"On n’a pas prévu d’enlever les tableaux, loin de là…" À Rodez, on dénonce "un acharnement" contre l’abbé Pierre

Publié le , mis à jour
Mathieu Roualdès

l'essentiel La directrice du centre Emmaüs de Rodez, qui accueille 35 compagnons, dit trouver "très gros" les accusations concernant le fondateur de la communauté, l’abbé Pierre. Et ne compte pas effacer l‘image de ce dernier, comme cela a pu être le cas ailleurs…

Certaines communautés ont déjà enlevé les statues, les fresques et tout ce qui touche de près ou de loin à l’abbé Pierre. À Rodez, ce n’est pas le cas. Dans les bureaux de la direction d’Emmaüs, rue Geneviève de Grandmaison, sont toujours accrochés un tableau représentant plusieurs scènes de la vie du prêtre et un autre sur lequel il est caricaturé. Entre les deux, un panneau indique "Ici, on s’aime"…

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Et ici, on aime toujours l’auteur de l’appel du 1er février 1954, malgré les dernières révélations d’agressions sexuelles et de viols. "On n’a pas prévu d’enlever les tableaux, loin de là", dit d’ailleurs sans détour la directrice, Véronique Magnaux. Dans un premier temps, celle-ci n’a pas souhaité s’exprimer sur l’actualité. "J’espérais que vous m’oublieriez. C’est épuisant en ce moment", nous a-t-elle confié, avant finalement d’ouvrir ses portes. Avec prudence.

"Grotesque !"

Entourée du président aveyronnais de l’association, Albert Fournier, du secrétaire-comptable aussi, Mustapha Zinini, elle avoue "avoir été choquée" à la révélation des premiers faits, il y a plusieurs semaines. D’une même voix, le trio dit vouloir "que l’acharnement médiatique s’arrête".

"On pense aux victimes, on a toujours défendu les femmes ici, mais où est la présomption d’innocence dans cette histoire ? Elle est bafouée et jusqu’à preuve du contraire, il reste innocent ! Franchement, ça devient grotesque et c’est un peu gros d’entendre tous les jours de nouvelles personnes qui dénoncent des faits…", réagissent encore les dirigeants, qui accueillent actuellement 35 compagnons entre Rodez et Villefranche-de-Rouergue. "Eux aussi trouvent ça très gros", dit Véronique Magnaux, récemment décorée de la médaille de la Ville.

Altercation verbale après un texte polémique

Et si elle assure que l’affaire de l’abbé Pierre n’a eu localement "aucune répercussion", notamment au niveau des dons, la position de la directrice lui a néanmoins valu une vive altercation récemment. C’était lors d’une grande vente et après les premières accusations. Sur les murs des entrepôts de la communauté, la communauté ruthénoise avait affiché une lettre retraçant les actions du prêtre, mais aussi "les controverses", comme écrit.

En guise de conclusion, on pouvait aussi lire : "À qui profite ce scandale après tant d’années ? Nous devons nous demander si ces accusations ne sont pas utilisées comme une diversion pour cacher les scandales actuels plus graves […] Bien que controversé, donneur de leçons et donc incapable de garder sa réserve politique, l’abbé Pierre ne mérite-t-il pas d’être défendu ? […] Il a laissé un héritage immense dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, et il est de notre devoir de nous concentrer sur ses contributions positives à la société tout en recherchant la vérité avec intégrité et respect".

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Le hic, c’est que cette lettre ouverte, teintée pour certains de complotisme, est signée de la main de Pierre d’Herbais, ancien proche d’Éric Zemmour, adhérent à "Reconquête !" et habitué de textes polémiques sur les réseaux sociaux. De quoi susciter la vive réaction d’une dame lors de cette grande vente et sa colère envers la directrice des lieux.

"Elle s’est vivement agacée oui, mais on n’avait même pas vu de qui ce message était signé et ça n’enlève rien à la justesse du texte. D’ailleurs, personne n’a bougé pour soutenir cette dame ce jour-là. En Aveyron, il y a une solidarité derrière notre action", répond Véronique Magnaux. Elle a depuis retiré les textes des murs. Le visage de l’Abbé Pierre, lui, s’affiche toujours dans les bureaux comme sur les véhicules de la communauté Emmaüs à Rodez. Et cela ne devrait pas changer de sitôt… "Si tous les gens qui ont fait de superbes actions étaient des Saints, ça se saurait ! Et comment on fait nous maintenant ? On jette tous nos compagnons à la rue ?", s’agace le président.

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Les commentaires (22)
Yacinto Il y a 15 heures Le 19/09/2024 à 14:50

i faut reboursé les dons

Artur Rainbow Il y a 16 heures Le 19/09/2024 à 13:30

On commence à nous gonfler avec ces attaques contre l'Église sous prétexte que l'abbé Pierre portait une soutane. Il portait également un béret, ce n'est pas pour ça qu'on met en cause les associations de Basques et de Béarnais....Par contre , je suis un peu écoeuré de voir que l'organisation qu'il a fondée et à laquelle il était bien plus lié qu'à son sacerdoce, fait semblant d'avoir ignoré ses turpitudes et fait , à l'exception du centre de Rodez et quelques autres, preuve d'un zèle hypocrite en s'empressant de déboulonner son fondateur et bienfaiteur, suivie en celà par bien d'autres Tartuffes.

Scythe Il y a 16 heures Le 19/09/2024 à 13:45

Et oui votre religion n'est pas mieux que les autres si ce n'est pire ... J'ose espérer que vous n'avez pas de compagne ni de fille à livrer à ces prédateurs ....

lecteurdu46 Il y a 17 heures Le 19/09/2024 à 12:50

Ces braves gens devraient ouvrir leurs yeux et oui l'abbé Pierre ne fut pas un saint....