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Impliquez-vous dans la protection des territoires publics

Par Benoîte Labrosse
Wirestock Creators/Shutterstock.com

Un territoire public vous tient à cœur et vous souhaitez le protéger de toute exploitation future ? Vous avez jusqu’en octobre pour déposer un projet en ce sens auprès du gouvernement québécois. D’ici là, vous pouvez déjà profiter d’accès à la nature partout dans la province.

Début juin, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a lancé un appel à projets en vue de créer des aires protégées sur les terres publiques de la province. 

« À ma connaissance, c’est la première fois qu’un gouvernement invite la société civile à participer ainsi à la protection de notre territoire », constate Alain Branchaud, directeur général de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec). 

L’objectif du MELCCFP est de se rapprocher de la cible de conservation de 30 % des milieux continentaux et de 30 % des milieux marins d’ici 2030, inscrite dans le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. Selon les chiffres officiels, le réseau d’aires protégées du Québec couvrait à la fin mai 10,4 % du milieu marin et 17,7 % du milieu continental (terrestre et eau douce), en tenant compte des annonces d’intention. Parmi elles, l’engagement à protéger l’île d’Anticosti, ainsi que le mont Kaaikop, à Sainte-Lucie-des-Laurentides.

Les membres de la Coalition Conservation Mont-Kaaikop, qui s’opposaient depuis plus d’une décennie aux coupes forestières sur ce territoire, auront sans doute des conseils à donner à ceux qui souhaitent prendre part à la démarche actuelle. « Plein de comités citoyens ont déjà fait l’analyse des zones dont ils revendiquent la protection, fait d’ailleurs remarquer André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières. Cet appel à projets va mettre en lumière la volonté citoyenne et forcer le débat public, mais, ultimement, ça va se jouer au moment des arbitrages à mener avec l’industrie forestière et minière. » 

Comment proposer un territoire à protéger ?

Les personnes et les groupes qui souhaitent la création d’une aire protégée ont jusqu’au 15 octobre pour remplir le formulaire en ligne. Afin de mettre toutes les chances de leur côté, ils peuvent solliciter les experts de la SNAP Québec en amont. « Nous avons été mandatés par le gouvernement pour accompagner les porteurs de projets, explique Alain Branchaud. Nous pouvons les aider à démontrer la pertinence écologique et culturelle de leur territoire, dans le but de présenter l’argumentaire le plus étoffé possible. » Ils peuvent s’assurer également que le secteur visé est effectivement situé sur les terres du domaine de l’État, au moyen d’une carte interactive

Une fois leur formulaire envoyé, les porteurs de projets devront « obtenir une résolution d’appui à l’analyse du projet par la municipalité régionale de comté (MRC) concernée ». André Bélanger leur donne deux conseils : « D’abord, faites rêver vos concitoyens : présentez ça comme une mise en valeur du territoire et insistez sur l’importance de votre initiative pour les générations futures. Ensuite, servez-vous des schémas d’aménagement : les MRC sont tenues d’identifier les territoires et les accès publics d’intérêt sur leur territoire. »

Par la suite, une « période de concertation » aura lieu dans chaque région. « Les demandeurs auront l’occasion de défendre leurs projets devant les MRC et les municipalités, qui devront choisir les propositions qui vont passer à l’étape suivante, soit un processus de consultation interministérielle », détaille Alain Branchaud.

Vous êtes membre des Premières Nations ? Adressez-vous plutôt à l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador pour de l’accompagnement. Sachez aussi que la région du Nord-du-Québec n’est pas admissible, car elle fait l’objet d’une démarche différente. 

Trouver les accès publics existants 

« Protéger un territoire, ce n’est pas juste protéger la biodiversité, c’est aussi protéger le lien entre l’humain et le territoire. C’est donner un accès à la nature, donc à des retombées positives pour la santé physique et mentale », résume Alain Branchaud. « La meilleure façon de protéger les rivières, c’est de faire en sorte que les gens les utilisent pour les activités “non nuisibles”, renchérit André Bélanger. Plus on aime un plan d’eau, plus on le protège. » 

Donc, en attendant « la mise en réserve légale » des nouvelles aires protégées par le gouvernement, prévue en 2027, comment pouvez-vous profiter des territoires publics ? Dans le cas des plans d’eau, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air, comme l’explique le directeur général de la Fondation Rivières. « La loi dit que l’eau est un bien commun accessible à tous, pourvu qu’on puisse y accéder… Sauf que beaucoup d’accès aux berges ont été privatisés, donc ça prendrait un hélicoptère pour s’y rendre sans traverser des terrains privés », illustre-t-il en faisant référence aux articles 919 et 920 du Code civil du Québec. 

Il rappelle cependant que, si vous naviguez sur une rivière, vous avez légalement le droit d’accoster en zone inondable — sur un cap rocheux, par exemple. « Tout ce qui entre dans la ligne des hautes eaux est un territoire public, fait-il valoir. Les riverains qui y affichent des pancartes “Propriété privée” ou “Interdit” n’ont pas le droit de le faire. »

Il existe quelques ressources en ligne pour repérer des accès publics à l’eau. La Fondation Rivières a, par exemple, établi une Carte du potentiel de baignade à Montréal et Laval qui présente une centaine de lieux. « Ce sont des accès qui existent sans nécessairement être officialisés, précise son directeur général. Il y a beaucoup d’endroits méconnus. » 

Il se désole également de « la mauvaise perception qu’ont plusieurs personnes de la qualité de l’eau des rivières et du fleuve ». Si les contaminants potentiels vous inquiètent, il vous suggère d’attendre environ 48 heures après une pluie pour vous mettre l’orteil — et le reste du corps — dans l’eau.

Si vous cherchez plutôt un endroit où lancer votre ligne ou encore mettre votre embarcation à l’eau, la carte interactive Allons pêcher, élaborée par la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP), répertorie près de 1 700 endroits publics en bordure de lacs, de rivières et du Saint-Laurent. 

Si plusieurs sont accessibles gratuitement, certains secteurs du domaine public exigent des droits d’accès ou de circulation. C’est entre autres le cas des 24 parcs nationaux et des 13 réserves fauniques du réseau de la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), des 63 zones d’exploitation contrôlées (zecs) et des plus de 500 pourvoiries de la province, dont celles membres de la Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ). 

« N’oubliez pas les parcs régionaux : ils ont une très belle offre d’accès à la nature, souvent gratuite ou presque », souligne Alain Branchaud, de la SNAP Québec. Il ajoute que les différents organismes et groupes citoyens qui militent pour la conservation du territoire « sont de bonnes sources d’information » au sujet des accès publics. 

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