Carcassonne : interrogations autour du niveau du lac de la Cavayère

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  • Plusieurs riverains s’inquiètent qu’il n’y ait plus assez d’eau à la Cavayère pour autoriser la baignade.
    Plusieurs riverains s’inquiètent qu’il n’y ait plus assez d’eau à la Cavayère pour autoriser la baignade. Photo Claude Boyer
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Lionel Ormières

l'essentiel Plusieurs riverains du site, prisé notamment par les estivants, s’alarment de voir le niveau d’eau baisser et craignent que la baignade ne devienne interdite. Carcassonne Agglo explique devoir laisser un débit permanent, imposé par la loi, afin d’être en mesure d’assurer une "continuité écologique" en aval.

C’est un sujet qui fait parler dans la préfecture audoise, à quelques mois de l’été. Plusieurs riverains du lac de la Cavayère s’alarment en effet du niveau d’eau de ce dernier, constatant une baisse continue de celui-ci. Vivant à proximité, ils s’estiment bien placés pour observer quasiment au quotidien l’évolution de la situation. Mais le constat est général, assurent-ils. "Les gens ne sont pas bêtes, s’exclame l’un d’eux. Certains viennent marcher ici tous les jours, ils voient bien que ça baisse. Je trouve ça franchement inquiétant".

Préoccupés, ils auraient fait la mesure, au regard de la progression de la partie "plage" autrefois occupée par l’eau. "Depuis septembre 2023, nous avons perdu 1m10", indique-t-on. Pas de quoi, certes, mettre en péril le fonctionnement des structures implantées sur et aux abords du lac, ni la population piscicole du site, précise la Fédération départementale de pêche (lire par ailleurs). En revanche, ces Carcassonnais attachés à ce lieu s’inquiètent du devenir d’une autre activité emblématique de la Cavayère : la baignade.

"Avec le recul de l’eau, il va rester 5 à 10 m où l’on a pied, explique un riverain. Au-delà, on tombe carrément à pic. Les maîtres nageurs risquent d’avoir beaucoup de mal à délimiter des zones de baignade". D’où l’hypothèse que le lieu soit purement et simplement fermé aux plaisanciers, contraints de recourir aux entreprises de loisir présentes sur place pour pouvoir profiter de l’eau. "On fait de la communication autour de la Cavayère comme argument touristique, avec cet accès gratuit à une plage parfaitement complémentaire à la cité médiévale, mais tout cela s’effondre si le niveau du lac est trop bas". Et un autre interlocuteur d’évoquer un lieu "primordial pour l’économie carcassonnaise".

Mais pourquoi le lac se vide-t-il ? On pense bien sûr au changement climatique, à la sécheresse, à la chaleur. Les riverains, pour leur part, pointent une vanne située en aval. "Auparavant, elle était activée manuellement, indiquent-ils. Or depuis les travaux effectués sur le barrage il y a deux ans, elle est automatisée et reste ouverte en permanence". Objectif de ce délestage : permettre l’irrigation du Bazalac, ruisseau courant jusqu’à Trèbes, pour assurer une "continuité écologique" et maintenir la santé du milieu en aval. Vice-président de Carcassonne Agglo en charge de la transition écologique et de la préservation des ressources naturelles, Roland Combettes précise qu’il s’agit d’un dispositif réglementaire, auquel la collectivité ne peut déroger.

"Ce débit minimum permet de garantir la vie du cours d’eau, confirme-t-il. Mais vu les conditions climatiques, les choses ont du mal à s’équilibrer…" Concrètement, en effet, le lac de la Cavayère n’est plus alimenté en amont. "Fin de semaine dernière, le gros orage a permis des ruissellements bénéfiques, note ce riverain. En revanche, les pluies éparses ne servent à rien". Il n’empêche : le débit minimum ne peut être discuté. "Lorsque la vanne était manuelle, il était insuffisant", précise Roland Combettes, concédant qu’il est "toujours difficile de concilier ce que l’on nous demande écologiquement avec les autres activités d’un site".

Se pose aussi la question de l’efficacité réelle de ce lâcher d’eau en continu. Plusieurs habitants du secteur racontent avoir longé le Bazalac en aval, soulignant qu’en dépit de la contribution du lac, "il n’y a plus d’eau au bout de 300 mètres". Gaspillage ? La Fédération départementale de pêche s’inscrit en faux. "Les données de 2021 montrent que l’on retrouve dans ce cours d’eau des espèces protégées à l’échelle internationale, telles que la Vandoise et la Sofie", détaille Thibault Izard, chargé de mission à la Fédération. "Ce débit, qui doit être maintenu à tout moment, permet de maintenir la vie piscicole. On ne laisse pas partir de l’eau pour le plaisir : il faut tout mettre dans la balance".

Le spécialiste ajoute que le débit en question s’avère "vraiment infime", comparé aux "dizaines de milliers de m3 qui s’évaporent et qu’on ne voit pas". Reste la nécessité, aussi, de préserver l’existant : un "compromis d’eau réservé" pourrait faire office de solution acceptable par tous. Et garantir la pérennisation de ce "joyau" naturel de Carcassonne.

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