Aller au contenu

Dom Sébastien, roi de Portugal

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Dom Sébastien, roi de Portugal
Description de cette image, également commentée ci-après
Le roi Sébastien Ier de Portugal
Genre Grand opéra
Nbre d'actes 5 actes
Musique Gaetano Donizetti
Livret Eugène Scribe
Langue
originale
français
Sources
littéraires
Don Sébastien de Portugal de Paul Foucher
Durée (approx.) environ 3h
Création
Opéra Le Peletier,
Drapeau de la France France

Dom Sébastien, roi de Portugal est un grand opéra français en cinq actes de Gaetano Donizetti. Eugène Scribe en écrivit le livret en se fondant sur la pièce Don Sébastien de Portugal de Paul Foucher (1838)[1], fiction historique sur le roi Sébastien Ier de Portugal (1554-1578) et son expédition fatale de 1578 au Maroc. La première eut lieu le à l'Opéra Le Peletier à Paris. Ce fut le dernier opéra que Donizetti compléta avant de devenir fou par suite de la syphilis.

À l'époque, Donizetti essayait de composer un opéra capable de rivaliser avec les opéras historiques semblables d'Auber, d'Halévy et de Meyerbeer. Un critique qualifia Dom Sébastien de « funérailles en cinq actes »[2]. Par contraste, Winton Dean a dit que l'opéra se caractérisait surtout par une « honnêteté dramatique sans compromis » en commentant les facettes dramatiques inhabituelles de l'œuvre[3]. En 2005, Mary Ann Smart a publié une édition critique de l'opéra en français qui comprend en annexes des variantes et les adjonctions que Donizetti fit pour une production de l'opéra en allemand à Vienne en 1845[4],[5].

Rôle[6] Voix Distribution à la première du 13 novembre 1843
Dom Sébastien, roi de Portugal ténor Gilbert Duprez
Dom Antonio, son oncle, régent du royaume en son absence ténor Jean-Baptiste Octave
Juam de Sylva, grand inquisiteur basse Nicolas-Prosper Levasseur
Le Camoëns, soldat et poète baryton Paul Barroilhet
Dom Henrique, lieutenant de Dom Sébastien basse Ferdinand Prévost (en)
Ben-Selim, gouverneur de Fez basse Hippolyte Brémont
Abayaldos, chef des tribus arabes, fiancé de Zayda baryton Eugène Massol
Zayda, fille de Ben-Selim mezzo-soprano Rosine Stoltz
Don Luis, envoyé d'Espagne ténor
Soldat (basse), premier inquisiteur (ténor), deuxième inquisiteur (ténor), troisième inquisiteur (basse)[7]
Chœur : Seigneurs et dames de la cour de Portugal, soldats et matelots portugais, soldats et femmes arabes, membres de l'inquisition, hommes et femmes du peuple
Année : 1578
Lieux : Lisbonne, aux 1er, 3e, 4e et 5e actes, et le Maroc, au 2e[8].

Lisbonne

Le roi chrétien Dom Sébastien Ier laisse son oncle, Dom Antonio, diriger le Portugal pendant qu'il part en croisade contre les Arabes. L'entourage de Sébastien comprend le poète idéaliste Camoëns et la princesse nord-africaine Zayda, condamnée à mourir sur le bûcher pour avoir tenté de s'échapper de son couvent après sa conversion au christianisme (chœur des inquisiteurs : Céleste justice, tu veux leur supplice). Sauvée du bûcher par l'intervention de Sébastien (qui commue la peine du bûcher en exil auprès de son père Ben-Selim) Zayda fait l'éloge du roi (O mon Dieu ! Sur la terre) .

Fez, au Maroc

Les retrouvailles entre Zayda et Ben-Selim sont peu affectueuses : elle refuse d'épouser le chef arabe Abayaldos.

La plaine d'Alcazar-Quivir après la bataille

Abayaldos a dirigé les Arabes dans la bataille contre les forces de Sébastien, qui ont été exterminées pour la plus grande part. La vie de Sébastien, blessé, n'est sauvée que parce que son lieutenant, Dom Henrique, se présente à Abayaldos en prétendant être Sébastien, avant de mourir de ses blessures et parce que Zayda plaide pour qu'on épargne le chrétien (le vrai Sébastien) en échange de son consentement à épouser Abayaldos (d'autant plus que c'est un chrétien qui lui a sauvé la vie pendant qu'elle était captive au Portugal). Sébastien, anéanti, est abandonné sur le champ de bataille et se lamente (Seul sur la terre).

L'acte III dans la première production, au moment où le grand inquisiteur Dom Juan ordonne l'arrestation de Dom Sébastien (gravure de L'Illustration).

La principale place de Lisbonne

Le Camoëns a survécu à la bataille et est retourné à Lisbonne (Ô ma patrie !) . Il y apprend qu'Antonio, aidé par le grand inquisiteur espagnol Dom Juan de Sylva, a usurpé le trône. Le Camoëns retrouve Sébastien alors que passe un cortège funèbre, celui du roi supposé mort ( Requiem). Le Camoëns sème le trouble par son indignation, et Sébastien est reconnu par le peuple lorsqu'il intervient. Abayaldos, venu à Lisbonne rendre le corps du roi aux Portugais, reconnaît l'humble chrétien dont il a épargné la vie. Sébastien est emprisonné pour imposture par Dom Juan.

Une salle de l'inquisition à Lisbonne

Au procès de Sébastien, Zayda prouve son amour pour lui en témoignant de la véritable identité du prisonnier et de la façon dont il a échappé à la mort. Abayaldos accuse Zayda d'adultère, et les inquisiteurs condamnent tant Sébastien que Zayda à mourir par le glaive et la flamme du bûcher.

La cour de Lisbonne

Sébastien et Zayda, enfermés ensemble dans une tour qui domine la mer, vivent quelques jours de bonheur avant leur exécution. Soucieux de légitimer son marché avec l'Espagne, Antonio offre d'épargner la vie de Sébastien si Zayda convainc ce dernier de signer le document officiel de cession du Portugal à l'Espagne. Sébastien, après un premier refus, signe. Libre mais désemparée, Zayda s'élance pour aller se noyer.

Une tour attenant aux prisons de l'Inquisition

Sébastian rattrape Zayda au sommet de la tour. Ils voient arriver le Camoëns dans une embarcation : il essaie de les sauver. Sébastien et Zayda descendent l'échelle de corde qui mène à la liberté, mais sont découverts à mi-chemin ; les poursuivants coupent l'échelle, et le couple tombe dans la mer et s'y noie. Le Camoëns est tué. A la tombée du rideau, la flotte espagnole paraît à l'horizon. Le Portugal a perdu son indépendance.

Enregistrements

[modifier | modifier le code]
Année Distribution
(Zayda, Dom Sébastien, Camoëns, Juam de Silva)
Chef d'orchestre,
Maison d'opéra et orchestre
Label[9]
1984 Klára Takács,
Richard Leech,
Lajos Miller,
Sergei Koptchak
Eve Queler,
Opera Orchestra of New York et Schola Cantorum of New York
(enregistrement du concert donné au Carnegie Hall le 23 mars)
CD audio : Legato Classics
Cat : LCD 190-2
1998 Monica Minarelli,
Robert Woroniecki,
Ettore Kim,
Randall Jakobsh
Elio Boncompagni,
Sinfonie Orchester Aachen et Aachener Städische Theater Chorus
CD audio : Kicco Classic
Cat : KCO18CD-1/2
2005 Vesselina Kasarova,
Giuseppe Filianoti,
Carmelo Corrado-Caruso,
Alastair Miles
Mark Elder,
Orchestre et chœur du Royal Opera House, Covent Garden[10]
CD audio : Opera Rara
Cat : ORC 33

Références

[modifier | modifier le code]
Notes
  1. Paul Foucherul, Don Sébastien de Portugal : tragédie en cinq actes, Paris, J. N. Barba ; Delloye ; Bezou, (lire en ligne). La première de la pièce eut lieu au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 9 novembre 1838.
  2. (en) Donal Henehan, « Donizetti's Dom Sebastien », New York Times,‎ (lire en ligne).
  3. Winton Dean, "Donizetti's Serious Operas". Proceedings of the Royal Musical Association, vol. 100, 1973, p. 123-141.
  4. « Dom Sebastien, roi de Portugal », Universityof Chicago Press (Distributed for Casa Ricordi) (consulté le )
  5. Gaetano Donizetti, Mary Ann Smart et Eugène Scribe, Dom Sébastien, roi de Portugal : opéra en cinq actes, Ricordi, (lire en ligne).
  6. Les rôles et les types de voix sont ceux précisés dans la partition pour voix et piano de l'édition critique (Donizetti, Smart 2005, p. VII).
  7. Ces petits rôles peuvent être chantés par des membres du chœur.
  8. Osborne, p. 297.
  9. Source des données sur les enregistrements : operadis-opera-discography.org.uk.
  10. (en) Tim Ashley, « Donizetti: Dom Sébastien, Kasarova/ Filianoti/ Keenlyside/ Miles/ Royal Opera House Chorus and Orchestra/ Elder », The Guardian,‎ (lire en ligne).
Sources
  • William Ashbrook, Donizetti and His Operas, Cambridge University Press, 1982 (ISBN 0-521-23526-X) (ISBN 0-521-23526-X).
  • Gaetano Donizetti, Mary Ann Smart (dir.) et Eugène Scribe, Dom Sébastien, Roi de Portugal : opera in five acts (partition réduite pour voix et piano fondée sur l'édition critique de la partition pour voie et orchestre), Milan, Ricordi, 2005 (ISBN 978-88-7592-751-6).
  • Amanda Holden (dir.), The New Penguin Opera Guide, New York: Penguin Putnam, 2001, (ISBN 0-14-029312-4).
  • Charles Osborne, The Bel Canto Operas of Rossini, Donizetti, and Bellini, Portland (Oregon), Amadeus Press, 1994 (ISBN 0-931340-71-3).
  • Herbert Weinstock, Donizetti and the World of Opera in Italy, Paris, and Vienna in the First Half of the Nineteenth Century, Methuen, First British Edition, 1964 (ASIN B0000CM5Y9).

Liens externes

[modifier | modifier le code]