Des drones cracheurs de feu entrent en guerre : l’armée ukrainienne revendique depuis début septembre l’utilisation des engins volants lance-flammes pilotés à distance contre les forces russes sur le territoire ukrainien. Leur déploiement sur le champ de bataille a été par ailleurs confirmé mercredi 4 septembre par le ministère ukrainien de la défense, dans une vidéo publiée sur X, montrant un drone dragon survolant le front dans la région de Kharkiv.

Les images diffusées par les forces armées ukrainiennes montrent un aéronef survoler des zones boisées en lâchant des torrents de flammes, voire une traînée de lave, afin d’endommager des équipements militaires russes dissimulés sous la végétation.

Ces drones aux effets dévastateurs « sont nos ailes de la vengeance, transportant le feu directement du ciel », se félicitent sur Facebook les militaires ukrainiens appartenant à l’unité droniste de la 60e brigade mécanisée déployant ces engins contre les forces russes.

Une substance pouvant brûler sous l’eau

La puissance des drones dragons vient du composé chimique incendiaire utilisé, la thermite. Il s’agit d’un mélange d’oxyde de fer et de poudre d’aluminium, dont la réaction chimique génère une chaleur intense, pouvant atteindre une température supérieure à 2 000 °C. À titre de comparaison, le napalm utilisé par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam atteint, lui, plutôt les 1 000 °C.

Cette température permet à la thermite de faire fondre tout type de métal, et de transpercer des véhicules blindés ou des bunkers. En outre, rien ne peut éteindre le feu généré par la réaction chimique. La substance peut même continuer à brûler sous l’eau.

Découverte en 1893, la thermite est le plus souvent utilisée pour souder ou faire fondre de l’acier. Elle a déjà largement été utilisée en temps de guerre, y compris durant la Première et la Seconde Guerre mondiale.

En revanche, l’utilisation de la thermite par drone s’avère inédite, a noté sur CNN Nicholas Drummond, analyste de l’industrie de la défense spécialisé dans la guerre terrestre et ancien officier de l’armée britannique. Il estime toutefois que l’objectif de son déploiement sur la ligne de front est de causer des dégâts psychologiques, afin de faire peur aux forces russes déployées en Ukraine.

Des blessures extrêmement douloureuses

Toutefois, les conséquences sur le corps humain sont dévastatrices. Selon Human Rights Watch (HRW), les armes incendiaires, telles que les munitions à thermite, causent des blessures « extrêmement douloureuses et cruelles, et difficiles à traiter ». Elles infligent « des brûlures atroces, qui pénètrent parfois jusqu’aux os, et peuvent causer des lésions respiratoires, des infections, des traumatismes et des défaillances organiques », détaille l’ONG dans un rapport publié en 2020.

En vertu du droit international, l’usage des armes incendiaires est réglementé et limité à l’attaque des seuls objectifs militaires situés à distance ou à l’extérieur d’une concentration de civils. Leur utilisation est donc interdite, à moins qu’il ne soit pas possible d’utiliser une arme moins nocive pour mettre une personne hors de combat – précisément en raison de blessures ou de dommages qu’elles peuvent infliger.