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Transylvanie du Nord

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Transylvanie du Nord
(hu) Észak-Erdély
(ro) Transilvania de Nord

19401945

Drapeau
Drapeau.
Blason
Armoiries.
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte des territoires annexés par le Royaume de Hongrie en 1938-1941. La Transylvanie du Nord est en vert foncé.
Informations générales
Statut Administration militaire, plus tard civile (1940–1944)
Administration militaire (1944–1945)
Démographie
Population (1940) 2 577 260[1]
Superficie
Superficie (1940) 43 104 km2[2]
Histoire et événements
30 août 1940 Deuxième arbitrage de Vienne.
5–13 septembre 1940 Occupation par l'armée hongroise.
11 septembre 1940[3] Administration militaire hongroise.
8 octobre 1940[4] Incorporation au Royaume de Hongrie.
26 novembre 1940[3] Administration civile.
26 août – 25 octobre 1944 Offensive des armées soviétique et roumaine.
12 septembre 1944 La Commission alliée annule le deuxième arbitrage de Vienne.
9 mars 1945 L'administration roumaine est rétablie.
10 février 1947 Le Traité de paix de Paris entérine la restitution de la Transylvanie du Nord à la Roumanie.
Royaume de Hongrie
1940-1944 Miklos Horthy
1944-1945 Ferenc Szálasi

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La Transylvanie du Nord (roumain : Transilvania de Nord, hongrois : Észak-Erdély) est une région du Royaume de Roumanie qui, pendant la Seconde Guerre mondiale devint une partie du Royaume de Hongrie.

Proportions des locuteurs en Transylvanie du Nord.

Étendue, population[modifier | modifier le code]

La Transylvanie du Nord comptait 43 104 km2 et incluait le pays sicule à majorité hongroise. Elle comptait (au recensement de 1938) une population de 2 603 589 habitants dont 1 437 055 Roumains transylvains et 970 581 Hongrois de souche[5].

Contexte[modifier | modifier le code]

Cette région austro-hongroise jusqu'en 1918, disputée au moment de la dislocation de cet empire entre la république démocratique hongroise, la Hongrie communiste et le royaume de Roumanie, est attribuée à ce dernier au traité de Trianon (1920). Dans l'entre-deux-guerres la Hongrie recherche la révision de ce traité : les puissances occidentales font la sourde oreille mais le Troisième Reich, qui lui aussi recherche la révision des traités de Versailles et de Saint-Germain, se propose d'« arbitrer » ce conflit. C'est ainsi qu'au deuxième arbitrage de Vienne la Transylvanie du Nord est délimitée pour être attribuée à la Hongrie[6],[7].

Situation des Juifs et des Roms[modifier | modifier le code]

Dans la Hongrie de 1941, incluant les régions regagnées aux deux arbitrages de Vienne, vivaient 725 000 juifs : la moitié d'entre eux, soit la population juive de la Hongrie de 1937, étaient citoyens hongrois, mais l’autre moitié, vivant dans les territoires acquis de 1938 à 1940, dont la Transylvanie du Nord, était apatride[8],[9]. Toutefois le régent Miklos Horthy refuse de livrer cette population majoritairement magyarophone aux nazis[10], affirmant pouvoir « solutionner la question juive » selon la loi hongroise du , calquée sur celles de Nuremberg, qui définit les Juifs comme une « race » (y compris les 58 320 personnes devenues chrétiennes), interdit les mariages mixtes, l'accès aux Juifs à la fonction publique, et instaure des quotas pour d'autres professions[11],[12].

En dépit des réticences de Horthy, parmi les Juifs devenus apatrides par les arbitrages de Vienne, dont ceux de Transylvanie du Nord, environ 27 000 personnes sont, après l'opération Barbarossa, déportées à Kamenets en Podolie occupée, où elles sont exterminées par les Einsatzgruppen nazis[13]. D'autres, jugés aptes à travailler, sont envoyés sur le front de l’Est et en Serbie occupée pour y effectuer des travaux aux ordres de l'armée hongroise[14] : froid, sous-alimentation et manque de soins en font mourir 14 000[15]; par ailleurs, l'armée hongroise en tue 3 500 autres à Novi Sad en Serbie occupée en janvier-[14].

Lorsque le Ferenc Szálasi remplace Miklos Horthy et laisse la Wehrmacht s'installer en Hongrie, cette dernière accepte de livrer à l'Allemagne nazie tous les juifs, citoyens hongrois ou apatrides, mais aussi des Roms de Transylvanie du Nord[16]. Les autorités hongroises déportent les Roms nord-transylvains vers Kamenets, lieu de massacre en 1941[17]. Le nombre de victimes juives est connu, mais celui des Roms n'a pas pu être déterminé car la plupart sont morts d'épuisement au cours des marches de la mort comme celle vers Komarom[18].

Retour à la Roumanie[modifier | modifier le code]

Les deux arbitrages de Vienne n'étaient pas reconnus par les Alliés mais seulement dans l'Axe. En octobre 1944, les forces forces soviétiques et roumaines « occupent » (du point de vue de l'Axe) ou « libèrent » (du point de vue Allié) ce territoire et le remettent, en mars 1945, à l'administration roumaine. Des « tribunaux populaires » se mettent en place sous l'égide des autorités soviétiques d'occupation et du parti communiste roumain, et procèdent à une « épuration des collaborateurs »[19].

Après la guerre, le traité de paix de Paris de 1947 confirme l'annulation du second arbitrage de Vienne ; les sources secondaires hongroises modernes considèrent ce traité comme inaugurant le retour de la Transylvanie du Nord à la Roumanie, et donc que ce territoire a été hongrois jusqu'en 1947)[20]. Le parti communiste roumain, après avoir sévèrement épuré tous les citoyens qui avaient servi les autorités hongroises entre 1940 et 1944, décide en 1952 de créer dans le pays sicule une province autonome sur les modèle des régions autonomes soviétiques : ce sera la « province autonome magyare » qui durera jusqu'en 1968[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (hu) Zoltán Fogarasi, « A népesség anyanyelvi, nemzetiségi és vallási megoszlása törvényhatóságonkint 1941-ben. » [« Distribution of the population by mother tongue, ethnicity and religion in the municipalities of Hungary in 1941. »], Magyar Királyi Központi Statisztikai Hivatal, Budapest, vol. 22, nos 1–3,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  2. (hu) Lajos Thirring, « A visszacsatolt keleti terület. Terület és népesség. » [« The re-annexed eastern territory. Territory and population. »], Magyar Királyi Központi Statisztikai Hivatal, Budapest, vol. 18, nos 8–9,‎ , p. 663 (lire en ligne)
  3. a et b (hu) Edit Csilléry, « Észak–Erdély polgári közigazgatása (1940–1944) » [« The civil administration of Northern Transylvania (1940–1944) »], Komárom-Esztergom Megyei Önkormányzat Levéltára, Tatabánya, vol. 25, no 2,‎ , p. 87 (lire en ligne)
  4. (hu) « 1940. évi XXVI. törvénycikk a román uralom alól felszabadult keleti és erdélyi országrésznek a Magyar Szent Koronához visszacsatolásáról és az országgal egyesítéséről » [« Law XXVI of 1940 on the reunification of the eastern and Transylvanian parts liberated from Romanian rule with the country under the Hungarian Holy Crown »] [archive du ], sur Ezer év törvényei (consulté le )
  5. Mircea Cociu (dir.), Spațiul etnic românesc, Bucarest 1942, réédition 1993, (ISBN 973-32-0367-X), pp. 11 à 13.
  6. Gabriel Gorodetsky, Le Grand Jeu de dupes : Staline et l'invasion allemande, Paris, Les Belles Lettres, , 727 p. (ISBN 978-2-262-03402-3).
  7. Traian Sandu Histoire de la Roumanie, Perrin, Paris 2008, p. 265.
  8. [1]
  9. Dictionnaire de la Shoah, p. 312
  10. Encyclopédie multimédia de la Shoah
  11. [2], Encyclopédie multimédia de la Shoah, article La Hongrie avant l'occupation allemande
  12. 100 000 personnes d'après l’encyclopédie multimédia de la Shoah.
  13. « Uzhorod » sur le site www.jewishvirtuallibrary.org.
  14. a et b Dictionnaire de la Shoah, p. 278
  15. Encyclopédie multimédia de la Shoah, article « La Hongrie avant l'occupation allemande » : [3].
  16. (en) Pharrajimos: the fate of the Roma during the Holocaust, International Debate Education Association, (ISBN 978-1-932716-30-6), p. 71-77.
  17. (en) Anders E B Blomqvist, « Deportations of Roma from Hungary and the Mass Killing at Kamianets-Podilskyi in 1941 », sur academic.oup.com (DOI 10.1093/hgs/dcae010, consulté le ).
  18. (en) Katalin Katz, « Story, history and memory: a case study of the Roma at the Komarom camp in Hungary », dans The Roma: a Minority in Europe : Historical, Political and Social Perspectives, Central European University Press, coll. « CEUP collection », , 69–87 p. (ISBN 978-615-5211-21-8, lire en ligne).
  19. « Restoration of the Romanian administration in Northeastern Transylvania », Agerpres, .
  20. Le traité de paix de 1947 sur cndp.fr.
  21. (hu) Árpád Varga E., « Erdély etnikai és felekezeti statisztikája 1850-2002 », sur Kulturális Innovációs Alapítvány, [« Statistiques ethniques et religieuses de la Transylvanie 1850-2002 »].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]