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Alliance des États du Sahel

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Alliance des États du Sahel
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L'Alliance des États du Sahel (AES)[2] encore appelé Liptako-Gourma est un pacte de défense mutuelle conclu entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso le [3],[4]. L'accord est signé à la suite du coup d'État du 26 juillet 2023 au Niger, contre lequel la CEDEAO menaçait d'intervenir militairement[5].

L'AES a été créée pour aider à contrer d'éventuelles menaces de rébellion armée ou d'agression extérieure, en soulignant que « toute attaque contre la souveraineté et l'intégrité territoriale d'une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties »[3],[6]. Liptako-Gourma est la francisation de "Liba" qui signifie "terrasser" en peulh et de "Ta-a-ko" dont la signification est "on ne peut pas". Étymologiquement, "liptako" est "ce qu'on ne peut pas terrasser".

Contexte[modifier | modifier le code]

La région du Sahel est le théâtre de bandes terroristes et mercenaires depuis 2003. Cette situation a conduit à de nombreux conflits dans la région, tels que la guerre du Mali et l'insurrection de Boko Haram. Les trois États membres ont connu des coups d'État militaires ces dernières années, provoquant une détérioration des relations avec le reste de la CEDEAO et la communauté internationale. Chacun des pays est désormais gouverné par une junte militaire, dans le cadre de la ceinture de coups d'État[7].

Lors d'un coup d'État militaire en 2021, Assimi Goïta prend le pouvoir au Mali, succédant à Bah N'Daw qui est lui-même arrivé au pouvoir lors d'un précédent coup d'état en 2020, renversant le dernier président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta, et instaurant un Comité national pour le salut du peuple[8].

Quelques mois plus tard, lors du coup d'État de 2021 en Guinée, le Comité national du rassemblement pour le développement nomme Mamadi Doumbouya président de la Transition, destituant le précédent président Alpha Condé[9].

À la suite du coup d'État de septembre 2022 au Burkina Faso, l'armée renverse le précédent gouvernement militaire, installant Ibrahim Traoré à la place de Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir lors du coup d'État de janvier 2022, qui remplace le gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré et instaure le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration[10].

En février 2023, le Premier ministre du Burkina Faso Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla propose au Mali l'instauration d'une fédération entre les deux pays sur le modèle de la Fédération du Mali[11],[12]. Le projet est rejeté par la Guinée et par le Mali, qui proposent un front commun[13]. Durant le même mois, le Mali et le Burkina Faso organisent un conseil des ministres commun et proposent d'avancer dans l'instauration du projet[14].

Plus récemment, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie est instauré après le coup d'État de 2023 au Niger, renversant le gouvernement de Mohamed Bazoum et plaçant le général Abdourahamane Tiani au pouvoir[15].

Les quatre États, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, sont membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et sont tous suspendus en raison de la prise de pouvoir des juntes militaires. À la suite du coup d'état au Niger, la CEDEAO a menacé d'intervenir militairement et de rétablir le gouvernement du président Bazoum. Le gouvernement nigérien bénéficie du soutien du Mali et du Burkina Faso qui ont promis une aide militaire au Niger en cas d'intervention, ainsi que de la Guinée qui offre un soutien diplomatique. Les promesses d'aide militaire ont abouti à la création de l'Alliance des États du Sahel (AES) comme bloc de défense mutuelle pour les trois nations dans le but de contrer une intervention éventuelle de la CEDEAO[16].

L'Alliance des États du Sahel ambitionne de créer une union économique et monétaire et une monnaie baptisé Sahel[17].

En février 2024, le chef du régime militaire au Niger Abdourahamane Tiani à évoquer la possible création d'une monnaie commune entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali. «La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation», a déclaré le général nigérien Abdourahamane Tiani, en référence au franc CFA et à la France, ex-puissance coloniale. L'Alliance des États du Sahel, «ont des experts (monétaires) et au moment opportun, nous déciderons», a-t-il poursuivi. «La monnaie c'est un signe de souveraineté», a poursuivi le général Tiani, et les États de l'AES sont «engagés dans un processus de recouvrement de (leur) souveraineté totale». Il assure qu'«il n'est plus question que nos États soient la vache à lait de la France»[18]. La formation d'une confédération puis d'une fédération sont prévues à terme[19].

En mai 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, finalise à Niamey un projet de texte créant la confédération de l'Alliance des États du Sahel, elle à pour objectif de finaliser le projet relatif à l'institutionnalisation et à l'opérationnalisation de la Confédération Alliance des États du Sahel[20].

L'AES quitte la CEDEAO[modifier | modifier le code]

Le dimanche 28 janvier 2024, les pays membres de l'Alliance des États du Sahel (AES) quittent la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'annonce a été lue conjointement au journal dans les télévisions nationales : Au Burkina par le ministre de la Communication, le porte-parole du gouvernement[21]; au Mali par le Ministre d'État, Ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement[22] et au Niger par le ministre de la jeunesse, des sports, des Arts et de la Culture, porte-parole du gouvernement[23]

La CEDEAO rejette totalement la décision de l'AES car celle-ci ne peut s'appliquer qu'au bout d'un an en vertu du traité de l'organisation sous-régionale. La CEDEAO se dit préoccupée par cette décision dont elle n'a pas été informée au préalable et prête à tenter une discussion pour négocier une solution[24].

1er sommet de l'AES[modifier | modifier le code]

Le premier sommet de l'Alliance des États du Sahel a lieu le samedi 6 juillet 2024 à Niamey au Niger. Il réuni les trois chefs d'État à savoir le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, celui du Mali, Assimi Goïta et le président nigérien, le général Tchani. Consacré à la vie et la consolidation de l'Alliance, le sommet se penche sur les questions et les défis communs au trois États. Les participants abordent les questions de sécurité et défense, terrorisme, les échanges économiques, commerciaux et culturels[25].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Military-ruled former French colonies forge NATO-style Alliance of Sahel States », WION, (consulté le )
  2. « Le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger créent l'Alliance des États du Sahel », YouTube, Radio Télévision du Burkina (consulté le )
  3. a et b (en) « Mali, Niger and Burkina Faso sign Sahel security pact », Reuters, (consulté le )
  4. (en-US) Report, « Mali, Niger, Burkina juntas sign mutual defence pact », Punch Newspapers, (consulté le )
  5. (en) « Mali, Niger and Burkina Faso establish Sahel security alliance », aljazeera.com (consulté le )
  6. « L'Alliance des États du Sahel, un tournant dans la sous-région ? - TV5MONDE », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
  7. (en) « ECOWAS Unity Put to Test as West African Coup Crisis Deepens », VOA, (consulté le )
  8. (en) Associated Press, « Global Leaders Condemn Mali Coup Amid Worry About Extremists » [archive du ], sur The New York Times, (consulté le )
  9. (en) Saliou Samb, « Elite Guinea army unit says it has toppled president », sur Reuters, (consulté le )
  10. « Burkina: Ibrahim Traoré proclamé président, Damiba destitué », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  11. « Le Burkina propose de créer « une fédération » avec le Mali », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  12. BBC News, « Fédéralisme en Afrique : une fédération est-elle possible entre le Burkina Faso, la Guinée et le Mali ? », sur BBC News Afrique, (consulté le ).
  13. RFI, « Mali, Guinée et Burkina Faso : un front commun mais pas de «fédération» à ce stade », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  14. RFI, « Burkina Faso et Mali tentent de faire avancer leur projet de fédération », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  15. (en) « Niger general Tchiani named head of transitional government after coup », sur Al Jazeera, (consulté le )
  16. (en) « Mali, Niger and Burkina Faso sign Sahel security pact » [archive du ], sur Reuters, (consulté le )
  17. « ÉCONOMIE AFRIQUE DE L'OUEST - Mali, Burkina, Niger : une monnaie commune est-elle crédible ? », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  18. Le Temps avec AFP, « Afrique - Le Niger évoque une possible monnaie commune avec le Burkina et le Mali, pour sortir du franc CFA et de la «colonisation» », sur letemps.ch, Le Temps, (consulté le ).
  19. « Mali-Burkina-Niger : de la scission à la fédération ? », .
  20. Jeune Afrique, « Mali, Burkina Faso et Niger finalisent l'Alliance des États du Sahel », sur jeuneafrique.com, Jeune Afrique, (consulté le ).
  21. « Afrique de l'Ouest : Le Burkina Faso, le Mali et le Niger quittent la CEDEAO sans délai (communiqué conjoint) », sur lefaso.net (consulté le )
  22. « Le Burkina Faso, le Mali et le Niger se retirent de la Cédéao », sur RFI, (consulté le )
  23. « L'Alliance des États du Sahel (AES) quitte la CEDEAO - Agence Nigérienne de Presse », sur anp.ne (consulté le )
  24. « Retrait du Mali, Burkina Faso, Niger de la Cédéao : ce qu'il faut savoir - TV5MONDE », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
  25. « Sommet des Chefs d'État de l'AES : Le Président du Faso à Niamey - Mousso News », (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]