Espace : "Le télescope James-Webb autorise un débat sur la vie en dehors du système solaire"
Le télescope James-Webb, le plus grand jamais envoyé dans l’espace, offre une vision unique de l’univers et permet de remonter le temps jusqu’à la formation des premières galaxies. Cette mission unique se découvre sur grand écran, en IMAX, à la Cité de l’espace. L’occasion de plonger au cœur d’une aventure à laquelle participent des chercheurs toulousains.
Dès septembre 2022, une équipe de recherche, menée par l’astrophysicien Olivier Berné à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP) a travaillé sur les premières images envoyées par le télescope spatial James-Webb (JWST). Ses travaux ont notamment permis d’identifier une molécule jamais détectée dans l’espace au sein de la nébuleuse d’Orion. La diffusion du film "Deep sky", en IMAX à la Cité de l’espace, permet de retracer et de partager avec le grand public l’aventure extraordinaire de cette mission.
L’aventure James-Webb, vous la connaissez par cœur et vous y participez encore. Qu’avez-vous ressenti en voyant le film "Deep sky" à la Cité de l’espace ?
J’ai beaucoup aimé voir "Deep sky", notamment pour toute la partie de retransmission du décollage de la fusée Ariane 5. C’est comme si on y était… Avec une empreinte carbone moindre ! Je n’étais pas à Kourou pour le lancement, je l’ai suivi devant ma télé, j’étais stressé, figé, je n’ai pas profité du moment, ma carrière de chercheur était engagée, ce projet était un vrai pari. Là, grâce au film, on peut vivre le décollage à fond. Je suis très content qu’il y ait ce support immersif pour raconter cette mission, il permet de se rendre compte de la chance que nous avons.
Ressentez-vous le besoin de partager vos travaux avec le public ?
Les conférences, les films, sont des moments qui permettent aux chercheurs de prendre du recul, de sortir la tête du guidon. Partager avec le public la dimension philosophique et esthétique de la mission James-Webb, ça donne du sens à notre travail. Nos recherches éclairent, émerveillent et poussent à s’interroger sur soi-même, sur nos origines et notre destination.
Et puis il y a la magie des images fournies par ce télescope…
Oui et il n’y a même pas besoin de mettre de la 3D, surtout sur un écran de 400 m2 ! C’est bien que la NASA ait choisi de faire ce film en 2D, la 3D aurait trahi le message en ajoutant des informations que nous n’avons pas car, les images diffusées ne sont pas la perception que nous avons avec nos yeux, il y a toujours une transcription, un traitement suivant un code couleur.
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Où en sont vos recherches ?
Notre équipe a été la première à utiliser le télescope James-Webb, ça nous a propulsés sur le plan scientifique et sur la maîtrise de l’instrument. Grâce à un nouvel appel à participations, nous aurons accès, en février 2025, à une dizaine d’heures d’observation supplémentaires. Le télescope James-Webb visera la nébuleuse d’Orion, notre terrain privilégié, pour étudier une cinquantaine de systèmes planétaires en formation (composition, température, densité, masse, évaporation de gaz, absorption de matière). Et, actuellement, nous sommes auditionnés pour décrocher un financement de 10 millions d’euros du Conseil européen de la recherche (ERC). Notre projet, mené avec les observatoires de Paris et Madrid, est de reproduire, en laboratoire, les conditions de rayonnement des étoiles. Nous avons besoin de comprendre tellement de choses encore !
Le but est-il de trouver de la vie ailleurs que sur Terre ?
Il y a de la vie ailleurs, on la trouvera un jour mais on ne s’en apercevra pas… Mon intuition c’est qu’on est trop anthropocentré en cherchant une forme de vie comme sur Terre, c’est un manque d’imagination ou d’ouverture. Avec le télescope James-Webb nous avons eu beaucoup de surprises dans nos découvertes, il a ouvert cette fenêtre de l’imaginaire. Pour la première fois, les données recueillies autorisent un débat sur l’existence de la vie en dehors du système solaire.
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