L'invasion de l'Ukraine a ravivé l'attention pour le bitcoin

Le fait d'inclure le bitcoin dans un portefeuille permettrait-il non seulement une meilleure diversification mais aussi une amélioration du rapport risque/rendement ?

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Le bitcoin a séduit pas mal de gens l'année passée, notamment parmi les investisseurs professionnels

La cryptomonnaie affirme de plus en plus sa présence dans les portefeuilles des clients les plus riches des banques et des gérants de fortune américains. La preuve en est la création de cellules spécialisées dans les cryptomonnaies au sein de ces institutions. Le moteur de cette innovation est la diversification des portefeuilles. Mais ce n'est pas tout. Le fait d'inclure le bitcoin dans un portefeuille permettrait non seulement une meilleure diversification mais aussi une amélioration du rapport risque/rendement. C'est du moins le but recherché. De nombreux investisseurs estiment également que le bitcoin peut être considéré comme un 'or digital' car la rareté programmée de la cryptomonnaie en fait une protection idéale contre l'inflation et les aléas du marché.

A la recherche de havres sûrs

Depuis début 2022, le stress sur les marchés a fortement augmenté en raison de la combinaison de plusieurs facteurs : le changement d'attitude des banques centrales (hausse des taux d'intérêt, réduction des achats d'obligations), la baisse des perspectives dans les entreprises, la persistance d'un certain risque viral et la montée des tensions géopolitiques entre la Russie et l'Ukraine, qui a finalement dégénéré en guerre. 
Les investisseurs n'aiment pas du tout cette accumulation d'incertitudes et cherchent des havres sûrs comme les valeurs refuges traditionnelles que sont le dollar et l'or. Et le bitcoin ?

De l'or digital ? Pas vraiment…

Le dollar a progressé de 1,2% par rapport à l'euro depuis le début du mois de janvier (chiffres fin février). L'or, lui, a gagné 5,8% (en euro) et le bitcoin a... chuté de 17,2%. On peut dire que certains en ont été fort surpris.

Comme toujours, les experts se mettent à la recherche des causes de ce phénomène. La liquidité de la cryptomonnaie a été pointée du doigt. Après tout, il est possible d'acheter et de vendre rapidement des bitcoins et par le passé on a vu que les investissements les plus liquides étaient les premiers à être vendus lorsque les marchés boursiers s'affolaient. Entre autres par les professionnels qui travaillent avec des leviers. C'est le cas des hedge funds (= fonds spéculatifs) et des shorters (= ventes à découvert) qui ont besoin d'argent pour soutenir leurs positions (= les fameux appels de marge).

En principe, on peut en dire autant de l'or. Il est également liquide et le passé montre que le métal jaune peut lui aussi figurer parmi les actifs vendus prioritairement en cas de crise... avant d'entamer une remontée. Ce ne fut pas le cas cette fois-ci. Les investisseurs se sont rapidement rués sur l'or. Bien plus, on a vu les capitaux quitter les trackers en cryptomonnaies pour se jeter sur les trackers d'or.

Le rôle du bitcoin remis en cause

Ceci nous amène à constater que la perception du rôle du bitcoin a changé. Si jusqu'ici la cryptomonnaie évoluait davantage à son propre rythme sans trop se préoccuper des hauts et des bas des marchés financiers, ce n'est apparemment plus le cas. Désormais, le bitcoin évolue beaucoup plus en phase avec les marchés boursiers. On est donc passé d'une faible corrélation avec les actions à une corrélation beaucoup plus élevée, ce qui n'est pas sans donner la migraine aux banquiers et aux gérants de fortune qui voyaient dans le bitcoin un instrument de diversification supplémentaire. Aujourd'hui, ils sont contraints de voir que la cryptomonnaie se présente davantage comme un investissement qui renforce les tendances du marché boursier, à la hausse ou à la baisse.

S'il est une chose qui n'a pas encore changé à propos du bitcoin, c'est bien sa volatilité. Rien que cette année il a plongé de 21%. Ses fluctuations restent fortes, ce qui n'est pas fait pour rassurer de nombreux investisseurs.

Le bitcoin est-il dépassé ?

Non, certainement pas. Par contre, les faits montrent clairement que l'élargissement du statut de la cryptomonnaie en tant qu'actif financier se voit quelque peu retardé auprès du grand public.