Aude : quand l’extrême droite perd ses nerfs sur une exposition jugée "trop woke" dans un collège
Dans un article publié le 6 septembre, le site de "droite conservatrice" Boulevard Voltaire dépeint une rentrée scolaire "woke" au collège de l’Alaric, à Capendu, dans l’Aude, où est installée une exposition photographique financée notamment par le Département, et destinée à lutter contre les discriminations. Plusieurs élus montent au créneau en dénonçant "une tentative de déstabilisation portée aux valeurs républicaines".
"La tolérance n’a jamais excité de guerre civile, l’intolérance a couvert la terre de carnage." Quelle ironie de lire cette phrase écrite par Voltaire dans un contexte où le média qui se décrit "ouvert à toutes les sensibilités de la droite conservatrice" portant son nom – Boulevard Voltaire – dénonce une rentrée scolaire "woke" au collège de l’Alaric, à Capendu. La raison : une exposition photographique, dans le cadre d’un projet pédagogique sur les discriminations, installée depuis 2021.
Retour en arrière. Le 6 septembre 2024, le site d’actualités publie un article intitulé : "Rentrée sous propagande woke : la résistance s’organise !" La journaliste qui a écrit l’article, Sabine de Villerocher, ancienne avocate du barreau de Paris et candidate aux législatives du Front national en 2007 et 2012, recueille le témoignage d’un parent d’élève interloqué, lors de sa visite des locaux, par cette exposition. Sur l’un des clichés, on y voit un garçon habillé d’une robe en face d’un autre, au-dessus il est écrit : "Elle est ‘il’; il se sent ‘elle’". Sur une autre, deux jeunes filles se tenant la main dans des robes de mariées posent sur la photo, elles questionnent : "On s’aime et alors ?" De quoi irriter fortement une frange de la droite radicale mais aussi l’association "Parents vigilants" lancée par le parti identitaire d’Eric Zemmour, Reconquête !.
Les syndicats enseignants avaient d’ailleurs alerté sur ce réseau ayant pour but "de dénoncer à l’école ce qu’ils appellent l’idéologie ‘woke’et la ‘menace islamiste’".
Mais revenons au collège de l’Alaric. "Parents vigilants" aurait été informé par ce parent d’élève. Sur les réseaux sociaux, la coordinatrice nationale de l’association, Séverine Duminy, s’insurge contre ce projet : "Imaginez les élèves de 11 ans à peine qui quittent l’école primaire et découvrent cet environnement". Elle aurait souhaité informer le rectorat au sujet de cette exposition. À noter que Séverine Duminy avait été investie aux élections législatives anticipées dans la 21e circonscription du Nord par le parti du polémiste d’extrême droite. Elle avait recueilli 1,19 % des suffrages.
Levée de boucliers des maires
Le comité du syndicat intercommunal de gestion du collège de l’Alaric, qui rassemble les maires des communes environnantes, s’est dit profondément choqué par cet article "à vomir". Dans un courrier, celui-ci a souhaité répondre à "Parents vigilants" en évoquant "ces réactions extrémistes et rétrogrades qui constituent une fois de plus une tentative de déstabilisation portée aux valeurs républicaines". Et d’ajouter "que les affiches sont le fruit d’un projet photographique qui a reçu le prix de l’éducation citoyenne remis par l’association de l’Ordre national du mérite […] L’école doit transmettre les valeurs républicaines, la laïcité, la citoyenneté, la culture de l’engagement et forger dans l’esprit de nos jeunes la lutte contre toutes les formes de discrimination".
En outre, ce projet éducatif a été financé par le conseil départemental de l’Aude, le syndicat intercommunal de gestion du collège, Carcassonne Agglo et la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac). De son côté, la direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) n’a pas souhaité commenter, estimant qu’il n’y a pas de sujet sur cette exposition.
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