilliers) d'Anjou-Touraine]] du [[Miocène]] moyen et supérieur. La plus grande dent des faluns d'Anjou mesure {{unité|16|cm}} dans sa hauteur (dent antérieure de la mâchoire supérieure) et la mâchoire reconstituée fait {{unité|1.80|m}} d'ouverture buccale avec 150 dents pour 3 rangées de dents fonctionnelles. En 1996, le paléontologue Michael Gottfried de l'[[Université du Michigan]], en se basant sur une dent antérieure de la mâchoire supérieure de {{unité|16.5|cm}}, estime la longueur du Mégalodon ayant perdu cette dent à {{unité|15.90|mètres}}. Michael Gottfried a par ailleurs hypothétiquement estimé, en se basant sur les plus grands individus de requins blancs actuels, que les plus grands Mégalodons ont pu atteindre {{unité|20.2|mètres}}<ref>Mathieu Perreault, « Un requin de {{unité|20|m}} ? » dans ''La Presse +'' du 5 août 2018, [https://plus.lapresse.ca/screens/9170d13b-4b9a-494b-a64b-ab8a843939c2__7C___0.html]</ref>.
Ligne 144 : Ligne 212 :
{{Légende/Fin}}]]
{{Légende/Fin}}]]
Des dents de Mégalodon ont été retrouvées dans les quatre coins du monde ([[Europe]], [[Asie de l'Est]], [[Amérique]], [[Caraïbes]] et dans l'[[Océanie]]), ce qui indique, comme certains requins actuels, qu'il devait avoir une [[répartition cosmopolite]].
Des dents de Mégalodon ont été retrouvées dans les quatre coins du monde ([[Europe]], [[Asie de l'Est]], [[Amérique]], [[Caraïbes]] et dans l'[[Océanie]]), ce qui indique, comme certains requins actuels, qu'il devait avoir une [[répartition cosmopolite]].

== Taxinomie ==
{{cladogramme|align=right|cladogram={{clade
|label1=[[Lamniformes]]
|1={{clade
|1={{clade
|1={{clade
|1= {{éteint}}''[[Otodus|Otodus obliquus]]''
|2= {{éteint}}'''''Otodus (Megaselachus) megalodon'''''}} }}
|2={{clade
|1={{éteint}}''[[Cosmopolitodus hastalis]]''
|2=''[[Carcharodon carcharias]]''}} }}
}}
|caption=Relation entre le mégalodon et d'autres requins, y compris le [[grand requin blanc]] ('' Carcharodon carcharias '')<ref name="FSP">{{article|nom1=Ehret |prénom1=D. J. |nom2=Hubbell |prénom2=G. |nom3=Macfadden |prénom3=B. J. |titre=Exceptional preservation of the white shark ''Carcharodon'' from the early Pliocene of Peru|périodique=Journal of Vertebrate Paleontology|volume= 29|numéro=1|pages= 1–13|doi= 10.1671/039.029.0113|année=2009|jstor=20491064}}</ref>.}}
Bien que les premiers restes connus de mégalodon remontent à l'[[Oligocène]] supérieur, il y a environ 28 [[millions d'années]]<ref>{{Article|nom1= Yabe|prénom1= H.|nom2= Goto|prénom2= M.|nom3= Kaneko|prénom3= N.|titre=Age of ''Carcharocles megalodon'' (Lamniformes: Otodontidae): A review of the stratigraphic records|périodique=The Palaeontological Society of Japan|volume= 75|pages= 7–15|année= 2004}}</ref>{{,}}<ref name="Gottfried">{{article|nom1=Gottfried|prénom1=M. D.|nom2=Fordyce|prénom2=R. E.|titre=An associated specimen of ''Carcharodon angustidens'' (Chondrichthyes, Lamnidae) from the Late Oligocene of New Zealand, with comments on ''Carcharodon'' interrelationships|année= 2001|périodique=Journal of Vertebrate Paleontology|volume =21|numéro= 4|pages= 730–739|doi= 10.1671/0272-4634(2001)021[0730:AASOCA]2.0.CO;2|url=http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:MgxUX8ckLrYJ:www.thefossilforum.com/applications/core/interface/file/attachment.php%3Fid%3D270846+&cd=13&hl=en&ct=clnk&gl=us}}</ref>, un désaccord subsiste quant à sa date d'apparition<ref name = "Pimiento2016">{{article|nom1 = Pimiento | prénom1 = C. | nom2 = MacFadden | prénom2 = B. J. | nom3 = Clements | prénom3 = C. F. | nom4 = Varela | prénom4 = S. | nom5 = Jaramillo | prénom5 = C. | nom6 = Velez-Juarbe | prénom6 = J. | nom7 = Silliman | prénom7 = B. R. | titre = Geographical distribution patterns of ''Carcharocles megalodon'' over time reveal clues about extinction mechanisms | périodique = Journal of Biogeography | année = 2016 | pages = 1645-1655 | doi = 10.1111 / jbi.12754 | volume = 43 | numéro = 8}} </ref>, avec des dates pouvant aller jusqu'à {{nombre|16|millions}} d'années. Les auteurs pensaient que le mégalodon s'était éteint vers la fin du [[Pliocène]], il y a environ {{nombre|2.6|millions}} d'années<ref name="Pimiento2016" />{{,}}<ref name="Pimiento2014">{{article| doi = 10.1371/journal.pone.0111086| pmid = 25338197| titre = When Did ''Carcharocles megalodon'' Become Extinct? A New Analysis of the Fossil Record| journal = PLoS ONE| volume = 9| numéro= 10| pages = e111086|année=2014| nom1 = Pimiento | prénom1 = C. | nom2 = Clements | prénom2 = C. F.| bibcode = 2014PLoSO...9k1086P | pmc=4206505}}</ref>, parce que les allégations relatives aux dents de mégalodon du [[Pléistocène]], âgées de moins de {{nombre|2.6|millions}} d'années, sont considérées comme non fiables<ref name = "Pimiento2014" />. Une évaluation plus récente remet la date d'extinction au début du Pliocène, il y a 3,{{nombre|6|millions}} d'années<ref name="Boessenecker2019">{{article|nom1= Boessenecker|prénom1=R. W.|prénom2= Ehret|nom2=D. J.|nom3= Long|prénom3=D. J.|nom4= Churchill|prénom4= M.|nom5= Martin|prénom5= E.|nom6= Boessenecker|prénom6=S. J.|titre=The Early Pliocene extinction of the mega-toothed shark ''Otodus megalodon'': a view from the eastern North Pacific|périodique= PeerJ|volume= 7|année= 2019|pages= e6088|doi= 10.7717/peerj.6088|pmid=30783558|pmc=6377595}}</ref>.

Le Mégalodon est maintenant considéré comme un membre de la [[famille (biologie)|famille]] [[Otodontidae]], au [[Genre (biologie)|genre]] ''[[Otodus]]'' et au ''[[Sous-genre (biologie)|sous-genre]]'' [[Megaselachus]], alors que sa classification antérieure le plaçait dans la famille [[Lamnidae]] et le genre ''[[Carcharodon]]''<ref name = "Pimiento2016" />{{,}}<ref name = "Pimiento2014" />{{,}}<ref name = "PimientoBalk2015">{{article|nom1=Pimiento|prénom1=C.|prénom2=Balk|nom2=M. A.|titre=Body-size trends of the extinct giant shark ''Carcharocles megalodon'': a deep-time perspective on marine apex predators|journal=Paleobiology|volume=41|numéro=3|année=2015|pages=479–490|doi=10.1017/pab.2015.16| pmc= 4541548|pmid=26321775}}</ref>{{,}}<ref name="Shimada2016"/>. La classification du Mégalodon dans ''Carcharodon'' était due à une similitude dentaire avec le [[grand requin blanc]], mais la plupart des auteurs pensent actuellement que cela est dû à une [[évolution convergente]]. Dans le modèle actuel, le grand requin blanc est plus étroitement apparenté au [[requin mako]] à grandes dents {{éteint}} ''[[Cosmopolitodus hastalis]]'' qu'au Mégalodon, comme en témoignent les comparaisons des dentitions de ces requins. Les dents du Mégalodon ont des dentelures bien plus fines que les dents du grand requin blanc. Ce dernier est plus étroitement apparenté au [[requin mako]] (''[[Isurus]]'' spp.) avec un [[ancêtre commun]] autour de {{nombre|4|millions}} d'années, tandis que le Mégalodon est apparenté à ''[[Otodus|Otodus obliquus]]''<ref name = "FSP" />.

Le genre ''[[Palaeocarcharodon]]'' a été créé à côté de ''Procarcharodon,'' qui représente le début de la lignée et dans lequel le Mégalodon et le grand requin blanc sont étroitement liés à leur dernier ancêtre commun, supposé être une [[Piège évolutif|impasse évolutive]] sans rapport avec les requins ''Carcharocles'' par les auteurs qui rejettent ce modèle<ref name="G">{{Ouvrage|prénom1=Peter|nom1=Klimley|prénom2=David|nom2=Ainley|titre=Great White Sharks|sous-titre=The Biology of Carcharodon carcharias|lieu=San Diego, California|éditeur=[[Academic Press]]|année=1996|pages totales=517|isbn=978-0-12-415031-7|oclc=212425118|lire en ligne={{google books|plainurl=yes|id=2My8M5tL-KIC|page=9}}|titre chapitre=Evolution}}</ref>.
[[Fichier:White shark.jpg|thumb|left|alt=Un grand requin blanc nageant à quelques mètres sous la surface, au-dessus d'un banc de poissons.|Lorsque le mégalodon et le [[grand requin blanc]] ''Carcharodon carcharias'' étaient considérés comme de proches parents, ce dernier a pu être décrit comme un [[Lamnidae|Lamnidé]] devenu « [[Nanisme|nain]] » faute de proies suffisantes, mais depuis que le mégalodon est placé dans le [[Sous-genre (biologie)|sous-genre]] ''[[Megaselachus]]'', il est considéré comme la [[chrono-espèce]] finale d'une lignée ancestrale du [[Genre (biologie)|genre]] ''Otodus'' évoluant durant le [[Paléocène]]<Ref name = "A" />{{,}}<ref name = "FSP" />.]]

Le genre ''Carcharocles'' est désormais souvent considéré comme invalide : une étude de 1974 sur les requins [[paléogène]]s, par [[Henri Cappetta]], a divisé le genre ''Otodus'' en deux [[Sous-genre (biologie)|sous-genres]] :
* ''Megaselachus'' qui compte deux [[Extinction des espèces|espèces éteintes]] : ''Otodus (Megaselachus) megalodon'' et ''[[Otodus chubutensis|O. (M.) chubutensis]]'' ;
* ''Otodus'' qui compte neuf autres espèces éteintes : ''O. angustidens, O. aksuaticus, O. auriculatus, O. limhamnensis, O. minor, O. naidini, O. obliquus, O. poseidoni'' et ''O. sokolovi''.


== Extinction ==
== Extinction ==
Ligne 175 : Ligne 219 :
Si l'on suppose qu'il se nourrissait principalement de [[Dugong|dugongs]] et [[cétacé]]s, on peut penser que le ''Otodus (Megaselachus) megalodon'' s'est éteint lorsque les mers polaires, devenues trop froides pour ces [[requins]] à métabolisme élevé, sont devenues un refuge pour leurs proies de prédilection, les mammifères marins à sang chaud. L'émergence de grands cétacés prédateurs chassant en groupe tels que l'orque a-t-elle contribué à l'extinction du Mégalodon ? On l'ignore, mais ces espèces pouvant vivre en eau glaciale ont pu profiter de la raréfaction du grand requin.
Si l'on suppose qu'il se nourrissait principalement de [[Dugong|dugongs]] et [[cétacé]]s, on peut penser que le ''Otodus (Megaselachus) megalodon'' s'est éteint lorsque les mers polaires, devenues trop froides pour ces [[requins]] à métabolisme élevé, sont devenues un refuge pour leurs proies de prédilection, les mammifères marins à sang chaud. L'émergence de grands cétacés prédateurs chassant en groupe tels que l'orque a-t-elle contribué à l'extinction du Mégalodon ? On l'ignore, mais ces espèces pouvant vivre en eau glaciale ont pu profiter de la raréfaction du grand requin.


En 2023, une autre théorie implique le fait que le Mégalodon était [[endotherme]] : le refroidissement climatique de la Terre au [[Pliocène]] a pu entraîner son extinction<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Adrien Bernard|titre=Le mégalodon avait le sang chaud comme nous, une cause probable de son extinction.|périodique=revue scientifique|date=28/06/2023|lire en ligne=https://www.msn.com/fr-fr/actualite/technologie-et-sciences/le-m%C3%A9galodon-avait-le-sang-chaud-comme-nous-une-cause-probable-de-son-extinction/ar-AA1d8yPZ?ocid=msedgntp&cvid=6ab65909f494419b82d57748da85a991&ei=13|accès url=libre|format=doc|pages=Microsoft Start}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Thure Cerling|titre=Endothermic physiology of extinct megatooth sharks|périodique=Scientific Review|date=June 26, 2023|lire en ligne=https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2218153120|accès url=libre|format=doc|pages=PNAS}}</ref>.
En 2023, une autre théorie implique le fait que le Mégalodon était [[endotherme]] : le refroidissement climatique de la Terre au [[Pliocène]] a pu entraîner son extinction<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Riley black|titre=Le mégalodon, un redoutable prédateur au sang partiellement chaud|périodique=magazine et revue scientifique|date=27/06/23|lire en ligne=https://www.nationalgeographic.fr/sciences/le-megalodon-un-redoutable-predateur-au-sang-partiellement-chaud|accès url=libre}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Adrien Bernard|titre=Le mégalodon avait le sang chaud comme nous, une cause probable de son extinction.|périodique=revue scientifique|date=28/06/2023|lire en ligne=https://www.msn.com/fr-fr/actualite/technologie-et-sciences/le-m%C3%A9galodon-avait-le-sang-chaud-comme-nous-une-cause-probable-de-son-extinction/ar-AA1d8yPZ?ocid=msedgntp&cvid=6ab65909f494419b82d57748da85a991&ei=13|accès url=libre|format=doc|pages=Microsoft Start}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Thure Cerling|titre=Endothermic physiology of extinct megatooth sharks|périodique=Scientific Review|date=June 26, 2023|lire en ligne=https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2218153120|accès url=libre|format=doc|pages=PNAS}}</ref>.


En tout cas, le « règne » du grand requin n'a pas empêché l'apparition de cétacés carnivores comme les orques, ni la disparition d'autres bien avant l'extinction du Mégalodon. Il est possible que ce soient d'autres requins plus petits et mieux adaptés à la chasse aux proies plus modestes, mais plus nombreuses ([[pinnipèdes]], poissons [[Pélagos|pélagiques]]) qui ont concurrencé le Mégalodon, trop grand et trop spécialisé dans la chasse aux grands cétacés qu'il ne pouvait plus suivre aux pôles, et dont les [[frayère]]s étaient désormais émergées<ref>{{Michael Reilly, ''Op. cit.''}}.</ref>.
En tout cas, le « règne » du grand requin n'a pas empêché l'apparition de cétacés carnivores comme les orques, ni la disparition d'autres bien avant l'extinction du Mégalodon. Il est possible que ce soient d'autres requins plus petits et mieux adaptés à la chasse aux proies plus modestes, mais plus nombreuses ([[pinnipèdes]], poissons [[Pélagos|pélagiques]]) qui ont concurrencé le Mégalodon, trop grand et trop spécialisé dans la chasse aux grands cétacés qu'il ne pouvait plus suivre aux pôles, et dont les [[frayère]]s étaient désormais émergées<ref>{{Michael Reilly, ''Op. cit.''}}.</ref>.


== Culture populaire ==
== Le Mégalodon et l'Homme ==
[[Fichier:HMS challenger William Frederick Mitchell.jpg|vignette|gauche|Vue d'artiste du {{HMS|Challenger|1858|6}}, dont l'équipage aurait découvert des dents de mégalodon datées par erreur entre {{unité|11 000 à 24 000|ans}}.|alt=Peinture d'un bateau à trois mâts naviguant dans l'océan.]]
=== [[Cryptozoologie]] ===
[[Fichier:Megalodon tooth ruler.jpg|thumb|Dent fossilisée de Megalodon, provenant du [[désert d'Atacama]] au [[Chili]].]]
Comme toujours, la [[cryptozoologie]] recherche des indices montrant que le Mégalodon a pu disparaître très récemment, voire être encore vivant :
* à la fin du {{XIXe siècle}}, le navire océanographique ''Challenger'' aurait remonté des fonds du Pacifique des dents longues de {{unité|12.5|cm}} (ce qui est nettement supérieur aux {{unité|7.5|cm}} en moyenne chez les requins blancs que nous connaissons), vieilles seulement de {{nombre|10000|ans}} et non fossilisées ;
* des dents vieilles de seulement {{nombre|5000|ans}} auraient été retrouvées non fossilisées au large de la côte [[australie]]nne ([[état de Victoria]]) ;
* [[Pierre Clostermann]] rapporte dans son livre ''Des poissons si grands'' (1969) un incident survenu 15 ans auparavant au large de [[Timor]] ([[Indonésie]]) et attribué à un gigantesque requin blanc : {{Citation|[…] En {{date-|mars 1954}}, le [[cotre]] australien ''Rachel Cohen'' passa en cale sèche à [[Adélaïde (Australie)|Adélaïde]] pour son [[carénage (bateau)|carénage]] : 17 dents de ''Carcharodon carcharias'' ayant en moyenne 8&nbsp;cm à la base et 10&nbsp;cm du collet à la pointe, auraient été extraites de la quille en bois, juste à l'aplomb de l'arbre d'hélice tordu. Le demi-cercle décrit par l'implantation des dents et des traces avait pratiquement un mètre de rayon ! […] Le capitaine du ''Rachel Cohen'' se souvenait d'un choc nocturne violent lors d'une tempête au large de Timor et avait conclu à une collision avec un des nombreux troncs d'arbre flottant dans cette mer. […] Les ichtyologues australiens ont attribué environ 24&nbsp;m de long au possesseur d'une telle denture, attiré probablement, comme cela est très fréquent, par les reflets de l'hélice.}}<ref>Pierre Clostermann, ''Des poissons si grands'', Flammarion 1969, {{p.|247-249}}.</ref>. L'estimation faite sur la taille du spécimen reste relative aux connaissances de l'époque ;
* le biologiste marin {{Lien|David George Stead}} a mentionné plusieurs observations de requins blancs de grande taille dans les eaux australiennes : {{Citation|En {{date-|mai 1939}}, au cours de discussions dans la presse de Sydney au sujet de la taille des requins, le capitaine J. S. Elkington du Queensland m'écrivit pour me parler d'une observation qu'il fit en 1894 d'un grand requin au large de Townsville Breakwater. (Je puis mentionner que le capitaine Elkington a passé une partie considérable de sa vie au service de la mer, et a toujours été un observateur avisé de la nature.) Il disait que pendant que la chaloupe de 35 pieds [10,5 m] dans laquelle il était se trouvait à l'arrêt durant une demi-heure, ce requin resta à dix pieds [3 m] de la chaloupe, lui donnant l'ample occasion de l'observer. Ce n'était pas un requin pèlerin, écrivait-il, mais un vrai de type blanc ou jaunâtre, qui se projetait de quelques pieds au moins au-delà de chaque côté de la chaloupe. Cet observateur connaissait le requin pèlerin et il était sûr que celui qu'il avait vu était le grand requin blanc.}}<ref>David G. Stead, {{en}} ''Sharks and rays of Australian seas'', Angus and Robertson publ., Sidney 1963, p. 45-46.</ref>
* la chaîne de télévision [[Discovery Channel]] a diffusé en {{date-|août 2013}} un documentaire intitulé ''Megalodon: The Monster Shark Lives'', soit « Mégalodon, le requin monstrueux est vivant », censé apporter des preuves de l'existence contemporaine du mégalodon, en particulier la photo d'un sous-marin [[Unterseeboot|U-Boot]] avec en arrière-plan l'aileron d'un requin espacé de {{unité|64|pieds}} (près de {{unité|20|m}}) de sa nageoire caudale<ref>[http://dsc.discovery.com/tv-shows/shark-week/videos/is-megalodon-still-alive.htm Is Megalodon Still Alive?] {{en}} : {{Citation|Is a 60-foot prehistoric shark named Megalodon still out there? Sightings of massive sharks around the world suggest to some that it's possible." « Est-ce que le requin préhistorique de 18 mètres nommé mégalodon existe encore ? Des requins gigantesques aperçus un peu partout dans le monde suggèrent que le fait est possible.}}</ref>. Outre le fait que la taille du spécimen serait alors largement supérieure à toutes les estimations de mensurations maximales, il a été démontré que la photo était truquée car construite à partir d'un film où l'aileron ne figure pas<ref>{{en}}[https://www.theguardian.com/environment/georgemonbiot/2014/feb/21/discovery-channel-giant-shark-documentary-george-monbiot Did Discovery Channel fake the image in its giant shark documentary?].</ref>.


Le mégalodon est représenté dans de nombreuses œuvres de [[fiction]], notamment dans les [[Film (cinéma)|films]] et les [[Roman (littérature)|romans]], et continue d'être un sujet populaire de l'[[imaginaire]] entourant les [[Monstre marin|monstres marins]]<ref name="weinstock">{{ouvrage|langue=en|auteur=Jeffrey A. Weinstock|année=2014|titre=The Ashgate Encyclopedia of Literary and Cinematic Monsters|éditeur=[[Routledge]]|passage=107-108|pages totales=624|lieu=[[Farnham (Surrey)|Farnham]]|isbn=978-1-4094-2562-5|oclc=874390267|url={{Google Livres|PHbeCwAAQBAJ|page=107}}}}</ref>. Les rapports faisant état de dents de mégalodon supposément récentes, telles que celles trouvées par le {{HMS|Challenger|1858|6}} en 1873 et datées en 1959 par le zoologiste Wladimir Tschernezky comme étant âgées d'environ {{unité|11 000 à 24 000|ans}}, ont contribué à populariser les affirmations sur la survie récente du mégalodon parmi les [[Cryptozoologie|cryptozoologistes]]<ref name=":0">{{article|langue=en|auteur=Edward Guimont|année=2021|titre=The Megalodon: A Monster of the New Mythology|périodique=M/C Journal|volume=24|numéro=5|doi=10.5204/mcj.2793|s2cid=241813307|issn=1441-2616|accès doi=libre}}</ref>. Ces affirmations furent discréditées et il s'agit probablement de dents qui étaient bien conservées par un épais [[précipité]] de croûte minérale de [[dioxyde de manganèse]], et qui avaient donc un [[Radioactivité|taux de décomposition]] plus faible et conservaient une couleur blanche pendant la [[fossilisation]]. La couleur des dents fossiles du mégalodon peut varier du blanc cassé au brun foncé, en passant par le gris et le bleu, et certaines dents fossiles peuvent avoir été [[Taxon zombie|redéposées]] dans une [[Strate (géologie)|strate]] plus jeune. Les affirmations selon lesquelles le mégalodon pourrait rester insaisissable dans les profondeurs, à l'instar du [[requin grande-gueule]] découvert en 1976, sont peu probables, car les archives fossiles montre que le requin vivait dans les eaux côtières chaudes et ne pourrait probablement pas survivre dans un environnement marin froid et pauvre en nutriments<ref>{{article|langue=en|auteur=Ben S. Roesch|année=1998|titre=A Critical Evaluation of the Supposed Contemporary Existence of ''Carcharocles megalodon''|périodique=The Cryptozoology Review|volume=3|numéro=2|pages=14-24|url=http://web.ncf.ca/bz050/megalodon.html|consulté le=2014-11-11|archive-date=2013-10-21|archive-url=https://web.archive.org/web/20131021005820/http://web.ncf.ca/bz050/megalodon.html}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=Does Megalodon Still Live?|url=http://www.elasmo-research.org/education/evolution/megalodon_lives.htm |consulté le=2017-10-02|périodique=Biology of Sharks and Rays}}</ref>.
Deux des dents récoltées par le HMS Challenger en 1875 en Polynésie française ont été datées par Vladimir Tchernetsky en 1959, qui a mesuré les croûtes de dioxyde de manganèse présentes sur les dents et en déduisit qu'une des dents a {{unité|11333|ans}} et l'autre {{unité|24206|ans}}<ref>Vladimir Tchernetsky, {{en}} « Age of Carcharodon megalodon ? »; ''Nature'' {{numéro|4695}}, 1959, p. 1331–1332.</ref>, avec une part d'incertitude : la dent « N2 » est datée de {{unité|24206|ans}} alors qu'une fois le calcul revérifié, elle aurait plutôt {{unité|24267|ans}}, car l'auteur n'utilise que la valeur minimale de précipitation donnée par Pettersson en 1955<ref>H. Pettersson, {{en}} « Manganese nodules and oceanic radium », ''Marine Biology and Oceanography'', suppl. to vol. 3 of ''Deep-Sea Research'', 1955, p. 335-345.</ref> qui est de {{unité|0.15|mm}} de dioxyde de manganèse en {{unité|1000|ans}}. Le chiffre maximal (de {{unité|1.4|mm}} pour {{unité|1000|ans}}) donne donc les âges suivants : {{unité|1214|ans}} pour la dent « N1 » et {{unité|2600|ans}} pour la dent « N2 ». Enfin, Tchernetsky s'est trompé dans sa conclusion car par cette procédure, il a daté le temps de formation des croûtes de dioxyde de manganèse sur le fond océanique et non l'âge des dents elles-mêmes. Notons également que les chiffres donnés par Pettersson sont établis dans des conditions physico-chimiques et biologiques bien précises, et que donc les temps de formation sont à prendre avec beaucoup de précautions. La seule méthode de datation viable serait une étude approfondie des roches sédimentaires des fonds marins, plaçant ainsi les dents de Mégalodon dans un contexte géologique et géochimique rigoureux.


La fiction contemporaine sur la survie du mégalodon dans les temps modernes est lancée par [[Steve Alten]] via son roman publiée en 1997 intitulée ''{{lien|trad=Meg: A Novel of Deep Terror}}'', et ses suites ultérieures. Le mégalodon commence ensuite à figurer dans des films, tels que ''[[Shark Attack 3: Megalodon]]'', un ''[[direct-to-video]]'' sortie en 2002, et plus tard ''[[En eaux troubles (film, 2018)|En eaux troubles]]'', un film sortie en 2018 adapté du livre de 1997, qui rapporta plus de {{nb|500 millions de dollars}} au [[box-office]]<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=The Meg (2018)|url=https://www.boxofficemojo.com/movies/?id=wbeventfilm2018.htm|consulté le=2017-12-20|website=[[Box Office Mojo]]}}</ref>.
Concernant les tailles extraordinaires, il faut signaler que, pendant des décennies, des captures de [[Grand requin blanc|requins blancs]] de plus de {{unité|10|m}} voire {{unité|11|m}} ont été signalées : les vérifications scientifiques ont toutefois établi que ces dimensions étaient exagérées, et qu'aucun requin atteignant {{unité|7|m}} n'a jamais été capturé<ref>Détaillé dans [[Grand requin blanc#Mensurations]].</ref>. Toutefois, le record de taille et de poids d'un grand requin blanc a été établi lors d'une prise en Méditerranée, au large de la Tunisie, soit : {{unité|7.10|m}} de longueur, pour une masse de {{unité|1500|kg}}. Il s'agissait très probablement d'une femelle. Précisons aussi que le grand requin blanc vit en eaux froides et tempérées et que c'est un grand nageur (nageoire caudale homocerque) surtout côtier : les allégations le donnant pour un Mégalodon qui aurait survécu et se serait adapté au climat actuel en diminuant sa taille sont dignes de la fascination que les grands requins exercent dans la [[culture populaire]], mais ne sont soutenues par aucune preuve scientifique indubitable<ref>[http://www.iflscience.com/plants-and-animals/could-megalodon-still-live-deep-ocean].</ref>.


Le [[documentaire-fiction]] d'[[Animal Planet]] ''{{lien|Mermaids: The Body Found}}'' montre la rencontre entre un groupe de [[sirène]]s et un mégalodon, fixée à une époque datant vers {{unité|1,6 millions d'années}}<ref>{{cite AV media|langue=en|titre=Mermaids: The Body Found|éditeur=[[Animal Planet]]|medium=documentaire|people=Sid Bennett|date=2012-05-27}}</ref>. Plus tard, en {{date-|août 2013}}, la [[Discovery Channel]] diffuse sa série annuelle de la ''{{lien|trad=Shark Week|fr=Shark Week (Discovery Channel)|texte=Shark Week}}'' avec un autre film pour la télévision, intitulée ''[[Megalodon: The Monster Shark Lives]]''<ref>{{lien web|langue=en|titre=Shark Week 'Megalodon: The Monster Shark Lives' Tries To Prove Existence Of Prehistoric Shark (VIDEO)|website=[[HuffPost|Huff Post Green]]|date=2013-08-05|consulté le=2013-08-11|url=http://www.huffingtonpost.com/2013/08/05/shark-week-megalodon-monster-shark-video_n_3706120.html?ir=Green}}</ref>, un documentaire-fiction controversé qui présente de prétendues preuves suggérant l'existence contemporaine du mégalodon. Ce programme fut très critiqué pour être complètement fictif et pour ne pas divulguer de manière adéquate sa nature érronée. Par exemple, tous les scientifiques supposés présentés étaient en fait des acteurs rémunérés, et le documentaire lui-même ne révélait pas qu'il s'agissait d'une fiction. Dans un sondage réalisé par la Discovery Channel, {{nb|73 %}} des téléspectateurs ayant vue le documentaire pensaient que le mégalodon n'était pas éteint. En 2014, la chaine rediffusa ''The Monster Shark Lives'', ainsi qu'un nouveau programme d'une heure, ''Megalodon: The New Evidence'', et un programme supplémentaire romancé intitulé ''Shark of Darkness: Wrath of Submarine'', ce qui entraîna de nouvelles réactions négatives aussi bien de la part des médias comme de la [[communauté scientifique]]<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur1=Brian Winston|auteur2=Gail Vanstone|auteur3=Wang Chi|année=2017|titre=The Act of Documenting: Documentary Film in the 21st Century|chapitre=A Walk in the Woods|périodique=[[Bloomsbury Publishing]]|lieu=[[New York]]|pages totales=271|isbn=978-1-5013-0918-2|oclc=961183719|url={{Google Livres|9yZ7DQAAQBAJ|page=27}}}}</ref>{{,}}<ref name="nytimesop">{{lien web|langue=en|auteur=Jake Flanagin|année=2014|titre=Sorry, Fans. Discovery Has Jumped the Shark Week. |website=[[New York Times]]|url=http://op-talk.blogs.nytimes.com/2014/08/15/sorry-fans-discovery-has-jumped-the-shark-week|consulté le=2014-08-16}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|auteur=David Shiffman|date=2014-08-15|titre=Shark Week Is Lying Again About Monster Megalodon Sharks|url=https://slate.com/technology/2014/08/shark-week-megalodon-films-discovery-channel-lies-about-extinct-monster-sharks.html|consulté le=2022-07-31|website=[[Slate (magazine)|Slate]]}}</ref>. Malgré les critiques, ''Megalodon: The Monster Shark Lives'' a été un énorme succès d'audience, gagnant {{nb|4,8 millions}} de téléspectateurs, étant le plus grand nombre pour tous les épisodes de la ''Shark Week'' jusqu'à présent<ref>{{lien web|langue=en-US|auteur=Mikey O'Connell|date=2013-08-05|titre=TV Ratings: Shark Week Hits Record Highs With Fake 'Megalodon' Doc |website=[[The Hollywood Reporter]]|url=https://www.hollywoodreporter.com/tv/tv-news/tv-ratings-shark-week-hits-599707/|consulté le=2022-07-31}}</ref>.
=== Culture populaire ===
[[Fichier:Balaenoptera bertae.jpg|vignette|droite|Un Mégalodon nageant à coté d'un ''[[Balaenoptera bertae]]''.]]
Le Mégalodon est bien connu du public, car étant plus grand que le [[grand requin blanc]], il est perçu comme plus dangereux et plus redoutable.


Les dents du mégalodon sont reconnue comme {{lien|trad=List of U.S. state fossils|fr=Liste des fossiles d'état américain|texte=fossile d'état}} de [[Caroline du Nord]]<ref>{{lien web|langue=en|url=https://ncpedia.org/fossil-fossilized-teeth-megalodon|titre=Fossil, Fossilized Teeth of the Megalodon Shark {{!}} NCpedia|website=ncpedia.org|consulté le=2019-10-17}}</ref>.
Le Mégalodon est très apprécié des scénaristes, notamment pour les [[films d'horreur]] comme ''[[Shark Attack 3: Megalodon]]'' ou bien ''[[Mega Shark vs Giant Octopus]]'', mais leur taille y est, le plus souvent, exagérée. Le Mégalodon est au centre de l'histoire de l'album de bande dessinée ''[[Carthago]]'' (actuellement 14 volumes), qui reprend l'hypothèse de la survie de l'espèce jusqu'à nos jours, et fait référence à diverses découvertes de fossiles récents de mégalodon. Il est aussi présent en tant que « ''[[easter egg]]s'' » dans le jeu vidéo ''[[Battlefield 4]]''. Après une quasi-absence au [[cinéma]] depuis [[2002 au cinéma|2002]] (ses dernières apparitions se faisant majoritairement dans des [[direct-to-video]] ou à la télévision), il y marque son retour en apparaissant en [[2018 au cinéma|2018]] dans le film ''[[En eaux troubles (film, 2018)|En eaux troubles]]'', dans lequel il est l'[[antagoniste]] principal ; sa taille y est, pour une fois, proche de celle de la réalité.

On peut également voir le Mégalodon dans un docufiction produit par la BBC, ''[[Les Monstres du fond des mers]]'', où il est incorrectement désigné comme l'ancêtre du grand requin blanc.

=== Filmographie ===
Les œuvres cinématographiques ou télévisuelles suivantes mettent en scène un ou plusieurs Mégalodons :
* [[2001 au cinéma|2001]] : ''[[Shark Hunter]]'' de [[Matt Codd]]
* [[2002 au cinéma|2002]] : ''[[Shark Attack 3: Megalodon]]'' de [[David Worth]]
* [[2003 au cinéma|2003]] : ''[[La Chasse au Requin Tueur]]'' (''Hai Alarm Auf Mallorca'') de [[Jorgo Papavassiliou]]
* [[2003 à la télévision|2003]] : ''[[Les Monstres du fond des mers]]'' (''Sea Monsters'') (série documentaire), épisode ''3e océan le plus dangereux de tous les temps''
* [[2004 au cinéma|2004]] : ''[[Killing Sharks]]'' (''Megalodon'') de [[Pat Corbitt]]
* [[2009 à la télévision|2009]] : ''[[Psycho shark]]'' de [[John Hijiri]]
* [[2009 à la télévision|2009]] : ''[[Mega Shark vs. Giant Octopus]]'' (''Mega Shark Versus Giant Octopus'') (direct-to-video) de [[Jack Perez]]
* [[2010]] : ''[[Mega Shark vs. Crocosaurus]]'' (direct-to-video) de [[Christopher Douglas-Olen Ray]]
* [[2011 à la télévision|2011]] : ''[[Super Shark]]'' de [[Fred Olen Ray]]
* [[2012 à la télévision|2012]] : ''[[Sharkzilla]]'' (téléfilm) de [[Michael J. Miller]], [[John Tindall]] et [[John Blush]]
* [[2014]] : ''[[Mega Shark vs. Mecha Shark]]'' (direct-to-video) de [[Christopher Douglas-Olen Ray]]
* [[2015]] : ''[[Mega Shark vs. Kolossus]]'' (direct-to-video) de [[Christopher Douglas-Olen Ray]]
* [[2016 à la télévision|2016]] : ''[[Sous les mers]]'' (série d'animation), épisode ''Étrange migration'' (''{{Langue|en|Strange Migration}}'') - La famille Nekton découvre deux mégalodons, un mâle et une femelle, encore vivants.
* [[2018 au cinéma|2018]] : ''[[En eaux troubles (film, 2018)|En eaux troubles]]'' (''The Meg'') de [[Jon Turteltaub]]
* [[2018 à la télévision|2018]] : ''[[Megalodon (film, 2018)|Megalodon]]'' de [[Pat Corbitt]], avec [[Michael Madsen]]
* [[2021 au cinéma|2021]] : ''[[Megalodon Rising]]'' (parfois abrégé en Meg Rising) de Brian Nowak.
* [[2023 au cinéma|2023]] : ''[[The Black Demon]]'' de [[Adrian Grunberg]]
* [[2023 au cinéma|2023]] : ''[[En eaux (très) troubles]]'' (''The Meg'' 2'': The Trench'') de [[Ben Wheatley]]

=== Jeux vidéo ===
* Dans le jeu arcade de [[Sega]] ''[[The Ocean Hunter]]'' (1998), le second boss est un mégalodon nommé « [[Léviathan]] », créé par une divinité appelée « Rahab » pour contrôler la mer "Luna Sea", le second niveau.
* Dans ''[[Jaws Unleashed]]'' (2005), le requin que le joueur incarne, bien qu'identifié comme un [[grand requin blanc]], a une taille exagérée (un humain peut tenir entier dans sa mâchoire) et proche de celle d'un mégalodon.
* Dans le jeu ''[[Endless Ocean 2 : Aventuriers des fonds marins]]'' (2009), l'un des animaux légendaires récurrents, Thanatos, est un immense requin insensible aux effets du pulsar (arme qui délivre des décharges électriques) ; bien qu'étant identifié comme un [[grand requin blanc]], sa taille laisse à penser qu'il s'agit d'un mégalodon.
* Dans ''Jaws Ultimate predator'' ([[2011]]), le requin que contrôle le joueur fait face à un mégalodon dans l'un des niveaux du jeu.
* Dans les applications [[Android]] ''[[Jurassic Park Builder]]'' (2012) et ''[[Jurassic World le jeu]]'', il est possible de faire évoluer des Mégalodons.
* Dans la franchise ''Hungry Shark'', comme ''[[Hungry Shark Evolution]]'' (2012) et ''[[Hungry Shark World]]'' (2016), il est possible d'obtenir le Mégalodon.
* Dans ''[[Battlefield 4]]'' (2013), le Mégalodon est présent comme "easter egg" dans l'une des cartes du jeu. Pour le faire apparaître, il suffit qu'un nombre déterminé de joueurs se tiennent près d'une balise en mer pour que le requin apparaisse et les écrase.
* Dans le jeu ''[[Stranded Deep]]'' (2015), le joueur peut rencontrer et tuer des mégalodons.
* Dans ''[[Ark: Survival Evolved]]'' (2017), l'un des animaux marins que le joueur peut rencontrer parmi le bestiaire du jeu est le Mégalodon, qu'il peut apprivoiser.
* Le mégalodon est présent en tant que boss dans le jeu ''[[Sea of Thieves]]'' (2018).
* Dans le jeu ''[[Maneater (jeu vidéo)|Maneater]]'' (2020), l'évolution ultime du [[Carcharias taurus|requin-taureau]] que le joueur incarne est le Mégalodon.
* Dans le jeu sur [[Steam]] ''Depth''{{quand}}, il existe un mode dans lequel des plongeurs doivent tuer un Mégalodon, le joueur qui achève la créature se voit permis d'incarner cette dernière.
* Dans le jeu sur [[Steam]] ''[[Feed and Grow: Fish]]''{{quand}}, des Mégalodons apparaissent dans une zone de la carte Océan.

=== Bandes dessinés ===
* Des Mégalodons apparaissent quelquefois dans les aventures du super-héros [[DC Comics|DC]] [[Aquaman]].
* Le Mégalodon est également le thème central dans ''[[Carthago]]'', série de [[bande dessinée fantastique]] [[Bande dessinée française|française]] dessinée par [[Éric Henninot]] et écrite par [[Christophe Bec]] depuis [[2007 en bande dessinée|2007]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 261 : Ligne 254 :
|wiktionary=mégalodon
|wiktionary=mégalodon
}}
}}

=== Bibliographie ===
* {{en}} Bretton W. Kent, ''Fossil Sharks of the Chesapeake Bay Region'', Egan Rees & Boyer, Inc. 146, 1994.
* {{en}} H. Cappetta, « Chondrichtyes, Mesozoic and Cenozoic Elasmobranchii: Teeth », ''Handbook of Paleoichthyology'', Volume 3E, 2012.
* {{ouvrage|auteur1=Gilles Cuny (Auteur)|auteur2=Alain Bénéteau (Illustrations)|auteur3=[[Philippe Janvier (paléontologue)|Philippe Janvier]] (Préface)|titre=Requins|sous-titre=De la préhistoire à nos jours|éditeur=Belin litérature & revues|année=2013|pages=224|isbn=978-2-7011-5423-7}}.
* {{en}} R. W. Boessenecker, « Record of the megatoothed shark Carcharocles megalodon from the Mio-Pliocene Purisima Formation of Northern California », ''PaleoBios'' n° 33 [http://escholarship.org/uc/item/0bs400v3#page-1], 2016
==== BD ====
* {{ouvrage|auteur1=Cathy Franco|auteur2= Jacques Dayan (Illustrations)|titre=Les requins|éditeur=Fleurus|format=6 - 10 ans|année=2020|pages=32|isbn=978-2-2151-6478-4}}.
* {{ouvrage|auteur=Painto Lab|titre=Mégalodon Livre de Coloriage|éditeur=Independently published|année=2020|pages=40|format=4 ans et plus|isbn=979-8-5812-8695-1}}.

=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Requin]]
* [[Lamniformes]]
* [[Otodontidae]]
* [[Otodontidae]]
* ''[[Otodus]]''
* [[Carcharocles chubutensis]]
=== Bibliographie ===
* [[Extinction des espèces]]
{{légende plume}}
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=A. Peter|nom1=Klimley|auteur2=David G. Ainley|titre=Great White Sharks: The Biology of Carcharodon carcharias|éditeur=[[Academic Press]]|lieu=[[San Diego]]|année=1996|pages totales=571|chapitre=Evolution|passage=9-79|url={{Google livre|id=2My8M5tL-KIC|page=7}}|isbn=978-0-12-415031-7|oclc=212425118|plume=oui}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=Mark Renz|titre=Megalodon: Hunting the Hunter|éditeur=PaleoPress|année=2002|pages totales=159|lieu=[[Lehigh Acres]]|isbn=978-0-9719477-0-2|oclc=52125833|url={{Google Livres|id=cMRe5GmDXmUC}}|plume=oui}}


=== Référence taxinomique ===
=== Lectures complémentaires ===
* {{article|langue=en|auteur1=Kathryn A. Dickson|auteur2=Jeffrey B. Graham|année=2004|titre=Evolution and consequences of endothermy in fishes|journal=Physiological and Biochemical Zoology|volume=77|numéro=6|pages=998-1018|doi=10.1086/423743|pmid=15674772|s2cid=40104003|url=https://www.researchgate.net/publication/8056739}}
{{liens}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=Bretton W. Kent|année=1994|titre=Fossil Sharks of the Chesapeake Bay Region|lieu=[[Columbia (Maryland)|Columbia]]|pages totales=146|éditeur=Egan Rees & Boyer|url={{Google Livres|7cFJAQAAMAAJ}}|isbn=978-1-881620-01-3|oclc=918266672}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{liens}}
* {{en}} [http://web.ncf.ca/bz050/megalodon.html Un article] Ben S. Roesch sur la question de l'existence du ''Carcharodon megalodon'' aujourd'hui.
* {{Lien web|langue=fr|auteur=Stéphany Gardier|titre=L’énigme de la disparition du requin mégalodon s’éclaircit|url=https://www.lefigaro.fr/sciences/l-enigme-de-la-disparition-du-requin-megalodon-s-eclaircit-20220531|date=31 mai 2022|site=[[Le Figaro]]|consulté le=1 juin 2022}}.

{{Portail|paléontologie|cénozoïque|records|ichtyologie}}
{{Portail|paléontologie|cénozoïque|records|ichtyologie}}


Ligne 292 : Ligne 277 :
[[Catégorie:Euselachii préhistorique]]
[[Catégorie:Euselachii préhistorique]]
[[Catégorie:Poisson du Cénozoïque]]
[[Catégorie:Poisson du Cénozoïque]]
[[Catégorie:Taxon fossile décrit en 1843]]
[[Catégorie:Taxon fossile décrit en 1835]]
[[Catégorie:Espèce décrite en 1843]]
[[Catégorie:Espèce décrite en 1835]]

Dernière version du 8 août 2024 à 17:44

Otodus megalodon

Otodus megalodon
Description de cette image, également commentée ci-après
Reconstitution d'un Mégalodon chassant deux baleines appartenant au genre Eobalaenoptera, par la paléoartiste Karen Carr.
23–3.6 Ma
287 collections
Classification Paleobiology Database
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Chondrichthyes
Super-ordre Selachimorpha
Ordre Lamniformes
Famille  Otodontidae
Genre  Otodus

Espèce

 Otodus megalodon
(Agassiz, 1835)[1],[2]

Synonymes

Le mégalodon (Otodus megalodon), terme signifiant « grande dent », est une espèce éteinte de grands requins lamniformes ayant vécu du début du Miocène (Aquitanien) au début du Pliocène (Plaisancien), il y a entre 23 à 3,6 millions d'années. Il était autrefois considéré comme un membre de la famille des Lamnidae et comme un proche parent du grand requin blanc. Les études plus récentes le classent dans la famille éteinte des Otodontidae, une lignée ayant divergé de celle du grand requin blanc vers le début du Crétacé.

Bien que considéré comme l'un des prédateurs les plus grands et les plus puissants à avoir jamais vécu, le mégalodon n'est connu que par des restes fragmentaires, et son apparence et sa taille maximale demeurent incertaines. Les scientifiques divergent sur son apparence, qui aurait pu rappeler une version plus trapue du grand requin blanc, du requin-baleine, du requin pèlerin ou du requin-taureau. L'estimation la plus récente avec la plus petite marge d'erreur suggère une estimation de longueur maximale allant jusqu'à 20,3 m, bien que les longueurs modales soient estimées à 10,5 m. Les dents du mégalodon sont épaisses et robustes, conçues pour attraper des proies et casser les os, et leurs grandes mâchoires pourraient exercer une force de morsure allant jusqu'à 108 500 à 182 200 newtons.

Le mégalodon a probablement eu un impact majeur sur la structure des communautés marines. Les archives fossiles montrant qu'il avait une répartition cosmopolite. Il ciblait probablement de grandes proies, comme les cétacés, les pinnipèdes et les tortues marines. Les juvéniles habitaient les eaux côtières chaudes et se nourrissaient probablement de poissons et de petites baleines. Contrairement au grand requin blanc, qui attaque ses proies par le dessous mou, le mégalodon aurait probablement utilisé ses puissantes mâchoires pour briser la cage thoracique et percer le cœur et les poumons de sa cible.

L'animal a fait face à la concurrence des grands cétacés prédateurs, tels que Livyatan, d'autres cachalots prédateurs et peut-être des épaulards ancestraux plus petits. Comme le requin préférait les eaux plus chaudes, les chercheurs pensent que le refroidissement océanique associé au début des périodes glaciaires, couplé à l'abaissement du niveau de la mer et à la perte résultante de zones d'alevinages appropriées, peut également avoir contribué à son déclin. Une réduction de la diversité des baleines à fanons et un déplacement de leur distribution vers les régions polaires peuvent avoir réduit la principale source de nourriture du mégalodon. L'extinction du requin coïncide d'ailleurs avec une tendance au gigantisme chez les baleines à fanons.

Taxonomie

Histoire préscientifique et premières identifications

Image à gauche : Dent d'un mégalodon de la baie de Chesapeake (Fig. 7), exhumé du tumulus d'Hopewell. Image à droite : Comparaison de 1616 par Colonna entre une dent d'un mégalodon (en haut à gauche) et celui d'un grand requin blanc (à droite).

Les dents du mégalodon sont connues et utilisées depuis l’Antiquité. Ces derniers constituaient un artefact apprécié parmi les cultures précolombiennes des Amériques en raison de leur grande taille et de leurs lames dentelées, à partir desquelles ils étaient transformés en pointes de projectiles, en couteaux, en bijoux et en accessoires funéraires[8],[9]. Certaines du moins, comme les sociétés panaméennes de Sitio Conte, semblaient les avoir utilisées principalement à des fins cérémonielles[9]. L'exploitation minière[10] des dents du mégalodon par les peuples Algonquins de la baie de Chesapeake et de leur commerce sélectif avec la culture Adena dans l'actuel Ohio ont eu lieu dès 430 av. J.-C.[8]. Le premier récit écrit concernant les dents du mégalodon est celui de Pline l'Ancien dans un volume datant de 73 apr. J.-C. de la Naturalis Historia, qui les décrivait comme ressemblant à des langues humaines pétrifiées que les folkloristes romains croyaient être tombées du ciel lors d'éclipses lunaires et les désignaient sous le nom de glossopetrae (« pierres de langue » en latin)[11]. Plus tard, selon une tradition maltaise datant du XIIe siècle, les prétendues langues appartenaient à des serpents que l'apôtre Paul avait transformés en pierre lors de son naufrage dans cette région, et qui avaient reçu des pouvoirs antivenimeuse de la part du saint[12]. Les glossopetrae réapparaissent dans toute l'Europe dans la littérature de la fin du XIIIe siècle au XVIe siècle, où ont leur attribue des propriétés bien plus surnaturelles qui guérissaient une plus grande variété de poisons. L'utilisation des dents de mégalodon à cette fin s'est répandue parmi la noblesse médiévale et de la Renaissance, qui les a façonnées en amulettes de protection et en vaisselle pour soi-disant détoxifier les liquides ou les corps empoisonnés qui touchaient les pierres. Au XVIe siècle, les dents étaient directement consommées comme ingrédients des pierres de Goa fabriquées en Europe[11].

Une illustration d'une tête de requin (vue latérale). Des rides, un nez et des yeux exagérés sont visibles, et en bas se trouvent deux dessins individuels de dents de requin.
Représentations par Mercati d'une tête et de dents d'un grand requin blanc (à gauche) et de dents fossiles d'un mégalodon et d'un grand requin blanc (à droite), réutilisées par Sténon en 1667.

La véritable nature des glossopetrae en tant que dents de requins est reconnue par certains depuis au moins 1554, lorsque le cosmographe André Thevet l'a décrit comme du ouï-dire, même s'il n'y adhérait pas. Le premier argument scientifique en faveur de ce point de vue est avancé par le naturaliste italien Fabio Colonna, qui publie en 1616 une illustration d'une dent de mégalodon maltais aux côtés de celle d'un grand requin blanc et notent leurs similitudes frappantes. Il soutient que les glossopetrae n'étaient pas des langues de serpent pétrifiées mais en réalité des dents de requins similaires échoués sur les rivages. Colonna soutient cette thèse par une expérience de combustion d'échantillons de glossopetrae, à partir desquels il observa des résidus de carbone qu'il interprète comme prouvant une origine organique[12]. Cependant, l’interprétation des pierres comme étant des dents de requins fut majoritairement rejetée, cela s’expliquant en partie par l’incapacité de déterminer comment certains d’entre eux furent trouvées loin des régions maritimes[13]. L'argument de la dent de requin est de nouveau soulevé sur le plan académique lors de la fin du XVIIe siècle par les scientifiques anglais Robert Hooke, John Ray et le naturaliste danois Nicolas Sténon[14]. L'argument de Sténon en particulier est surtout reconnu comme déduit de sa dissection de la tête d'un grand requin blanc capturé en 1666. Son rapport de 1667 décrivait des gravures d'une tête de requin et de dents de mégalodon qui sont devenues particulièrement emblématiques. Cependant, la tête illustrée n'était pas réellement celle que Sténon avait disséquée, et les dents fossiles n'étaient pas non plus illustrées par lui. Les deux gravures ont été commandées à l'origine dans les années 1590 par le médecin papal Michele Mercati, qui possédait également la tête d'un grand requin blanc, pour son livre intitulée Metallotheca. L'ouvrage est resté inédit à l'époque de Sténon en raison de la mort prématurée de Mercati, et le premier a réutilisé les deux illustrations selon la suggestion de Carlo Roberto Dati, qui pensait qu'une représentation du requin disséqué ne conviendrait pas aux lecteurs[15]. Sténon s'est également démarqué en étant le pionnier d'une explication stratigraphique de la façon dont des pierres similaires sont apparues plus à l'intérieur des terres. Il observa que les couches rocheuses portant des dents de mégalodon contenaient des sédiments marins et a émis l'hypothèse que ces couches étaient corrélées à une période d'inondation qui a ensuite été recouverte par des couches terrestres et soulevée par l'activité géologique[13].

Dent holotype d’O. megalodon (Fig. 2-3), catalogué TE-PLI 18, tel que présenté dans l'ouvrage d'Agassiz publiée en 1835.

Le naturaliste suisse Louis Agassiz donne son nom scientifique au mégalodon dans son ouvrage intitulée Recherches sur les poissons fossiles, dont les volumes furent publiée de 1833 jusqu'en 1843. Il le nomme Carcharias megalodon dans une illustration de 1835 de l'holotype et des dents supplémentaires, congénère du requin-taureau actuel[1],[2]. L'épithète spécifique est un mot-valise des mots en grecs anciens μεγάλος / megálos, « grand » et ὀδών / odṓn, « dent »[16],[17], le tout signifiant « grosse dent ». Agassiz fait référence au nom dès 1832, mais comme les spécimens n'ont pas été référés, ils ne constituent pas des utilisations taxonomiquement reconnues[2]. La description officielle de l'espèce est publiée dans le troisième volume en 1843, dans lequel Agassiz déplace le taxon dans le genre Carcharodon, renommé pour le coup Carcharodon megalodon. Agassiz choisit cette attribution car il considérait que les dents étaient trop grandes pour y être attribués au premier genre nommé, ressemblant davantage à celles du grand requin blanc[1]. Il identifia également par erreur plusieurs dents de mégalodon comme appartenant à des espèces supplémentaires du genre Carcharodon, finalement nommées C. rectidens, C. subauriculatus, C. productus et C. polygurus[1],[18]. En raison du fait que C. megalodon apparait pour la première fois dans l'illustration publiée en 1835, les noms restants sont considérés comme des synonymes plus récents selon le principe de priorité[2],[18].

Classification et évolution

Diagramme montrant l'évolution chronospécifique du mégalodon.

Alors que les plus anciens fossiles connue du mégalodon sont signalées dans les archives datant de la fin de l'Oligocène, c'est à dire d'il y a environ 28 millions d'années[19],[20], il y a un désaccord quant à la réelle date selon laquelle le taxon aurait apparue, avec des proposition allant jusqu'à il y a 16 millions d'années[21]. Il fut admis que le mégalodon s'est éteint durant la fin du Pliocène[21],[22], les affirmations concernant des dents de mégalodon du Pléistocène, âgées de moins de 2,6 millions d'années, étants considérées comme peu fiables[22]. Une évaluation publiée en 2019 déplace la date d'extinction plus tôt dans le Pliocène, vers 3,6 millions d'années[23].

Le mégalodon est considéré comme un membre de la famille des Otodontidae, classé dans le genre type Otodus, par opposition à sa classification précédente dans les Lamnidae, au sein du genre Carcharodon[21],[22],[7],[24]. La classification du mégalodon dans le genre Carcharodon était due à une similitude dentaire avec le grand requin blanc, mais la plupart des auteurs pensent que cela est dû à une évolution convergente. Dans ce modèle, le grand requin blanc est plus étroitement lié au requin mako géant qu'au mégalodon, comme en témoigne la dentition plus similaire chez ces deux requins, les dents du mégalodon ayant des dentelures beaucoup plus fines que ceux de ce dernier. Le grand requin blanc est plus étroitement apparenté au genre Isurus, ces deux partageant un ancêtre commun remontant vers environ 4 millions d'années[25],[26]. Les adhérents quand à la première hypothèse selon lequel le mégalodon et le grand requin blanc seraient plus étroitement liées soutiennent que les différences dentaires entre les deux seraient infimes et peu distinguables[27].

Une dent de mégalodon noire et deux dents blanches de grand requin blanc au-dessus d'une échelle centimétrique, la dent de mégalodon s'étend entre zéro et treize centimètres et demi. Une grande dent blanche s'étend entre les marques de onze et treize centimètres, et l'autre s'étend entre les marques de treize et seize centimètres.
Dent fossile de mégalodon comparée avec deux dents de grand requin blanc.

Le genre Carcharocles contient quatre espèces : C. auriculatus (en), C. angustidens (en), C. chubutensis et C. megalodon[28]. L'évolution de cette lignée se caractérise par l'augmentation des dentelures, l'élargissement de la couronne, le développement d'une forme plus triangulaire de la dent et la disparition des cuspides latérales[29]. L'évolution de la morphologie des dents reflète un changement dans les tactiques de prédation, passant d'une morsure déchirante à une morsure coupante, reflétant probablement un changement dans le choix des proies, passant des poissons aux cétacés. Les mini-cuspides latéraux ont finalement été perdus au cours d'un processus progressif qui dura environ 12 millions d'années au cours de la transition entre C. chubutensis et C. megalodon[30]. Le genre Carcharocles fut initialement proposé par D. S. Jordan et H. Hannibal en 1923 pour inclure C. auriculatus. C'est cependant dans les années 1980 que le mégalodon commence à être attribué à Carcharocles[25],[31]. Avant cela, en 1960, le genre Procarcharodon avait été érigé par l'ichtyologue belge Edgard Casier (d), qui incluait ces quatre espèces et furent considérées comme étants distincts du grand requin blanc. Ce genre est depuis considéré comme un synonyme plus récent de Carcharocles[31]. Le genre Palaeocarcharodon (en) a été érigé aux côtés de Procarcharodon afin de représenter le début de la lignée et, dans le modèle où le mégalodon et le grand requin blanc seraient étroitement liés, leur dernier ancêtre commun. Les auteurs rejetant ce modèle pensent qu'il s'agit d'une impasse évolutive et sans rapport avec les requins du genre Carcharocles[32].

Un grand requin blanc nageant à quelques mètres sous la surface, au-dessus d’un banc de poissons de taille bien plus petites.
Le grand requin blanc et le mégalodon furent auparavant considérés comme de proches parents[25],[26].

Un autre modèle de l'évolution de ce genre, également proposé par Casier en 1960, est que l'ancêtre direct de la lignée Carcharocles est le requin Otodus obliquus, qui a vécu du Paléocène au Miocène, il y a entre 60 et 13 millions d'années[26]. Le genre Otodus est finalement dérivée de Cretalamna, un requin datant du Crétacé[7],[33]. Selon ce modèle, O. obliquus a évolué en O. aksuaticus, qui a évolué en C. auriculatus, puis en C. angustidens, puis en C. chubutensis, et enfin en C. megalodon.

Un autre modèle de l'évolution de Carcharocles, proposé en 2001 par Michael J. Benton, est que les trois autres espèces sont en réalité un unique espèce de requin qui a progressivement changé au fil du temps entre le Paléocène et le Pliocène, ce qui en ferait une chrono-espèce[34],[20],[35]. Certains auteurs suggèrent que C. auriculatus, C. angustidens et C. chubutensis devraient être classés comme une seule espèce du genre Otodus, laissant C. megalodon le seul représentant de Carcharocles[20].

Le genre Carcharocles pourrait être invalide et le requin pourrait en fait appartenir au genre Otodus, étant alors renommé O. megalodon. Une étude publiée en 1974 sur les requins du Paléogène réalisée par Henri Cappetta ériga le sous-genre Megaselachus, classant le requin comme Otodus (Megaselachus) megalodon, avec O. (M.) chubutensis[5]. Une revue publiée en 2006 concernant les poissons cartilagineux éleva Megaselachus au rang de genre et classa les requins sous les noms de Megaselachus megalodon et M. chubutensis. La découverte de fossiles attribués au genre Megalolamna en 2016 conduisuit à une réévaluation d’Otodus, qui en a conclu qu'il est paraphylétique, c'est-à-dire une ligné consistuée d'un dernier ancêtre commun mais n'incluant pas tous ses descendants. L'inclusion des requins du genre Carcharocles dans Otodus le rendrait monophylétique, son taxon frère étant Megalolamna[7].

Le cladogramme ci-dessous représente les relations hypothétiques entre le mégalodon et d'autres requins lamniformes, incluant le grand requin blanc. Il est basée d'après les travaux de Shimada et al. (2016)[7], Ehret et al. (2009)[26], et les trouvailles de Siversson et al. (2015)[33] :

 Lamniformes

Otodontidae

Kenolamna gunsoni (en)





Cretalamna appendiculata



Cretalamna aschersoni





Megalolamna paradoxodon




Otodus obliquus



Otodus megalodon






Lamnidae

Isurus oxyrinchus



Carcharodon carcharias





Fossiles

L'anatomie des fossiles suggère que le Mégalodon serait une version géante et un proche parent soit du grand requin blanc, soit du requin pèlerin ou du requin-taureau. Considéré comme l'un des prédateurs marins les plus grands à avoir existé, la taille de ses dents suggèrent qu'il a pu atteindre une longueur de 14,2 à 20,3 mètres, avec une taille moyenne de 10,5 mètres[36],[37]. Le Mégalodon est surtout connu par ses dents, car chez les requins, elles se fossilisent beaucoup mieux que leur squelette cartilagineux dont seules quelques vertèbres ont été trouvées ; et comme les requins sont polyphiodontes, leurs dents tombent et se renouvellent tout au long de leur vie : on en retrouve donc beaucoup plus. C'est l'un des plus grands poissons ayant vécu, avec le requin-baleine et le Leedsichthys, mais ceux-ci étant planctonophages, cela laisse au Mégalodon le titre de plus grand poisson prédateur de l'histoire naturelle[38].

Une dent de Mégalodon fossile avec deux dents de Grand requin blanc.

En se basant sur les mâchoires de requins actuels, celles du Mégalodon, épaisses et robustes, capables de saisir les proies et briser les os, pouvaient exercer une force de morsure allant de 108 500 à 182 200 newtons, soit environ 11-18,5 tonnes-force[39]. Une équipe de paléontologues australiens dirigée par le docteur Stephen Wroe, s'est livrée à des simulations sur ordinateur pour évaluer comparativement la puissance maxillaire exercée par le grand requin blanc et son cousin fossile le Mégalodon. Là où Carcharodon carcharias possède une morsure estimée à 2 tonnes/cm2 de pression, celle du Mégalodon aurait été 6 à 10 fois supérieure, soit entre 11 et 18,5 tonnes/cm2 de pression, suffisant pour arracher une nageoire ou broyer la cage thoracique d'une baleine de taille moyenne. C'est l'une des plus puissantes morsures du règne animal[40]. De nos jours, la plus puissante morsure du règne animal appartient au crocodile marin, suivi par les alligators et le grand requin blanc[41],[42]. Celle des orques n'ayant pas encore été calculée ni mesurée.

La répartition des fossiles indique qu'il avait une répartition cosmopolite. Il ciblait probablement de grandes proies, telles que les baleines, les phoques et les tortues de mer, mais l'ouverture de sa mâchoire lui permettait aussi d'engloutir des bancs de poissons. Comme chez ses cousins actuels, il est probable que les juvéniles habitaient les eaux côtières peu profondes où ils se nourrissaient de poissons ou de jeunes pinnipèdes. Le Mégalodon a subi la concurrence de cétacés carnivores se nourrissant de jeunes ou petites baleines, tels que Livyatan, Hoplocetus et d'autres cachalots, qui ont vécu jusqu'au Pliocène. Des orques ancestraux telles qu'Orcinus citoniensis, apparues au milieu du Pliocène, ont également été citées comme concurrentes du requin, bien qu'elles soient plus petites que les orques contemporaines. Cette concurrence a pu aboutir soit à la diminution de taille de l'espèce, qui survivrait aujourd'hui sous la forme Carcharodon carcharias ou Cetorhinus maximus ou encore Carcharias taurus, soit à son extinction sans descendance dans une impasse évolutive, qui pourrait être le refroidissement océanique des périodes glaciaires, provoquant l'abaissement du niveau de la mer et la perte des zones de reproduction adaptées[43]. Une réduction de la diversité des baleines à fanons et un déplacement de leur répartition vers les régions polaires pourraient aussi avoir privé l'espèce de l'une de ses sources de nourriture. Quoi qu'il en soit, la fin du Mégalodon a profité à d'autres animaux : par exemple, la taille des baleines a considérablement augmenté après la disparition de ce grand prédateur.

Description

Comparaison entre la taille du Mégalodon, du grand requin blanc et d'un humain.
Reconstitution à l'échelle d'un Mégalodon au Musée de l'évolution de Puebla au Mexique.
Mâchoire reconstituée d'un Mégalodon adulte.

Le Mégalodon est, comme les requins modernes, un poisson cartilagineux, c’est-à-dire dont le squelette est constitué de cartilage et non pas d'os, ce qui explique pourquoi peu de restes squelettiques fossilisés ont été retrouvés. Cependant, les grandes dents du Mégalodon ont traversé les âges et s'avèrent similaires en de nombreux points à celles du grand requin blanc. Elles mesuraient jusqu'à 19 centimètres pour les plus longues et étaient plus larges qu'une main humaine[44]. La structure et la morphologie de ces dents, très semblables à celles du Grand requin blanc actuel, a suggéré que ce dernier pourrait être un « Mégalodon rétréci », mais il est aussi possible que les similarités dentaires soient le fruit d'une évolution convergente entre des espèces ne descendant pas l'une de l'autre[45]. Néanmoins, selon les règles de l'anatomie comparée, c'est bien l'extrapolation au Mégalodon des dimensions des dents des requins modernes, qui a permis d'évaluer la taille de ce prédateur[46].

La 1re reconstitution de mâchoire de Mégalodon fut réalisée par le professeur Dean Bashford au Muséum américain d'histoire naturelle en 1909 : pour des dents de 12 cm, il fit monter une mâchoire de 2,70 m de hauteur et de 1,80 m de largeur pour un requin censé mesurer 24 mètres, évaluation fondée sur une mauvaise connaissance du ratio entre les dents et la longueur du corps. Dans les années 1980 et début 1990, plusieurs scientifiques ont ramené la taille du Mégalodon à environ 12 mètres de long. En 1991, le prothésiste dentaire et paléontologue Daniel Pouit réalise une autre reconstitution pour le Bioparc de Doué-la-Fontaine à partir de dents des faluns (sables coquilliers) d'Anjou-Touraine du Miocène moyen et supérieur. La plus grande dent des faluns d'Anjou mesure 16 cm dans sa hauteur (dent antérieure de la mâchoire supérieure) et la mâchoire reconstituée fait 1,80 m d'ouverture buccale avec 150 dents pour 3 rangées de dents fonctionnelles. En 1996, le paléontologue Michael Gottfried de l'Université du Michigan, en se basant sur une dent antérieure de la mâchoire supérieure de 16,5 cm, estime la longueur du Mégalodon ayant perdu cette dent à 15,90 mètres. Michael Gottfried a par ailleurs hypothétiquement estimé, en se basant sur les plus grands individus de requins blancs actuels, que les plus grands Mégalodons ont pu atteindre 20,2 mètres[47].

L'aspect massif des dents du mégalodon et la forme de toute la denture disponible, des dents de la mâchoire supérieure aux plus petites latérales, ainsi que l'étude des rares vertèbres retrouvées, ont permis de reconstituer plus précisément la silhouette de l'animal, plus trapu en proportion que le grand requin blanc, et pesant près de 50 tonnes pour un animal de 15 mètres. Son corps était plus musclé, ses mâchoires étaient plus larges à cause de l'absence des deux dents latérales légèrement atrophiées que le requin blanc possède. Son museau était plus court, ses nageoires pectorales plus développées. Son nombre de vertèbres aurait aussi été plus élevé. Le Mégalodon aurait donc eu l'allure d'un Carcharodon carcharias « bodybuildé » pour un poids compris entre 40 et 60 tonnes, largement supérieur aux dimensions des plus grands cachalots et reptiles marins connus du mésozoïque (à l’exception peut être des plus grands ichtyosaures)[48].

Le collectionneur Vito Bertucci, ayant étudié les dents de requins fossiles, avait retrouvé en 2002 une dent latérale de plus de 18 cm, les plus grandes dents étant celles sur la mâchoire supérieure. Bertucci était d'ailleurs à l'origine de la plus grande reconstruction de mâchoire au monde ; mesurant 3 m de hauteur et 3,30 m de large, avec 182 dents, dont les plus grandes dépassaient 18 cm. Le spécimen qui aurait porté cette mâchoire était estimé avoir mesuré plus de 22 mètres[49],[50] mais la plupart des scientifiques considèrent de telles évaluations comme surestimées (phénomène qui affecte tous les fossiles de grande taille)[51].

Répartition géographique

Répartition des fossiles de Mégalodon.

Des dents de Mégalodon ont été retrouvées dans les quatre coins du monde (Europe, Asie de l'Est, Amérique, Caraïbes et dans l'Océanie), ce qui indique, comme certains requins actuels, qu'il devait avoir une répartition cosmopolite.

Extinction

Mâchoire d'une reconstitution de Mégalodon au Musée de l'évolution de Puebla au Mexique.

On ignore les causes de son extinction, mais son temps d'existence, Miocène et Pliocène, correspond en grande partie à celui du pélagornis, oiseau marin de 7 mètres d'envergure, et on peut supposer que leur disparition est peut-être liée et due à la raréfaction de leurs proies, notamment des poissons de grande taille, elle-même liée au refroidissement du climat durant le Pliocène[52]. En effet, n'importe quelle perturbation prolongée du réseau trophique est à même d'éradiquer des prédateurs ayant de tels besoins métaboliques.

Si l'on suppose qu'il se nourrissait principalement de dugongs et cétacés, on peut penser que le Otodus (Megaselachus) megalodon s'est éteint lorsque les mers polaires, devenues trop froides pour ces requins à métabolisme élevé, sont devenues un refuge pour leurs proies de prédilection, les mammifères marins à sang chaud. L'émergence de grands cétacés prédateurs chassant en groupe tels que l'orque a-t-elle contribué à l'extinction du Mégalodon ? On l'ignore, mais ces espèces pouvant vivre en eau glaciale ont pu profiter de la raréfaction du grand requin.

En 2023, une autre théorie implique le fait que le Mégalodon était endotherme : le refroidissement climatique de la Terre au Pliocène a pu entraîner son extinction[53],[54],[55].

En tout cas, le « règne » du grand requin n'a pas empêché l'apparition de cétacés carnivores comme les orques, ni la disparition d'autres bien avant l'extinction du Mégalodon. Il est possible que ce soient d'autres requins plus petits et mieux adaptés à la chasse aux proies plus modestes, mais plus nombreuses (pinnipèdes, poissons pélagiques) qui ont concurrencé le Mégalodon, trop grand et trop spécialisé dans la chasse aux grands cétacés qu'il ne pouvait plus suivre aux pôles, et dont les frayères étaient désormais émergées[56].

Culture populaire

Peinture d'un bateau à trois mâts naviguant dans l'océan.
Vue d'artiste du HMS Challenger, dont l'équipage aurait découvert des dents de mégalodon datées par erreur entre 11 000 à 24 000 ans.

Le mégalodon est représenté dans de nombreuses œuvres de fiction, notamment dans les films et les romans, et continue d'être un sujet populaire de l'imaginaire entourant les monstres marins[57]. Les rapports faisant état de dents de mégalodon supposément récentes, telles que celles trouvées par le HMS Challenger en 1873 et datées en 1959 par le zoologiste Wladimir Tschernezky comme étant âgées d'environ 11 000 à 24 000 ans, ont contribué à populariser les affirmations sur la survie récente du mégalodon parmi les cryptozoologistes[58]. Ces affirmations furent discréditées et il s'agit probablement de dents qui étaient bien conservées par un épais précipité de croûte minérale de dioxyde de manganèse, et qui avaient donc un taux de décomposition plus faible et conservaient une couleur blanche pendant la fossilisation. La couleur des dents fossiles du mégalodon peut varier du blanc cassé au brun foncé, en passant par le gris et le bleu, et certaines dents fossiles peuvent avoir été redéposées dans une strate plus jeune. Les affirmations selon lesquelles le mégalodon pourrait rester insaisissable dans les profondeurs, à l'instar du requin grande-gueule découvert en 1976, sont peu probables, car les archives fossiles montre que le requin vivait dans les eaux côtières chaudes et ne pourrait probablement pas survivre dans un environnement marin froid et pauvre en nutriments[59],[60].

La fiction contemporaine sur la survie du mégalodon dans les temps modernes est lancée par Steve Alten via son roman publiée en 1997 intitulée Meg: A Novel of Deep Terror (en), et ses suites ultérieures. Le mégalodon commence ensuite à figurer dans des films, tels que Shark Attack 3: Megalodon, un direct-to-video sortie en 2002, et plus tard En eaux troubles, un film sortie en 2018 adapté du livre de 1997, qui rapporta plus de 500 millions de dollars au box-office[58],[61].

Le documentaire-fiction d'Animal Planet Mermaids: The Body Found (en) montre la rencontre entre un groupe de sirènes et un mégalodon, fixée à une époque datant vers 1,6 millions d'années[62]. Plus tard, en , la Discovery Channel diffuse sa série annuelle de la Shark Week (en) avec un autre film pour la télévision, intitulée Megalodon: The Monster Shark Lives[63], un documentaire-fiction controversé qui présente de prétendues preuves suggérant l'existence contemporaine du mégalodon. Ce programme fut très critiqué pour être complètement fictif et pour ne pas divulguer de manière adéquate sa nature érronée. Par exemple, tous les scientifiques supposés présentés étaient en fait des acteurs rémunérés, et le documentaire lui-même ne révélait pas qu'il s'agissait d'une fiction. Dans un sondage réalisé par la Discovery Channel, 73 % des téléspectateurs ayant vue le documentaire pensaient que le mégalodon n'était pas éteint. En 2014, la chaine rediffusa The Monster Shark Lives, ainsi qu'un nouveau programme d'une heure, Megalodon: The New Evidence, et un programme supplémentaire romancé intitulé Shark of Darkness: Wrath of Submarine, ce qui entraîna de nouvelles réactions négatives aussi bien de la part des médias comme de la communauté scientifique[64],[65],[66]. Malgré les critiques, Megalodon: The Monster Shark Lives a été un énorme succès d'audience, gagnant 4,8 millions de téléspectateurs, étant le plus grand nombre pour tous les épisodes de la Shark Week jusqu'à présent[67].

Les dents du mégalodon sont reconnue comme fossile d'état (en) de Caroline du Nord[68].

Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Megalodon » (voir la liste des auteurs).

Références

  1. a b c et d Louis Agassiz, Recherches sur les poissons fossiles, vol. 3, Museum of Comparative Zoology, (lire en ligne).
  2. a b c et d (en) Arnaud Brignon, « Historical and nomenclatural remarks on some megatoothed shark teeth (Elasmobranchii, Otodontidae) from the Cenozoic of New Jersey (U.S.A.) », Rivista Italiana di Paleontologia e Stratigrafia, vol. 127, no 3,‎ , p. 595–625 (DOI 10.13130/2039-4942/16440, lire en ligne)
  3. (en) « Otodus (Megaselachus) megalodon (Agassiz, 1835) », sur SharkReferences.com (consulté le )
  4. (en) Charles R. Eastman, Maryland Geological Survey, vol. 2, Baltimore, Maryland, Johns Hopkins University, (lire en ligne), p. 82
  5. a et b (en) Henri Cappetta, « Mesozoic and Cenozoic Elasmobranchii », dans Friedrich Pfeil, Handbook of Paleoichthyology, vol. 3B, Munich, Fischer, , 193 p. (ISBN 978-3-89937-046-1, OCLC 829906016)
  6. (en) Oliver P. Hay, « Bibliography and Catalogue of the Fossil Vertebrata of North America », Bulletin of the United States Geological Society, no 179,‎ , p. 308 (lire en ligne)
  7. a b c d et e (en) Kenshu Shimada, Richard E. Chandler, Ottoa L. T. Lam, Takeshi Tanaka et David J. Ward, « A new elusive otodontid shark (Lamniformes: Otodontidae) from the lower Miocene, and comments on the taxonomy of otodontid genera, including the ‘megatoothed’ clade », Historical Biology, vol. 29, no 5,‎ , p. 704-714 (DOI 10.1080/08912963.2016.1236795, S2CID 89080495)
  8. a et b (en) Darrin Lowery, Stephen J. Godfrey et Ralph Eshelman, « Integrated geology, paleontology, and archaeology: Native American use of fossil shark teeth in the Chesapeake Bay region », Archaeology of Eastern North America, vol. 9,‎ , p. 93-108 (JSTOR 23265116)
  9. a et b (en) Aubrey D. Farrell, « A Use-Wear and Functional Analysis of Precontact Shark Teeth Assemblages from Florida » (MS), Florida State University,‎ (lire en ligne)
  10. (en) James Jacobs, « Hopewell Culture National Historical Park Sharks Teeth HOCU - 2832 and 4222 » [archive du ], sur National Park Service
  11. a et b (en) Christopher J. Duffin, « Fossil Sharks' Teeth as Alexipharmics », dans P. Wexler, Toxicology in the Middle Ages and Renaissance, Londres, Academic Press, , 174 p. (ISBN 978-0-128-09554-6, DOI 10.1016/B978-0-12-809554-6.00012-3, S2CID 194679331), p. 125-133
  12. a et b (en) Maurizio Forli et Andrea Guerrini, The History of Fossils over Centuries, Cham, Springer, , 508 p. (ISBN 978-3-031-04686-5, DOI 10.1007/978-3-031-04687-2_6), « Quaestio de Fossilibus: Glossopetres, Snake Tongues and Ceraunids », p. 41-83
  13. a et b (en) David Bressan, « How the Dissection Of A Shark's Head Revealed The True Nature Of Fossils », sur Forbes,
  14. (en) « Nicholas Steno », sur University of California Museum of Paleontology
  15. (en) Jane P. Davidson, « Historical Point of View: Fish Tales: Attributing the First Illustration of a Fossil Shark's Tooth to Richard Verstegan (1605) and Nicolas Steno (1667) », Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, vol. 150,‎ , p. 329-344 (JSTOR 4065077)
  16. (en) Henry G. Liddell et Robert Scott, « μεγάλος », sur A Greek-English Lexicon, sur Perseus Project
  17. (en) Henry G. Liddell et Robert Scott, « ὀδών », sur A Greek-English Lexicon, sur Perseus Project
  18. a et b (en) Arthur S. Woodward, Catalogue of the fossil fishes in the British Museum (Natural History), Part I. Containing the Elasmobranchii, Londres, Printed by order of the Trustees, (OCLC 4363056, lire en ligne), p. 415-420
  19. (en) Hideo Yabe, Masatoshi Goto et Naotomo Kaneko, « Age of Carcharocles megalodon (Lamniformes: Otodontidae): A review of the stratigraphic records », The Palaeontological Society of Japan, vol. 75,‎ , p. 7-15
  20. a b et c (en) Michael D. Gottfried et R. Ewan Fordyce, « An associated specimen of Carcharodon angustidens (Chondrichthyes, Lamnidae) from the Late Oligocene of New Zealand, with comments on Carcharodon interrelationships », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 21, no 4,‎ , p. 730-739 (DOI 10.1671/0272-4634(2001)021[0730:AASOCA]2.0.CO;2, JSTOR 20062013, S2CID 86092645, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  21. a b et c (en) Catalina Pimiento, Bruce J. MacFadden, Christopher F. Clements, Sara Varela, Carlos Jaramillo, Jorge Velez-Juarbe et Brian R. Silliman, « Geographical distribution patterns of Carcharocles megalodon over time reveal clues about extinction mechanisms », Journal of Biogeography, vol. 43, no 8,‎ , p. 1645–1655 (DOI 10.1111/jbi.12754, Bibcode 2016JBiog..43.1645P, S2CID 55776834)
  22. a b et c (en) Catalina Pimiento et Christopher F. Clements, « When Did Carcharocles megalodon Become Extinct? A New Analysis of the Fossil Record », PLOS ONE, vol. 9, no 10,‎ , e111086 (PMID 25338197, PMCID 4206505, DOI 10.1371/journal.pone.0111086 Accès libre, Bibcode 2014PLoSO...9k1086P)
  23. (en) Robert W. Boessenecker, Dana J. Ehret, Douglas J. Long, Morgan Churchill, Evan Martin et Sarah J. Boessenecker, « The Early Pliocene extinction of the mega-toothed shark Otodus megalodon: a view from the eastern North Pacific », PeerJ, vol. 7,‎ , e6088 (PMID 30783558, PMCID 6377595, DOI 10.7717/peerj.6088 Accès libre)
  24. (en) Kensu Shimada, « The size of the megatooth shark, Otodus megalodon (Lamniformes: Otodontidae), revisited », Historical Biology, vol. 33, no 7,‎ , p. 1-8 (ISSN 0891-2963, DOI 10.1080/08912963.2019.1666840, S2CID 208570844)
  25. a b et c (en) Kevin G. Nyberg, Charles N. Ciampaglio et Gregory A. Wray, « Tracing the ancestry of the great white shark, Carcharodon carcharias, using morphometric analyses of fossil teeth », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 26, no 4,‎ , p. 806-814 (DOI 10.1671/0272-4634(2006)26[806:TTAOTG]2.0.CO;2, JSTOR 4524633, S2CID 53640614, lire en ligne)
  26. a b c et d (en) Dana J. Ehret, Gordon Hubbell et Bruce J. Macfadden, « Exceptional preservation of the white shark Carcharodon from the early Pliocene of Peru », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 29, no 1,‎ , p. 1-13 (DOI 10.1671/039.029.0113, JSTOR 20491064, S2CID 129585445)
  27. Klimley et Ainley 1996, p. 23-25.
  28. Renz 2002, p. 30-31.
  29. Renz 2002, p. 28-31.
  30. (en) Victor J. Perez, Stephen J. Godfrey, Bretton W. Kent, Robert E. Weems et John R. Nance, « The transition between Carcharocles chubutensis and Carcharocles megalodon (Otodontidae, Chondrichthyes): lateral cusplet loss through time », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 38, no 6,‎ , e1546732 (DOI 10.1080/02724634.2018.1546732 Accès libre, S2CID 92407449)
  31. a et b Renz 2002, p. 30.
  32. Klimley et Ainley 1996, p. 70.
  33. a et b (en) Mikael Siversson, Johan Lindgren, Michael G. Newbrey, Peter Cederström et Todd D. Cook, « Cenomanian-Campanian (Late Cretaceous) mid-palaeolatitude sharks of Cretalamna appendiculata type », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 60, no 2,‎ , p. 339-384 (DOI 10.4202/app.2012.0137, S2CID 58906204)
  34. Renz 2002, p. 17.
  35. (en) Michael J. Benton et Paul N. Pearson, « Speciation in the fossil record », Trends in Ecology and Evolution, vol. 16, no 7,‎ , p. 405-411 (PMID 11403874, DOI 10.1016/s0169-5347(01)02149-8, S2CID 24241914)
  36. C. Pimiento, B. J. MacFadden, C. F. Clements, S. Varela, C. Jaramillo, J. Velez-Juarbe et B. R. Silliman, « Geographical distribution patterns of Carcharocles megalodon over time reveal clues about extinction mechanisms », Journal of Biogeography, vol. 43, no 8,‎ , p. 1645–1655 (DOI 10.1111/jbi.12754, S2CID 55776834, lire en ligne)
  37. C. Pimiento et M. A. Balk, « Body-size trends of the extinct giant shark Carcharocles megalodon: a deep-time perspective on marine apex predators », Paleobiology, vol. 41, no 3,‎ , p. 479–490 (PMID 26321775, PMCID 4541548, DOI 10.1017/pab.2015.16)
  38. Victor Perez, Ronny Leder et Teddy Badaut, « Body length estimation of Neogene macrophagous lamniform sharks (Carcharodon and Otodus) derived from associated fossil dentitions », Palaeontologia Electronica, vol. 24, no 1,‎ , p. 1–28 (DOI 10.26879/1140 Accès libre, lire en ligne)
  39. S. Wroe, Huber, D. R., Lowry, M., McHenry, C., Moreno, K., Clausen, P., Ferrara, T. L., Cunningham, E., Dean, M. N. et Summers, A. P., « Three-dimensional computer analysis of white shark jaw mechanics: how hard can a great white bite? », Journal of Zoology, vol. 276, no 4,‎ , p. 336–342 (DOI 10.1111/j.1469-7998.2008.00494.x, lire en ligne)
  40. La morsure du grand blanc.
  41. Grahame J. W. Webb, « Insights into the Ecology and Evolutionary Success of Crocodilians Revealed through Bite-Force and Tooth-Pressure Experimentation », PLoS ONE, vol. 7, no 3,‎ (PMID 22431965, DOI 10.1371/journal.pone.0031781, lire en ligne, consulté le ).
  42. http://www.bio-nica.info/Biblioteca/Wroe2008GreatWhiteSharkBiteForce.pdf
  43. Michael Reilly, « Prehistoric Shark Nursery Spawned Giants » [archive du ], USA, Discovery News, (consulté le ).
  44. (en) « What is the largest Megalodon tooth ever found? », sur FossilEra (consulté le )
  45. « Fossilworks: Otodusmegalodon », sur fossilworks.org (consulté le ).
  46. Daniel Richard, André Beaumont, Pierre Cassier, Biologie animale : les cordés ; anatomie comparée des vertébrés, Dunod Sciences 2009.
  47. Mathieu Perreault, « Un requin de 20 m ? » dans La Presse + du 5 août 2018, [1]
  48. (en) Reconstruction d'un Mégalodon
  49. (en) dent de mégalodon.
  50. Photo de mâchoire de mégalodon..
  51. Muriel de Véricourt, « Dinosaures : ils n'étaient sans doute pas si gros », in Science & Vie du 28 janvier 2009, [2]
  52. Jean Trichet, Jérome Gaillardet, Monica Rotaru, Michel Steinberg, Les climats passés de la Terre, Vuibert 2006, (ISBN 978-2-7117-5394-9).
  53. Riley black, « Le mégalodon, un redoutable prédateur au sang partiellement chaud », magazine et revue scientifique,‎ (lire en ligne Accès libre)
  54. Adrien Bernard, « Le mégalodon avait le sang chaud comme nous, une cause probable de son extinction. », revue scientifique,‎ , Microsoft Start (lire en ligne Accès libre [doc])
  55. (en) Thure Cerling, « Endothermic physiology of extinct megatooth sharks », Scientific Review,‎ , PNAS (lire en ligne Accès libre [doc])
  56. Modèle:Michael Reilly, ''Op. cit.''.
  57. (en) Jeffrey A. Weinstock, The Ashgate Encyclopedia of Literary and Cinematic Monsters, Farnham, Routledge, , 624 p. (ISBN 978-1-4094-2562-5, OCLC 874390267, lire en ligne), p. 107-108
  58. a et b (en) Edward Guimont, « The Megalodon: A Monster of the New Mythology », M/C Journal, vol. 24, no 5,‎ (ISSN 1441-2616, DOI 10.5204/mcj.2793 Accès libre, S2CID 241813307)
  59. (en) Ben S. Roesch, « A Critical Evaluation of the Supposed Contemporary Existence of Carcharocles megalodon », The Cryptozoology Review, vol. 3, no 2,‎ , p. 14-24 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  60. (en) « Does Megalodon Still Live? », Biology of Sharks and Rays (consulté le )
  61. (en) « The Meg (2018) », sur Box Office Mojo (consulté le )
  62. (en)  Mermaids: The Body Found [documentaire], Sid Bennett (), Animal Planet
  63. (en) « Shark Week 'Megalodon: The Monster Shark Lives' Tries To Prove Existence Of Prehistoric Shark (VIDEO) », sur Huff Post Green, (consulté le )
  64. (en) Brian Winston, Gail Vanstone et Wang Chi, The Act of Documenting: Documentary Film in the 21st Century, New York, , 271 p. (ISBN 978-1-5013-0918-2, OCLC 961183719, lire en ligne), « A Walk in the Woods »
  65. (en) Jake Flanagin, « Sorry, Fans. Discovery Has Jumped the Shark Week. », sur New York Times, (consulté le )
  66. (en) David Shiffman, « Shark Week Is Lying Again About Monster Megalodon Sharks », sur Slate, (consulté le )
  67. (en-US) Mikey O'Connell, « TV Ratings: Shark Week Hits Record Highs With Fake 'Megalodon' Doc », sur The Hollywood Reporter, (consulté le )
  68. (en) « Fossil, Fossilized Teeth of the Megalodon Shark | NCpedia », sur ncpedia.org (consulté le )

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Lectures complémentaires

Liens externes